Le bras de fer entre l'Etat français et Renault-Nissan en quatre actes
Le constructeur automobile est en conflit avec l'Etat depuis que ce dernier a accru sa participation au capital de Renault, en avril.
Les tensions entre l'Etat français et Renault-Nissan ne s'apaisent pas. Le PDG du constructeur français, Carlos Ghosn, a convoqué un conseil d'administration extraordinaire, rapporte Le Monde, mardi 3 novembre. Les administrateurs doivent y discuter de l'évolution de l'alliance entre Renault et Nissan, qui fait l'objet d'un conflit avec l'Etat depuis le printemps.
Francetv info revient en quatre actes sur le bras de fer entre l'Etat et le constructeur automobile.
L'Etat monte à près de 20% dans le capital de Renault
L'Etat a garanti son influence au sein du groupe automobile en rachetant 4,73% supplémentaires du capital de Renault, le 8 avril. La participation de l'actionnaire public au capital de l'entreprise est ainsi passée de 15,01% à 19,74%.
Avec cette opération, l'Etat s'est assuré d'avoir 23% des droits de vote nécessaires pour disposer de la minorité de blocage, note Le Monde. Il a ainsi pu contrer une résolution déposée par Carlos Ghosn, qui s'opposait au droit de vote double accordé par la loi Florange à tout actionnaire de plus de deux ans.
"Le principe des participations croisées [entre Renault et Nissan] repose sur un rapport de confiance à l’intérieur de l’alliance. L’introduction de droits de vote double va accentuer le déséquilibre entre Nissan, qui a zéro droit de vote, et l’Etat", avait alors estimé Philippe Lagayette, administrateur de Renault.
Nissan envisage de renégocier l'alliance
L'Etat avait à l'origine affirmé que cette montée au capital de Renault était "momentanée". Il n'a pourtant pas cédé les 4,8% de part qu'il avait promis de revendre après l'assemblée générale, mettant en cause la chute inattendue de l'action Renault après l'affaire Volkswagen.
Nissan a donc proposé "un rééquilibrage" de son alliance avec Renault, le 3 septembre dernier, rapporte le Monde. Le constructeur japonais, qui possède 15% du capital de la marque au losange, souhaiterait en effet augmenter sa part à 25%. En contrepartie, Renault passerait de 43,4% à 35% de parts au capital du constructeur japonais.
Nissan ne serait alors plus considéré comme une filiale de Renault et pourrait voter lors des assemblées du groupe français. Une façon de contrebalancer l'Etat français, qui peut largement peser sur les décisions du conseil d'administration grâce à son droit de vote double.
Emmanuel Macron rappelle à l'ordre le patron du groupe
Face à la menace de Nissan de rééquilibrer l'alliance pour parvenir à des participations croisées équivalentes, Emmanuel Macron a haussé le ton. "L'Etat n'est pas un actionnaire naïf, de seconde catégorie, a martelé le ministre de l'Economie dans un entretien avec les Echos. L'Etat est un investisseur de long terme, exigeant."
"Pourquoi revenir sur un accord-cadre qui définit parfaitement les relations de Renault et Nissan depuis 2002 ?", a poursuivi Emmanuel Macron, rappelant que l'Etat était propriétaire de 40% du capital de Renault au moment de la conclusion de l'alliance.
"Ceux qui proposent un rééquilibrage des pouvoirs avec un agenda caché prennent le risque d'abîmer l'alliance", a encore estimé le ministre de l'Economie. Et d'en profiter pour remettre Carlos Ghosn à sa place, un peu plus loin dans l'interview : "Il est PDG, pas actionnaire."
Le PDG de Renault-Nissan convoque un conseil d'administration extraordinaire
Carlos Ghosn a convoqué, mardi 3 novembre, une réunion extraordinaire pour informer les administrateurs de l'avancée des discussions entre les deux actionnaires principaux du groupe, l'Etat et Nissan. Le patron du groupe n'a toutefois pas précisé quand ce conseil doit avoir lieu, selon Le Monde.
La veille, Nissan s'était dit "inquiet" de la montée de l'Etat au sein du capital de Renault. "L’Etat français a désormais un poids plus important, du point de vue de Renault, c’est un problème important, et pour nous, Nissan, c’est un motif d’inquiétude", a déclaré le directeur de la compétitivité de Nissan lors de la conférence de présentation des résultats semestriels, lundi, rapporte Le Monde.
Si les négociations entre l'Etat et le groupe automobile ne mènent à aucune décision, le conseil d'administration de Renault a déjà prévu de se réunir à nouveau le 12 décembre prochain.
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