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Comment le bras de fer PSA-Gouvernement s'est dégonflé

Après avoir tenté la fermeté tout l'été face au plan de restructuration envisagé par le constructeur automobile, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, revoit sa position après la publication d'un rapport. 

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un salarié de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) le 4 septembre 2012. (GELEBART / 20 MINUTES / SIPA)

PSA - Le ministre du Redressement productif, qui voulait prouver l'efficacité de sa méthode de "la négociation franche", avait donné de la voix, tonné, tapé du poing sur la table. Estimé que, "en l'état", le gouvernement n'acceptait pas le plan de restructuration envisagé par PSA Peugeot Citröen. Et nommé un expert dont le rapport, rendu mardi 11 septembre, critique la méthode mais entérine le projet de suppression de postes. Retour sur trois mois de bras de fer entre le gouvernement et le constructeur. 

Acte 1 : l'indignation politique

Première secousse dès le 12 juillet. Juste avant son comité central d'entreprise prévu à Paris, PSA annonce par communiqué la suppression de 8 000 emplois en France. Le détail tombe le lendemain : fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) où seront supprimés les 3 000 postes existants, suppression de postes à Poissy, Mulhouse, Rennes ou encore Sochaux.  

Le gouvernement réagit immédiatement. Invité du JT de France 2, Arnaud Montebourg critique le plan et demande à PSA de "justifier" sa situation. Jean-Marc Ayrault et Pierre Moscovici lui emboîtent le pas. Philippe Varin, président du directoire du constructeur automobile, se retrouve obligé de promettre qu'il "n'y aura pas de licenciements secs". Le 14 juillet, c'est François Hollande lui-même qui monte au créneau et juge le plan "inacceptable".

Acte 2 : l'agitation générale 

Les salariés, sous le choc, revendiquent être "une bombe sociale et politique". A Rennes (Ille-et-Vilaine), les syndicats s'organisent, à Aulnay, c'est la colère qui domine. Le ton continue de monter entre les politiques et la direction du groupe. Le 24 juillet, Arnaud Montebourg, dont la méthode est jugée "abrupte", se fend d'une interview (article abonnés) dans Libération pour défendre son style, la "négociation franche". "Le gouvernement a choisi l'offensive", assure pour sa part Jean-Marc AyraultA droite, Jean-François Copé estime que "la cote d'alerte est dépassée" et annonce même que l'opposition sera aux côtés du gouvernement pour mettre en place les mesures nécessaires. 

A la sortie d'un entretien avec le Premier ministre, le 23 juillet, Philippe Varin, explique qu'il prendra des mesures "en tenant compte des demandes" du gouvernement. 

Deux jours plus tard, le gouvernement annonce un plan d'aide à la filière automobile. Bonus-malus écologiques, incitations au développement des véhicules "propres", 350 millions pour l'innovation et un clip tourné par des réalisateurs pour promouvoir le "Made in France". Pourquoi pas sur le long terme, mais "je ne suis pas certain que ces mesures aient un quelconque effet dans les trois prochaines années", assène un économiste interviewé fin juillet par FTVi

Acte 3 : la résignation

Alors que la rentrée était morose sur les différents sites PSA où les salariés reprennent le travail "pas motivés", la première inflexion vient directement de l'Elysée. Invité du journal de TF1 dimanche 9 septembre, François Hollande annonce que l'Etat "accompagnera" le mouvement de reconversion des salariés concernés par le plan social. "Il reste de nombreuses questions en suspens et nous entendons que ce plan soit rediscuté et limité au strict nécessaire", tente de reprendre Arnaud Montebourg, cité par Le Monde. Le même jour, le JDD faisait paraître des informations confirmant l'acceptation par le rapport d'expertise de la potentielle fermeture du site d'Aulnay.

Dans un dernier sursaut d'indignation, l'entourage du ministre du Redressement productif dément. Finalement, mardi 11 juillet, Arnaud Montebourg se range derrière le rapport Sartorius qui lui est rendu. L'expert fustige la méthode de PSA, mais juge la restructuration "inévitable". Pour autant, les mesures du plan de sauvegarde de l'emploi doivent être strictement limitées à ce qui est "nécessaire pour le redressement de l'entreprise", précise l'auteur du document, qui insiste sur l'importance du suivi des salariés concernés. 

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