Banques : la menace du "credit crunch"
Le pôle sportif et éducatif de Saint-Gervais, en Haute-Savoie, ne verra pas le jour. Le maire, Jean-Marc Peillex, a dû le ranger dans les cartons, faute de financement. Ce complexe, comprenant une crèche, une école, un parking et une piscine, coûtait 17 millions d'euros hors taxes, et les banques ont refusé de prêter l'argent nécessaire : “jusqu'à l'an dernier, les banques se battaient pour prêter de l'argent aux collectivités locales. Aujourd'hui, le robinet est coupé”, regrette l'élu.
Collectivités locales, entreprises, particuliers, chacun redoute que la crise bancaire, provoquée par celle de la dette européenne, ne se traduise par un ralentissement, sinon un coup d'arrêt au crédit. Le terme consacré de credit crunch , effondrement du crédit, donne des sueurs froides à tous les acteurs de l'économie.
Les plus fragiles d'entre eux sont évidemment les plus angoissés. Les TPE et les PME, qui dépendent du crédit plus encore que les grandes entreprises, et n'ont pas la masse nécessaire pour négocier, sont les premières à voir le crédit s'assécher sous leurs pieds. Le phénomène s'était produit lors de la crise de 2008. Mais à l'époque, les Etats avaient une marge de manœuvre plus importante.
Investissements et embauches menacés
“Très clairement : on est inquiet”, confie Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME). Lors d'une rencontre mercredi dernier, un grand nombre de patrons lui ont avoué “qu'ils s'interrogeaient sur l'opportunité de reporter certains investissements et, dans certains cas, certaines embauches”.
Le début d'un effet domino potentiellement dévastateur pour l'économie, surtout dans un contexte où la puissance publique a les mains liées par une politique de rigueur. “si on a un 'credit crunch', on aura aussi à nouveau une récession, mais sans possibilité cette fois pour les Etats de mener des plans de relance. Le choc sera donc plus fort”, prédit l'économiste Nicolas Bouzou.
Pour éviter d'avoir à jouer les pompiers - ce qu'il n'est pas sûr de pouvoir faire - l'Etat tente donc de s'attaquer à l'infection à son début. La réunion débouchera sans doute sur des déclarations de bonnes intentions, voire de martiales résolutions. Mais cela suffira-t-il ? L'économie n'a pas l'habitude de se payer de mots.
Grégoire Lecalot, avec agences
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