Au Vietnam, le tourisme "durable" a l'épreuve de la réalité
C'était la grande tendance de Top Résa, le salon des professionnels du tourisme à Paris. Selon les résultats d’une enquête de l’association ATR (Agir pour un tourisme responsable), pour un tiers des voyageurs sondés, l’engagement écoresponsable du tour-opérateur est un critère de choix décisif dans l’achat d’un voyage. Exemple au Vietnam où une communauté Muong s’ouvre aux touristes français.
Aller à Xom Hai, ça se mérite ! Ce village au nord du Vietnam n'est qu'à 70 kilomètres au sud-ouest d'Hanoï, mais c'est trois heures de car, ce jour-là sous la pluie. Il faut ensuite marcher, une bonne demi-heure, jusqu’à la grande salle sur pilotis où les groupes de touristes sont reçus. Ils sont invités par Dinh Van, dans son costume traditionnel, à assister à un spectacle Muong : "On est contents de rencontrer des gens qui viennent de loin découvrir notre culture. On n'a pas peur de perdre toutes ces valeurs. On est très fiers de les garder de génération en génération, dans cet ancien village Muong."
Selon une enquête en ligne d’ATR (l'association Agir pour un tourisme durable), la notion même de tourisme durable est encore floue pour les voyageurs. Si 33% des voyageurs interrogés y voient un critère de choix pour leur voyage, et 47% un "plus", 7% pensent encore que c’est du marketing. C'est Toan Nguyen, guide au Vietnam, qui a eu l'idée de faire venir des touristes dans le village: "Développer ce village de cette façon, c'est beaucoup mieux que si on ne fait rien, et ils vont bétonner leurs maisons et faire une cimenterie !"
Valeurs responsables
Un voyagiste français, Salaün Holidays, accompagne le projet. Sa contribution est symbolique. "On a aidé les villageois à pouvoir accueillir les touristes, à aménager un petit restaurant et un dortoir pas trop spartiate pour que les clients puissent y passer la nuit." explique Michel Salaün, le PDG. Historiquement, ce sont les tour-opérateurs d'aventure, de niche, qui ont ouvert la voie. Aujourd'hui, les généralistes s'y mettent, comme Transat, troisième tour-opérateur sur le marché français, avec 400 000 clients par an, et qui propose aussi des séjours "responsables" au Vietnam.
"Aujourd’hui, tous nos touristes n’ont pas cette sensibilité, analyse Frédéric Caradec, le PDG de Transat. Par contre je peux vous assurer que la génération qui arrive, celle qui s’en vient, elle affiche des valeurs qui sont beaucoup plus responsables, est très sensible à ce type de démarche." Le mouvement devrait s'accélérer, puisque 2017 a été décrété par l'ONU année internationale du tourisme durable.
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