Cet article date de plus de treize ans.

Alors que l'Europe continue à discuter de la gestion de la dette grecque, Moody's avance le mot de "défaut"

Les dirigeants européens mènent actuellement des négociations ardues pour tenter d'impliquer le secteur privé dans un nouveau plan d'assistance financière à Athènes.En clair, cela signifie que les créanciers privés pourraient être obligés de prêter à nouveau à Athènes.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Manif devant le parlement athénien (archives) (AFP/ARIS MESSINIS)

Les dirigeants européens mènent actuellement des négociations ardues pour tenter d'impliquer le secteur privé dans un nouveau plan d'assistance financière à Athènes.

En clair, cela signifie que les créanciers privés pourraient être obligés de prêter à nouveau à Athènes.

Les banques européennes ont indiqué n'avoir encore été approchées sur cette question. Ainsi, le PDG du Crédit agricole a affirmé: "Pour le moment, je n'ai pas été approché. C'est dans l'air du temps. Cela devrait venir", a-t-il précisé.

"On a du mal à imaginer, dans les circonstances actuelles, que cela se fasse volontairement", a déclaré un responsable de l'agence Moody's à des journalistes à Paris. "Il est plus probable que, de notre point de vue, cela soit considéré comme un événement de crédit." (c'est à dire un défaut de remboursement).

En effet, certains dirigeants européens, allemands notamment, sont favorables à une implication des créanciers privés dans la gestion de la dette grecque. Il pourrait s'agir d'obliger ces créanciers à reprêter à la Grèce en échange du remboursement de leurs actuelles créances. Ce système évitant de parler de restructuration, de rééchelonnement ou de défaut de la Grèce.

Mais l'agence de notation estime que cette opération ressemblerait beaucoup à un défaut. Le responsable de Moody's a expliqué qu'une telle option présenterait de notables différences avec "l'initiative de Vienne", prise en 2009 pendant la crise financière en Europe de l'Est, qui avait vu les banques maintenir volontairement leur exposition aux pays en difficulté.
"Le problème avec la Grèce, c'est que cela interviendrait très tardivement", a dit Bart Oosterveld en expliquant que le risque d'un défaut de la Grèce était aujourd'hui déjà sensible, ce qui n'était pas le cas à l'époque de l'initiative de Vienne. "On a du mal à imaginer que quiconque fasse quoi que ce soit volontairement en ce moment", a-t-il poursuivi.

Moody's note actuellement la dette publique grecque Caa1, ce qui implique une probabilité de 50% d'un défaut à un horizon de trois à cinq ans. L'agence de notation, a précisé Bart Oosterveld, continue de considérer que le risque de défaut augmente pour les pays de la périphérie de la zone euro. Il a toutefois noté que la dette cumulée des pays concernés ne représentait que 13,5% du PIB de l'ensemble de la région.

Concernant la Grèce, il a souligné que toute restructuration de la dette publique, qui avoisine 340 milliards d'euros, soit 150% du PIB, devrait être de grande ampleur, avec à la clé un impact sur les banques grecques et sur la BCE.

Sur les modalités de la participation des banques à la gestion de la dette grecque, le Crédit agricol a annoncé mardi être favorable à un allongement de la dette souveraine de la Grèce. "Si on allège la dette souveraine grecque, cela devrait bénéficier à l'économie grecque et donc bénéficier aux acteurs de l'économie grecque", a dit à Reuters Jean-Paul Chifflet, le directeur général de Crédit agricole SA, en marge d'une conférence de presse à Milan. "Et donc nous devrions mieux nous en porter par rapport au crédit aux particuliers et aux professionnels", a-t-il ajouté.

Selon l'agence de notation Fitch, Crédit agricole est exposé à hauteur de 24,5 milliards d'euros au risque de dette grecque, dont 631 millions pour la seule dette souveraine de la Grèce. Le Crédit agricole a redit qu'une restructuration ou une décote de la dette publique n'aurait pas d'impact majeur sur la banque. "Admettons qu'on ait un haircut (décote, NDLR), dans le pire des cas de 25%, c'est 125 millions (de pertes, NDLR)", a-t-il souligné. "Il n'y a pas de bosse."

>>

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.