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Crise agricole : des barrages à Marciac, en plein festival de jazz

Blocages, barrages filtrants, contrôles : les éleveurs mènent de nouvelles actions ce mardi en France. Le plan annoncé par le gouvernement et le soutien réitéré de François Hollande n'ont pas suffi à calmer leur colère.
Article rédigé par franceinfo
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  (Les éleveurs multiplient les actions ces dernières semaines, notamment dans l'Est  © MAXPPP)

Quelques centaines d'agriculteurs en colère ont dressé mardi des barrages filtrants aux entrées du village gersois de Marciac, hôte depuis lundi du plus important festival de jazz de France.

A l'entrée sud, en provenance de Tarbes, un agriculteur a distribué des tracts où était inscrit "WANTED" au-dessus d'une photo du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, qui avait été annoncé dans le village mardi mais qui finalement ne devait pas venir.

Les agriculteurs ont également "contrôlé l'ensemble des restaurants de la ville ",  annonce le président de la FDSEA du Gers Bernard Malabirade. "On a trouvé de la viande de toutes provenances. On a mis une affichette devant certains restaurants, "viande de nulle part" ou "viande d'ici" si elle était française ", a-t-il précisé.

Selon les éleveurs du Gers, 350 d'entre eux se sont mobilisés mardi pour cette action lors du festival de jazz, qui doit s'achever le 16 août. Les gendarmes divisent ce chiffre par deux.

Lorraine : des blocages sur l'autoroute A31, le barrage de l'autoroute A4 levé 

Mais en attendant, les éleveurs mènent déjà de nouvelles actions. Ils protestent notamment contre les prix auxquels ils vendent leurs produits et des conditions de marché défavorables.  "Nous allons contrôler tous les camions frigorifiques, pour repérer la viande d'importation " annonce la FDSEA. 

En Lorraine, l'A31 reliant Metz au Luxembourg s'est retrouvée paralysée. Plusieurs centaines d'éleveurs ont installés leurs tracteurs à proximité de l'échangeur où cette autoroute croise l'A4 Paris-Metz-Strasbourg. 

 Des contrôles de camions frigorifiques 

Les agriculteurs ont levé un autre barrage filtrant, installé à Phalsbourg (Moselle), à une centaine de kilomètres plus à l'Est, où se rejoignent la N4 (axe Nancy-Strasbourg) et l'A4 (axe Metz-Strasbourg).

Les manifestants contrôlent les camions frigorifiques pour intercepter les produits étrangers et attirer l'attention des pouvoirs publics sur ce qui constitue selon eux des "distorsions de concurrence " entre la France et les autres pays européens. Les marchandises les plus représentatives de cette situation seront amenées dans l'après-midi aux autorités préfectorales, annonce la FDSEA.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, quelque 200 éleveurs ont procédé mardi matin à des "inspections" d'abattoirs et de grossistes en divers points du département, et d'une société de transformation (Pedavia) à Saint-Palais. Dans cette dernière, "on a trouvé des choses plus que choquantes. Des bêtes nées en Autriche, élevées en Allemagne et abattues en Pologne. 90% des bêtes passent par des pays étrangers, que ce soit du porc, du mouton ou de la vache ", assure Jean-Marc Couturejuzon, président des Jeunes Agriculteurs 64, coorganisateurs des actions avec la FDSEA 64.

En Haute-Normandie, les Jeunes Agriculteurs et les FDSEA promettent aussi de nouvelles actions pour sensibiliser à leurs problèmes de trésorerie : 

La "Lettre aux Paysans" de Xavier Beulin

De son côté, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, adresse ce mardi une "Lettre aux Paysans". Le patron du syndicat des exploitants agricoles redit son soutien aux éleveurs : "cette colère, je la vis et je la partage (...) nous allons rebondir en nous battant ". Il s'en prend à "certains politiques qui cherchent des boucs émissaires et sur les réseaux sociaux, certains libèrent leur haine sans réfléchir ".

A la tête de la FNSEA depuis quatre ans, Xavier Beulin est contesté par une partie de sa base. Jeudi dernier, il a été accueilli sur un barrage à Lyon par des jets de bouteilles de lait.  

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