Affaire Ghosn, holding aux Pays-Bas : la CGT dénonce "un mutisme total, à la fois de la direction générale, mais aussi de l'État"
Sur franceinfo, Fabien Gâche, délégué central CGT chez Renault, pointe "une absence totale de transparence quant à la réalité de la rémunération des dirigeants de l'entreprise" alors qu'une holding aux Pays-Bas aurait adressé à de hauts cadres de Renault des compléments de revenus allant de 80 à 130 000 euros pendant plusieurs années.
Alors que Carlos Ghosn, PDG de Renault et ex-patron de l'Alliance Renault-Nissan, est en garde à vue depuis plusieurs semaines, la CGT dénonce jeudi 27 décembre sur franceinfo le manque de transparence du constructeur, en particulier sur une holding aux Pays-Bas qui aurait adressé à de hauts cadres de Renault des compléments de revenus allant de 80 à 130 000 euros pendant plusieurs années. Sur franceinfo, Fabien Gâche, délégué central CGT chez Renault, a pointé "une absence totale de transparence quant à la réalité de la rémunération des dirigeants de l'entreprise et quant à son fonctionnement".
franceinfo: Que savez-vous de cette holding que Renault et Nissan ont créé aux Pays-Bas ?
Fabien Gâche : Justement le problème, c'est qu'on n'en connaît pas grand-chose. C'est une société qui a été créée en 2002 et qui avait pour fonction, normalement, de coordonner les activités à l'échelle mondiale des deux entreprises et qui dispose, par ailleurs, d'un poids important, puisqu'elle décide de la stratégie d'entreprise des implantations des différents organes de mécanique qui peuvent être fabriqués par les uns et les autres. Et pour autant, les organisations syndicales n'ont aucune information particulière sur la teneur des décisions, le détail, voire les oppositions qui pourraient être, de fait, entre Renault et Nissan. Et à ma connaissance, les administrateurs salariés n'ont aucune information particulière, au moins depuis 2012, quant au fonctionnement de cette entité.
Ces compléments de revenus n'apparaissent pas dans les comptes de Renault ?
Non seulement ils n'y apparaissent pas, mais ils n'ont jamais été évoqués au sein de l'entreprise. Alors... beaucoup d'interrogations, puisqu'on connaît déjà l'indécence de la rémunération de Carlos Ghosn, mais aussi l'indécence de la rémunération des autres dirigeants de l'entreprise. On imagine très bien que ce type de rémunération n'est pas non plus soumis à l'impôt en France de la part des dirigeants français et ça en rajoute sur l'incertitude du paiement de l'impôt de Carlos Ghosn en France puisque à notre connaissance, Bruno Le Maire [ministre de l'Economie] a refusé de répondre aux sollicitations des journalistes. [On lui] a écrit le 11 décembre pour avoir des éléments d'informations, notamment sur le fonctionnement de cette entité. Le moins que l'on puisse dire, c'est [qu'il y a] une absence totale de transparence quant à la réalité de la rémunération des dirigeants de l'entreprise et quant à son fonctionnement. Si j'en juge par ce que la presse peut évoquer, une grande partie des accusations à l'encontre de Carlos Ghosn sont liées à un fonctionnement pour le moins opaque de la nébuleuse de ce qu'on appelle la RNBV [la holding installée aux Pays-Bas].
Qu'attendez-vous de Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie ?
Depuis l'incarcération de Carlos Ghosn, les organisations syndicales n'ont eu aucune information. L'ensemble des éléments dont on dispose sont des éléments qui ont été diffusés par la presse. C'est un mutisme total, à la fois de la direction générale, mais aussi de l'État, ce qui nous surprend à plus d'un titre, parce que chacun sait que l'État est actionnaire de Renault. On a du mal à comprendre que l'État n'ait rien à dire sur la nébuleuse de RNBV. Ce qu'on attend de M. Le Maire et ce qu'on lui a proposé, c'est au moins qu'il puisse informer d'une part les organisations syndicales sur le niveau des informations dont dispose l'entreprise et l'État sur les accusations de Carlos Ghosn, qu'il nous fasse la clarté sur le fonctionnement de la RNBV, mais aussi sur les autres dirigeants membres du RNBV au sein du directoire composé de 10 personnes, quatre de chez Nissan, quatre de chez Renault, auquel on ajoute Carlos Ghosn. On imagine assez difficilement que ce que la presse peut dire sur les dysfonctionnements de cette entité-là ne soit pas connu des autres dirigeants de Renault. [On demande à ce] que toute la lumière soit faite sur l'ensemble de l'affaire.
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