A l'issue de leur rencontre à l'Elysée, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont émis plusieurs propositions
Parmi ces propositions, Paris et Berlin proposent "un véritable gouvernement économique de la zone euro".
Autre proposition: adoption dans tous les pays membres de la zone d'une "règle d'or" et demande franco-allemande pour la création d'une taxe sur les transactions financières.
A l'issue de leur entretien à l'Elysée, les deux responsables ont émis quatre grandes propositions concernant la zone euro:
1) Instauration d'un gouvernement économique de la zone euro. Ce gouvernement se réunirait deux fois par an. Paris et Berlin proposent que ce gouvernement soit doté d'un président pour deux ans. Ils proposent que ce président soit Herman Van Rompuy.
2) que les 17 membres de la zone euro adoptent "la règle d'or" avant l'été 2012. Cette "règle" obligerait, via des règles constitutionnelles, les états à inscrire leur budget dans une politique pluriannuelle de respect des critères budgétaires de la zone euro (déficit et dette).
3) les ministres des Finances allemand et français déposeront sur la table des instances européennes une proposition commune, dès le mois de septembre prochain, de taxe sur les transactions financières.
4) la France et l'Allemagne vont rapprocher leurs politiques économiques. L'impôt sur les sociétés des deux pays serait harmonisé.
A propos des "eurobonds" (obligations européennes), les deux responsables ont indiqué que ce système n'était pas actuellement souhaitable. Angela Merkel a affirmé
qu'elle "ne croit pas que les euro-obligations nous aideraient aujourd'hui" et Nicolas Sarkozy a précisé que "les eurobonds pourraient être imaginés à la fin d'un processus d'intégration (européen), pas au début".
Mise en avant de la "règle d'or"
Au cours de la conférence de presse tenue à l'issue de la rencontre, Nicolas Sarkozy a insisté sur la "règle d'or", rappelant qu'un tel texte avait été voté par l'Assemblée et le Sénat. Il a évoqué la politique intérieure en parlant de la responsabilité de ceux qui ne voudraient pas voter ce texte ajoutant que la présidentielle pourrait trancher ce débat. Le Premier ministre François Fillon prendra les "contacts nécessaires" avec les différentes forces politiques françaises pour voir si un consensus est possible pour faire adopter cette "règle d'or", a-t-il précisé.
Sur ce point, Martine Aubry a qualifié la volonté de Nicolas Sarkozy de faire voter cette "règle d'or" au Congrès de Versailles d'"enfumage de communication".
Nouvelles mesures de rigueur en France
La prochaine réunion d'arbitrage entre Nicolas Sarkozy et François Fillon sur les moyens à mettre en oeuvre pour réduire les déficits publics aura lieu le mercredi 24 août en fin d'après-midi (après le conseil des ministres), juste avant le départ du président pour la Nouvelle Calédonie, a confirmé mardi l'Elysée.
La première réunion entre les deux responsables de l'exécutif s'est tenu en milieu de journée, lors d'un déjeuner de travail à l'Elysée. Une réunion prévue le 17 août mais avancée au mardi, avant la venue d'Angela Merkel.
Xavier Musca, secrétaire général de l'Elysée, Henri Guaino, conseiller spécial du président, et Jean-Paul Faugère, directeur de cabinet du Premier ministre, ont assisté à ce déjeuner, qui s'est déroulé dans la bibliothèque de l'Elysée. En ce qui concerne les recettes, la ligne gouvernementale vise à réduire les niches fiscales sans toucher au niveau des impôts. Mais rien n'est officiellement fixé.
Réactions:
Eva Joly, candidate écologiste à la présidentielle : Nicolas Sarkozy a mis en avant une "règle d'or" budgétaire afin de faire oublier qu'il refuse d'augmenter les impôts et de supprimer les niches fiscales des riches, dit-elle dans un entretien au Monde.
Laurent Fabius, ex-premier ministre PS a exprimé mercredi sa "déception" après le sommet franco-allemand sur la dette mardi à l'Elysée, estimant que "les décisions immédiates ne sont pas prises et les orientations au long terme sont floues".
Harlem Désir, premier secrétaire par intérim du PS et Michel Sapin, secrétaire national à l'économie, estiment que "Sarkozy aligne la France sur les conservateurs allemands contre la solidarité européenne".
Martine Aubry (PS), candidate à la primaire socialiste: "Je n'entends toujours pas régulation du système financier, je n'entends toujours pas croissance et emploi. Donc c'est très décevant, alors que, je crois, nous avons des solutions sur la table".
Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, salue mardi "l'engagement commun de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel pour la protection de l'Europe et des Européens".
Marine Le Pen, présidente du Front national: "le sommet franco-allemand ne sera pas plus efficace que les précédents sommets européens pour résoudre la crise de l'euro parce qu'il ne s'attaque pas au coeur du problème: une monnaie unique qui nous tue à petits feux".
Marielle de Sarnez, vice-présidente du Mouvement Démocrate: "Ces quatre orientations (...) iraient dans la bonne direction. Nous restons prudents tant se sont accumulées, au fil du temps, les déclarations et les annonces sur ces grands sujets (....) Pour autant, cela ne réglera pas les problèmes de la France qui tiennent à son affaiblissement économique continu et inquiétant.
Jean-Louis Borloo, président du Parti Radical: "salue la décision commune franco-allemande (....) seule mesure juste et efficace pour financer le fonds de stabilisation et lutter contre la spéculation (....) C'est le premier étage de la fusée anti-crise et anti-spéculation.
Réactions européennes
José Manuel Barroso, président de la Commission européenne: a salué des décisions importantes".
José Luis Zapatero, chef du gouvernement espagnol, a salué "une avancée importante pour l'union économique de la zone euro".
Mark Rutte, le premier ministre néerlandais, a jugé que "Merkel et Sarkozy ont formulé des suggestions intéressantes".
En Italie, le chef du groupe parlementaire du Peuple de la liberté, parti du président du Conseil Silvio Berlusconi, a affirmé que le gouvernement de la péninsule était sur la même longueur d'ondes que les dirigeants français et allemand. "Nous espérons que Merkel sera convaincue de l'utilité des euro-obligations en septembre", a toutefois ajouté Fabrizio Cicchitto.
En Allemagne, le Parti social-démocrate (SPD), dans l'opposition, a regretté que les deux dirigeants refusent d'envisager des euro-obligations. Pour le président du groupe SPD au Bundestag, Frank-Walter Steinmeier, les propositions du président français et de la chancelière allemande vont dans la bonne voie mais n'apportent pas la solution attendue. Il accuse notamment Angela Merkel de caresser ses partenaires libéraux dans le sens du poil en refusant de discuter d'emprunts émis par l'Union européenne, tandis que Nicolas Sarkozy y est, selon lui, plus ouvert.
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