Il a passé deux mois seul sur le phare de Tévennec : "J'ai l'impression d'avoir réussi ma mission"
Marc Pointud voulait alerter sur l'urgence de la restauration de ce phare, situé sur un îlot au large du Finistère. Il raconte son retour sur le continent à francetv info.
"Je me sens bien, même si la nuit fut courte, il fallait quand même fêter ça." Après 69 jours en solitaire dans le phare de Tévennec, Marc Pointud reprend peu à peu ses marques, vendredi 6 mai. La veille, il a mis un terme à son aventure en relevant un ultime défi : braver la forte houle pour sauter dans le canot qui l'a ramené à Audierne, sur la côte. La fin d'une "excellente aventure" qu'il a racontée à francetv info.
Cet amoureux de la mer, âgé de 65 ans, voulait alerter et éclairer. "Le monde entier connaît Tévennec maintenant." L'objectif : occuper ce phare pour éclairer le plus grand nombre sur un patrimoine maritime qui tombe en ruine.
En deux mois, il a pu constater l'ampleur de la tâche. Portes, murs, planchers... tout est imbibé d'humidité dans ce phare allumé pour la première fois en 1875 pour baliser les approches du Raz de Sein, mais abandonné par ses gardiens depuis 1910 et son automatisation. "Comme la toiture est abîmée, l'eau s'infiltre partout, dans les murs, les poutres. Et lorsque l'on se chauffe à l'intérieur, c'est encore pire avec la condensation." Rien d'insurmontable pourtant, puisqu'il est resté sur son rocher, et dans une pièce à vivre de 6m2, neuf jours de plus que prévu. Un lieu que la légende dit hanté. "Je n'ai vu personne. Pas de fantômes, mais j'ai entendu des bruits trois-quatre nuits de suite", a expliqué Marc Pointud à son retour, assurant que ces bruits ont forcément une explication rationnelle.
La Bible et le programme de Jean-Luc Mélenchon
S'il ne devait garder qu'un seul souvenir de son séjour sur le rocher, ce serait celui-ci : "Quand je me posais sur la terrasse, seul face au large. Une vue à 360° où il n'y a finalement rien à voir, comme quand on regarde un feu par exemple. Mais c'est fascinant. Et quand vous êtes seul à pouvoir le faire, c'est encore plus fort. C'est à ce moment-là qu'on se rend compte de sa propre solitude, mais c'est un sentiment agréable, de contentement."
Durant cette retraite comme il aime l'appeler, ce Bourguignon d'origine s'est plongé dans la lecture, avec des choix pour le moins éclectiques : la Bible, "comme livre philosophique" et l'un des derniers essais de Jean-Luc Mélenchon, L'ère du peuple (Fayard) car "c'est le seul qui a un programme sur la mer".
Et maintenant ? "J'ai l'impression d'avoir réussi ma mission, et le sentiment qu'il y a eu une très large couverture médiatique de mon aventure." Reste désormais à "transformer l'essai" en trouvant un ou plusieurs mécènes pour financer la rénovation du site. "On a déjà des touches, mais encore faut-il les rencontrer et connaître les contreparties qu'ils pourraient réclamer." En attendant, Marc Pointud se réacclimate doucement au rythme du continent, qu'il avait presque oublié. "Sur l'île, les minutes n'existent pas et ma vie était uniquement rythmée par le jour, la nuit et le bruit de la mer."
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