Cet article date de plus d'un an.

La compagnie Virgin Atlantic annonce un premier vol transatlantique propulsé uniquement avec des carburants "verts"

Ce carburant sera composé à 88% d'HEFA, issu de déchets de graisse, et à 12% de SAK, issu de de sucres et protéines végétaux et d'huile. Mais des associations écologistes dénoncent un "verdissement de façade" de l'industrie aéronautique.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Un appareil de la compagnie Virgin Atlantic à l'aéroport international de Shanghai-Pudong (Chine), le 21 août 2023. (YING TANG / NURPHOTO)

C'est une première. La compagnie aérienne britannique Virgin Atlantic va opérer un vol transatlantique propulsé intégralement aux carburants dits "durables", mardi 28 novembre. Celui-ci partira de l'aéroport londonien d'Heathrow à 11h30 (10h30 en France) et atterrira à l'aéroport JFK à New York. Ce trajet, se targue Virgin, sera le premier "fonctionnant 100% aux carburants dits durables sur les deux moteurs, par une compagnie aérienne commerciale, sur un trajet long courrier". Le vol aura lieu sur un Boeing 787 équipé de moteurs Rolls-Royce fonctionnant uniquement avec ce carburant. Il n'y aura aucun passager, ni aucun chargement de fret.

Produits à partir d'huiles usagées, résidus de bois ou algues, les carburants durables d'aviation (CDA) sont aujourd'hui utilisables en complément du kérosène (jusqu'à 50%) dans les avions actuels. Ils sont considérés comme le principal levier de décarbonation du secteur pour les décennies à venir, mais leur production reste balbutiante et très chère. Par ailleurs, ils sont utilisés dans des moteurs à combustion qui continuent de générer du CO2. La décarbonation intervient en amont, dans le fait de réutiliser des matières végétales au lieu d'extraire des hydrocarbures.

En décembre dernier, le gouvernement britannique avait annoncé soutenir cette initiative "jusqu'à 1 million de livres". Le projet de la compagnie aérienne est développé en collaboration avec l'université de Sheffield, l'avionneur américain Boeing, le motoriste britannique Rolls-Royce ou encore le géant des hydrocarbures BP.

Des experts émettent des réserves sur la technologie

Les organisations écologistes, toutefois, qualifient cette opération de "verdissement de façade" ("greenwashing"). "Ce n'est pas une coïncidence que ce vol ait lieu deux jours avant le début de la COP28 à Dubaï", estime l'association Stay Grounded ("Restez au sol"). "Pendant que l'attention du monde se porte sur un seul vol, il y en a 100 000 chaque jour utilisant des carburants fossiles. Les substituts ne sont qu'une goutte d'eau dans l'océan des hydrocarbures".

Finlay Asher, un ingénieur aérospatial qui a travaillé pour Rolls Royce, cité par Stay Grounded, explique que la technologie des CDA, appelés en anglais les SAF, est une "impasse technologique" car elle ne peut être développée à une échelle suffisante pour faire une différence. "De plus, le CO2 provenant de la capture directe de l'air et l'hydrogène vert produit par électrolyse – tous deux utilisés pour fabriquer de l'e-kérosène – sont très coûteux à produire. (...) La seule manière efficace de traiter les émissions de l'aviation à court terme est de s'attaquer à la demande."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.