En Guyane, un an après les accords signés par le gouvernement, les mesures d'urgence pour les écoles se font attendre
Un an après les accords de Guyane qui ont mis fin au long conflit qui a secoué le territoire, la population espère voir se concrétiser les trente mesures d'urgence, notamment dans le secteur de l'éducation. Mais ces moyens seront-ils suffisants ?
Il y a un an, plus d'un milliard d'euros ont été promis en urgence à la Guyane, pour sortir du conflit social. La population espère aujourd'hui voir se concrétiser les 30 mesures d'urgence dans la sécurité, le pouvoir d'achat, la santé, et l'éducation. Une enveloppe de 250millions d’euros sur cinq ans doivent être attribués à la collectivité territoriale de Guyane pour la construction de collèges et lycées et 150 millions sur dix ans pour les communes en faveur de la construction des écoles.
Pour faire face au boom démographique que connaît la Guyane, il a fallu parfois parer au plus pressé, comme ces préfabriqués recouverts de dessins d’enfants qui font office d’école dans le quartier Zéphir. Alexandre Dechavanne, instituteur et secrétaire départemental du SNES FSU craint que le provisoire ne devienne permanent : "Cette école n’a plus rien de provisoire car on a déjà installé des charpentes métalliques, des toits, des évacuations d’eau fluviale. On a aussi fait des coursives en béton." D'après lui, "vu les besoins de scolarisation, lorsque l’autre école sera complètement réhabilitée, les élèves iront dans cette école, qui en accueillera certainement d’autres."
Besoin de plus d'assistants en Français
Pour le ministère de l’Outre-Mer aujourd’hui, 80% des mesures du plan d’urgence signé l’an dernier avance en particulier dans l’éducation avec la construction de deux collèges notamment à Saint-Laurent-du-Maroni, mais le syndicat est vigilant sur le doublement des postes promis pour les assistants en langue maternelle, qui aident les enfants a apprendre le français. Des postes essentiels pour Sarah Ibion professeur d’histoire géographie en collège.
L’un des problèmes essentiels de l’échec scolaire dans l’Académie, c’est la maîtrise du Français
Sarah Ibion, professeur en collègefranceinfo
Elle admet qu'il y a "des inégalités" selon les zones du territoire, mais ajoute qu'au collège de Saint Georges, à la frontière brésilienne, les élèves ne pratiquent pas énormément : "On nous dit que les élèves ne pratiquent que dans la salle de classe, pendant l’heure de cours, le Français. Sinon, c’est le Portugais qu’ils parlent, dans la cour, chez eux, de manière générale."
La violence est aussi un gros problème dans les établissements, comme raconte Arnissia, élève de sixième au collège de Remire-Montjoly, près de Cayenne : "On entend des bagarres, on voit des gens qui se frappent. Il n’y a pas eu de changements depuis les manifestations."
Des demandes de postes... en vain
Pour s’occuper des 56 % d’enfants défavorisés en 6e, 34 assistantes sociales interviennent dans les collèges de Guyane. Mais selon Anne-Laure Fleury du syndicat des assistantes sociales de la fonction publique, il va être difficile d’intervenir en plus dans les 165 écoles primaires du territoire : "Actuellement, nous intervenons sur toute la Guyane, avec des assistantes sociales qui se déplacent en voiture pour le littoral, mais qui prennent aussi l’avion et la pirogue pour pouvoir rencontrer les élèves."
Nous avons fait comme chaque année des demandes de moyens supplémentaires, et nous avons obtenu zéro poste
Anne-Laure Fleuryfranceinfo
Pour les professionnels, le plan d’urgence va permettre de rattraper le retard accumulé par la Guyane depuis des années, mais ils craignent que le temps qu’il se mette en place, la situation ne redevienne encore plus difficile a gérer.
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