Crédit revolving : faire le plein de clients avant la loi
Plusieurs fois retardé, le projet de loi "crédit consommation" devrait arriver d'ici fin février ou fin mars au plus tard. Ce texte contraignant va obliger les organismes de crédit à mieux informer les emprunteurs. Ils devront faire remplir aux clients des documents standardisés. Et surtout apposer une mention obligatoire – "un crédit vous engage et doit être remboursé" – sur les publicités des crédits revolving ou permanents, ces crédits aux taux souvent élevés, et dont la réserve se renouvelle au fur et à mesure des remboursements.
Mais en attendant, il y a encore peu de contraintes. Et donc, les publicités continuent de se multiplier comme des petits pains, avec des promesses toujours plus alléchantes : "choisissez la somme dont vous avez besoin, elle deviendra disponible", ou encore, "une réponse à votre demande de crédit en 10 minutes".
"Engranger un maximum de contrats"
"Les établissements de crédit profitent de cette période de vide juridique, avant le projet de loi qui viendra les encadrer, pour engranger un maximum de contrats, pour trouver un maximum de nouveaux clients", explique Nicole Perez, administratrice nationale de l'association de consommateurs UFC-Que choisir. Selon elle, "tous les prétextes sont bons pour faire croire à des réserves de crédit faciles : les fêtes, les soldes ou dernièrement les vacances d'hiver".
Avec une baisse historique de leur activité de 13%, 2009 a été une année noire pour les organismes de crédit. Dans ce contexte, ils doivent se démener pour tenter de se redresser.
"Personnellement, je déconseille plus que jamais à toute personne de s'engager sur ce terrain des crédits revolving en cette période de crise", confie Jean, 70 ans. Ce retraité se dit "victime de l'engrenage, de la calamité des crédits revolving (…) Je reçois sur mon mail, dans ma boite à lettres, en permanence, des sollicitations alléchantes. Pour une personne qui n'arrive pas à joindre les deux bouts comme moi, c'est tentant. Mais pour avoir succombé dans le passé plusieurs fois, je peux vous dire que c'est un enfer, on n'arrive jamais vraiment à rembourser ces crédits renouvelables", déplore le retraité.
En effet, près de 90% des 180.000 ménages surendettés en France avaient contracté au moins un crédit revolving.
Mais ces marchands d’argent facile refusent qu'on les accuse de tous les maux, et notamment de publicités mensongères ou agressives. "Dans le domaine du crédit aux particuliers et même du crédit renouvelable, les communications, les publicités d’aujourd'hui n'ont absolument plus rien à voir avec ce qu'on voyait il y a quelques années. Depuis 2004, nous avons tout misé sur le crédit responsable. D'ailleurs nous répétons que nous n'accordons pas des crédits à n'importe qui et que régulièrement nous en refusons", se défend Pascal Roussarie, l'un de responsables de Cétélem. Même discours chez Cofidis, où les responsables se vantent même d'avoir anticipé le projet de loi "crédit consommation", en apposant sans attendre, la mention légale d'avertissement sur certaines pubs.
Mathilde Lemaire
_ édité par Gilles Halais
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