Coups de projecteurs sur la première puissance économique d'Afrique à l'occasion de la Coupe du Monde de football
L"économie sud-africaine est mal connue en France, hormis quelques clichés sur la richesse de son sous-sol (or). Les chiffres montrent pourtant un pays en croissance, doté de solides infrastructures.
Moins de 20 ans après la fin officielle de l"apartheid, le pays doit faire encore face à de nombreuses inégalités et souffre de l"importance du sida.
De l"avis du FMI, l"Afrique du Sud a bien survécu à la crise financière, grâce à un ensemble de mesures pragmatiques de stabilisation conjoncturelle qui ont permis au pays de résister à sa première récession en 20 ans. "Certes - ce n"est guère surprenant -, le taux de croissance est tombé en 2009 en-dessous du taux moyen de 4,2 % enregistré sur la période 2000-2008. Mais le pire semble être passé et nous prévoyons une croissance relativement robuste de 2,5 % en 2010", expliquait récemment Dominique Strauss-Kahn au nom du FMI. Mais, sur ce fond positif, le FMI pointe quatre enjeux majeurs pour l'avenir du pays: l'emploi (le FMI plaide pour un marché du travail plus "souple"), les inégalités (selon DSK, la République sud-africaine est le pays le plus inégalitaire au monde) et la politique concurrentielle (jamais assez forte pour le FMI).
Les richesses de l"Afrique du Sud
Si l"exportation de métaux précieux représente 25,2 % des exportations sud-africaines, il serait faux de penser que l"Afrique du Sud ne vit que de l"exploitation de son sous-sol qui contribue cependant de façon notable à son commerce extérieur (outre l'or et autres métaux précieux, le pays est riche en charbon, 80% du platine mondial.). Deux des plus grandes sociétés minières du monde sont originaires d"Afrique du Sud. BHP Billiton, la plus grosse société minière du monde, est issue de la fusion entre la société sud-africaine Billiton et la société australienne BHP.
Si l"Afrique du Sud est la première économie d"Afrique (près de 40 % du PIB de l"Afrique sub-saharienne) et le pays le plus développé du continent, cela tient notamment à la richesse de ses infrastructures et de ses services. En raison des difficultés politiques liées à l"Apartheid et aux sanctions internationales, le pays a longtemps connu une croissance très irrégulière, particulièrement dans les années 1980. Son économie s"est développée principalement autour de l"exploitation de ressources naturelles abondantes (diamants, or, platine, autres métaux, charbon), avec l'émergence d'un puissant secteur de services, notamment financiers, la bourse de Johannesburg étant la première du continent.
En revanche, depuis 1994 et la fin de l'apartheid, le pays a affiché une croissance régulière d'environ 5% en moyenne. La gestion de l"héritage de l"apartheid reste cependant un dossier délicat, avec les problèmes liés aux inégalités sociales et au niveau de qualification de la population. La politique de discrimination positive choisie par le pouvoir (notamment le Broad Based Black Economic Empowerment) connaît des difficultés d"application (ascension de cadres noirs, cession de capitaux aux Noirs, rétrocession très limitée des terres qui appartiennent à 80% à des blancs, départs de cadres à l"étranger…). Malgré cet aspect volontariste, la législation sud-africaine est relativement libérale et est considérée par les observateurs comme assez largement favorable aux affaires.
Le chômage reste massif (officiellement de 25,2 % en mars 2010). Son aggravation avec la crise économique accroît les attentes de la population en termes de redistribution et de politiques sociales, créant des tensions qui peuvent se révéler dangereuses à terme.
Par ailleurs, les questions de santé sont cruciales dans un pays qui connaît un taux de prévalence du VIH de 18,1 % en 2007.
Sur le plan des infrastructures, les autorités ont pris la mesure de l'insuffisance des
investissements réalisés depuis la fin de l"Apartheid. Plusieurs programmes publics de
grande ampleur ont été lancés dans les transports (autoroutes, trains, aéroports, avec la
perspective de la Coupe du Monde de football en 2010) et dans la production d'électricité. Face à la crise, le gouvernement a mené une politique de relance qui n"a pas affecté la monnaie nationale (Le Rand) malgré un renforcement de la dette qui devrait atteindre 40% du PIB vers 2013.
L"agriculture contribue à 8 % du total des exportations du pays. Elle fait partie des cinq premiers exportateurs mondiaux d"avocats, de pamplemousses, de mandarines, de prunes, de poires et de produits dérivés des autruches. L'agriculture revêt un caractère très dualiste, un petit nombre de fermes commerciales étant gérées surtout par des Blancs alors qu'un grand nombre de fermes de subsistance sont exploitées par des Noirs.
La ventilation des échanges de l"Afrique du Sud a été bouleversée ces dernières
années, au profit de l"Asie qui supplante désormais l"Europe au rang de 1er
partenaire commercial. La Chine est devenue en 2009 le premier partenaire commercial de l"Afrique du Sud (et 1er client de l'Afrique du Sud), alors qu'elle n'était encore que
le 5ème client en 2008. Depuis 2009, la Chine est aussi devenue le 1er fournisseur du
pays (plus de 13 % de part de marché), détrônant l'Allemagne (près de 12 %) qui occupait ce rang jusqu"en 2008. (Voir aussi les graphiques du FMI)
Les échanges avec la France
La France n"occupe qu"une place limitée dans l"économie sud-africaine. Elle est le neuvième fournisseur et le seizième client de l"Afrique du Sud, selon les données officielles françaises.
Elle se situe au septième rang des pays investisseurs. Les exportations françaises poursuivent la décroissance constatée chaque année depuis le record de 2005. La France se classe au 9ème rang des fournisseurs du pays, 3ème parmi les fournisseurs européens après l'Allemagne - 1er fournisseur - et le Royaume Uni – 6ème fournisseur.
Les produits pharmaceutiques représentent le premier poste des exportations françaises vers ce pays, tandis que le charbon est le premier produit importé par la France de ce pays.
Historiquement, la construction de la centrale nucléaire de Koeberg est la première
réalisation d"envergure entreprise par la France en Afrique du Sud. Edifiée à une
cinquantaine de kilomètres au nord-ouest du Cap, la centrale de Koeberg a été réalisée par Framatome, associé à Alstom et à Spie Batignolles. Comprenant deux réacteurs de 920 MW mis en service en 1984 et 1985, sous le régime de l"Apartheid, cette centrale reste encore la seule centrale nucléaire du continent africain. Areva et EDF sont étroitement associés à la maintenance technique des installations.
De manière générale, les entreprises françaises sont particulièrement présentes dans le secteur de la production électrique, secteur majeur de l'économie du pays, à la suite de problèmes de production liés à la croissance de la consommation (en raison notamment du développement économique).
Le poids du Mondial
Le gouvernement sud-africain a dépensé 33 milliards de rands (3,5 mds d'euros, 4,3 mds de dollars aux taux de change actuels) depuis 2005 pour notamment:
- construire de nouvelles routes, ouvrir un train rapide, rénover ses aéroports (13 mds rands)
- construire cinq nouveaux stades, en rénover cinq autres (11,7 mds rands)
- préparer les points d'entrée dans le pays (3 mds rands)
- moderniser les systèmes de communication (1,5 md rands)
- recruter, former et équiper 44.000 agents de police supplémentaires (1,3 md rand)
Les neuf villes hôtes et les provinces ont également mis la main à la poche, mais aucun chiffre global n'est disponible. Le cabinet de conseil Grant Thornton estime qu'elles ont dépensé au moins 9 milliards de rands. La Fédération internationale de football (Fifa) a investi plus de 8 milliards de rands (1,08 md de dollars) pour la logistique de l'événement.
Les retombées attendues par le pays sont beaucoup plus aléatoires. Voici néanmoins quelques prévisions:
- Les étrangers (touristes, équipes, médias...) devraient dépenser au total 8,8 milliards de rands dans le pays, selon Grant Thornton. Environ 300.000 étrangers devraient faire le voyage jusqu'à la pointe sud du continent, 150.000 de moins que prévu initialement, a reconnu le ministère du Tourisme.
- Le Mondial devrait contribuer à hauteur d'un demi-point à la croissance de l'Afrique du Sud en 2010, selon le ministère des Finances.
- Au total, près de 700.000 emplois ont été créés selon Grant Thornton, un million selon le président Jacob Zuma.
Données statistiques
Population totale : 48,6 millions d"habitants
Taux de naissance : 22/1000. A titre de comparaison, le taux est de 47 pour 1000 en Afghanistan et de 13 en France. (Année 2008, source BM)
Espérance de vie à la naissance : 51 ans. A titre de comparaison : France 80 ans, Egypte 70 ans (année 2008, source BM)
Taux de mortalité infantile (pour 1.000 naissances vivantes) : 48. A titre de comparaison, ce taux est de 165 en Afghanistan et de 3,3 en France (année 2008, source BM)
Taux d"alphabétisation : 89% . A titre de comparaison : Côte d"Ivoire 54,6% (Année 2008, source BM)
Croissance du PIB : 3,1% (2008, BM), en revanche récession en 2009 (-1,8%)
PIB par habitant : 5678 dollars par habitant. A titre de comparaison le PIB par habitant de l"Algérie est de 4845 dollars/habitant. (année 2008, source BM)
Balance des paiements : -20 Mds de dollars (année 2008, source BM)
Taux de chômage: 23,1% (mais il pourrait en fait atteindre les 40%)
Consommation d"électricité par habitant : 4 986 Kwh par habitant (année 2007, source BM). A titre de comparaison, l"Algérie consomme 902 et l"Allemagne 7 184.
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