Suppression de postes chez PSA : pour la CGT, "ce gouvernement est au service des actionnaires"
Jean-Pierre Mercier est délégué syndical central CGT du groupe PSA Peugeot-Citroën. Il réagit sur franceinfo au plan de suppression de plus de 2 000 postes dans le groupe automobile.
Le groupe PSA compte supprimer 2 133 postes l'an prochain dans ses usines françaises, selon des documents internes que franceinfo s'est procuré. Un comité central d'entreprise extraordinaire se réunit lundi 17 octobre. Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central CGT du groupe PSA Peugeot-Citroën, a dénoncé sur franceinfo une situation "grave" et "intolérable".
Chez PSA, "des pressions de plus en plus grandes pour pousser les employés à la porte" (Jean-Pierre Mercier, CGT) https://t.co/rRIge1vS4V
— franceinfo (@franceinfo) 17 octobre 2016
franceinfo : Le groupe PSA compte supprimer 2 133 postes en 2017 dans ses usines françaises. Comment réagissez-vous, c'est la douche froide ?
Jean-Pierre Mercier : Douche froide, non. Quand vous connaissez la famille Peugeot, vous vous attendez toujours à des mauvais coups. On l'a appris, comme tous les membres du CCE, par des documents préparatoires qui ont été envoyés il y a quelques jours.
L'argument de PSA, c'est qu'il faut "prévenir avant de guérir". Quelle est votre analyse ?
Ce que je retiens surtout, ce sont les 2,4 milliards de bénéfices engrangés depuis ces 18 derniers mois. Des milliards qui sont sortis du travail de l'ensemble des salariés. On est de moins en moins nombreux à travailler dans ces usines. Pour nous, ces milliards doivent servir à maintenir l'emploi, c'est-à-dire à embaucher les intérimaires et les chômeurs en CDI dans les usines du groupe. Ce n'est plus possible de continuer à travailler aussi durement, aussi vite que ça. Les cadences ont explosé, l'exploitation s'est aggravée.
La direction explique que ce ne sont pas des licenciements secs. Quelles sont les conséquences réelles, selon vous ?
C'est grave. Ceux qui restent vont travailler encore plus durement. Les départs volontaires sont de moins en moins volontaires. On sent dans les ateliers, mais aussi dans les bureaux d'étude, que la pression est de plus en plus forte, pour pousser les salariés à la porte. C'est une explosion de la précarité, il y a de plus en plus d'intérimaires. Et pour nous, c'est intolérable.
Vous en appelez au gouvernement, qui, de son côté, estime que PSA va mieux. Quelle est votre réaction ?
Je suis révulsé, écœuré, choqué, révolté. Bien sûr que les constructeurs vont beaucoup mieux, les actionnaires de Renault et de Peugeot roulent sur l'or, les caisses sont pleines. Chez PSA, l'État est actionnaire à 14%, et Louis Gallois, son représentant au conseil d'administration, a donné son feu vert à ce nouveau plan de suppressions d'emplois. C'est un véritable scandale. Le gouvernement donne 200 millions au titre du CICE pour que Peugeot embauche, et ils vont encore supprimer 2 000 emplois. Aujourd'hui, ce gouvernement est au service des actionnaires, de la famille Peugeot, de Carlos Tavares, et pas du tout du côté des salariés. Ils sont prêts à verser des centaines de millions d'euros d'aides publiques, et continuent à laisser faire les licenciements, les suppressions d'emplois et l'aggravation de l'exploitation. C'est tout le contraire qu'il faudrait faire !
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