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53e Salon du Bourget : les compagnies aériennes sont "un bouc émissaire fiscal"

Le délégué général du think tank Centre d'Etude et de Prospective Stratégique a estimé sur franceinfo lundi que le secteur aérien est le plus taxé au monde. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un airbus dans les airs au salon du Bourget, le 17 juin 2019.  (BENOIT TESSIER / POOL / REUTERS POOL)

Le Salon du Bourget, qui réunit les professionnels de l’aéronautique près de Paris pendant une semaine, a ouvert lundi 17 juin. Loïc Tribot la Spière, délégué général du think tank Centre d'Etude et de Prospective Stratégique (CEPS), a estimé sur franceinfo que les compagnies aériennes sont "un bouc émissaire fiscal". C'est "le secteur le plus taxé au monde" et cela devrait s'accroître selon lui. En effet, le commissaire européen Jean-Claude Junker a indiqué lors de la dernière conférence de l'association internationale du transport aérien, "qu'il fallait réduire de manière extrêmement conséquente le CO2".

franceinfo : Signer des contrats, soigner une image de marque, c'est important pour les avionneurs, à l'heure où l'on parle le plus en plus d'économie verte. C'est compliqué à concilier ?

Loïc Tribot la Spière : C'est très complexe. Il faut reconnaître et penser aux clients, en l'occurrence les compagnies aériennes qui est le secteur le plus taxé au monde, c'est une sorte de bouc émissaire fiscal. On va sans doute en remettre une petite cuillère, puisque le commissaire européen s'exprimait lors de la dernière conférence de l'Iata [association internationale du transport aérien], précisant qu'il fallait réduire de manière extrêmement conséquente le CO2. Cela impacte directement, cela va de soi, les constructeurs. Le problème c'est de répondre à ces besoins des compagnies aériennes et des États, facile à dire, mais ça prend du temps parce que ça nécessite des investissements.

Il y a un levier pour faire pression sur les compagnies aériennes ?

Le levier il est en deux sens. Premièrement, si les compagnies aériennes se voient taxées, ce qui risque d'être le cas, elles vont être dans une situation financière un peu délicate et chancelante. Ce qui fait qu'elles seront amenées à revoir très certainement leur logique d'acquisition d'aéronefs. Ce sera la première des conséquences mathématiques pour les secteurs de la construction aérienne. Deuxièmement, ça va de soi : compte tenu de la chape de plomb qui vogue au-dessus de leur tête, il est évident que les compagnies aériennes vont se mobiliser massivement pour imposer de nouvelles pratiques et surtout de nouveaux types d'aéronef. Elles ne peuvent pas supporter ce surcroît de taxation. Le carburant peut être une réponse. On a beaucoup évoqué ce que pourrait apporter le bio carburant. Mais cela nécessitera aussi des modifications au niveau des aéronefs. Donc ce n'est pas sans conséquence non plus. Le biocarburant est une des réponses mais ce n'est pas la seule.

Pour autant, les passagers sont de plus en plus nombreux. Donc finalement les compagnies aériennes ne devraient-elles pas bien se porter ?

C'est là le paradoxe, c'est qu'il y a de plus en plus de gens qui voyagent, mais il y a une concurrence qui est effrénée sur les prix. Et il y a des taxations qui sont extrêmement fortes. Il faut éviter cette tentation de considérer que les compagnies aériennes, voyant le nombre de passagers augmenter, deviendraient une poule aux œufs d'or. C'est loin d'être le cas. Lorsque l'on regarde les chiffres délivrés par l'Iata, on est loin du compte. On est dans une période où les tensions dans le secteur de la concurrence vont se multiplier très clairement. On le voit d'ailleurs dans les résultats des compagnies très emblématiques comme Qatar airways ou Emirates, qui ne sont pas ce qu'on pouvait imaginer il y a encore quelques mois.

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