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Incidents du 1er mai : salve de questions pour Édouard Philippe et Christophe Castaner lors des questions au gouvernement au Sénat

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Article rédigé par Public Sénat
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Après les grandes tensions du 1er mai et la polémique autour de l’hôpital parisien de La Pitié Salpêtrière, le Premier ministre et son ministre de l’Intérieur ont dû faire face aux demandes d’explications de la part des sénateurs, lors des questions au gouvernement du 7 mai.

La séance de questions d’actualité au gouvernement – la première au Sénat depuis la Fête du travail – ne s’annonçait pas de tout repos pour le Premier ministre Édouard Philippe et le ministre de l’Intérieur. Christophe Castaner était attendu au tournant par les sénateurs, après avoir qualifié « d’attaque » l’intrusion par des manifestants dans l’enceinte de l’hôpital de La Pitié Salpêtrière, en marge du cortège parisien le 1er mai, ce qui n’était finalement qu’une tentative d’échapper aux charges des forces de l’ordre.

Éliane Assassi, présidente du groupe CRCE (communistes, républicain, citoyen et écologiste), et David Assouline (PS) ont été les premiers à interroger le gouvernement. Leurs deux groupes réclamaient même une audition du ministre pour faire la lumière sur ses déclarations. Philippe Bas (LR), président de la commission des Lois, a été le troisième sénateur à intervenir.

Déplorant une « manipulation de l’opinion » et d’une « crédibilité entachée », la communiste Éliane Assassi a considéré qu’il ne s’agissait « pas qu'une question de sémantique ». « Monsieur le Premier ministre, pouvez-vous reconnaître qu’émettre des mensonges ou des contrevérités, même si on modifie son propos ultérieurement, pour salir le mouvement relève du scandaleux et l’inacceptable ? » a-t-elle demandé.

Le plein soutien d’Édouard Philippe à son ministre de l’Intérieur

Édouard Philippe est venu au secours du ministre de l’Intérieur, lui réaffirmant « toute [sa] confiance ». Au cours d’une longue réponse, de près de cinq minutes, le chef du gouvernement a axé sa défense sur la réparation de la faute. « Avoir un mot qui n’est pas adapté quand on est un responsable public, ça arrive, c‘est courant, ça m’est arrivé, et peut-être un jour cela vous arrivera », a-t-il répliqué. Avant d’ajouter : « Le corriger en assumant d’avoir utilisé un terme qui n’était pas adapté et en revenant à un terme qui l’est parfaitement, fait honneur à celui qui le fait, est une bonne chose, et me sembler à la hauteur de ce que doit faire un responsable politique. »

Parlant d’une « intrusion violente » dans l’hôpital du 13earrondissement, Édouard Philippe a souligné auparavant que le maintien de l’ordre public était un « exercice difficile » et que la journée du 1er mai a été « remarquablement tenue », contrairement aux deux dernières éditions marquées par un « CRS en flamme » en 2017, et de « très grandes violences » en 2018, le long du boulevard de l’Hôpital. Le tout devant Christophe Castaner, resté sur les bancs du gouvernement, impassible.

Philippe Bas reproche au gouvernement d’avoir manqué de « sang-froid » dans sa communication

Fidèle à ses interventions minutieuses, le sénateur reprend une à une les déclarations erronées du gouvernement après les événements de cette fin d’après-midi du 1ermai : « Les manifestants n’ont apparemment pas pénétré dans le bâtiment. Je veux d’ailleurs ici saluer le sang-froid, le calme et le formidable professionnalisme des personnels de santé pour maintenir les patients à l’abri de cette agitation […] Hélas, on ne peut pas dire que le gouvernement ait fait preuve du même sang-froid, si on en juge par ses déclarations : « On a attaqué un hôpital », « on a agressé son personnel soignant », « c’est une intrusion violente », avez-vous dit, Monsieur le ministre. « C’est un acte scandaleux » avez-vous ajouté Monsieur le premier ministre. « C’est une exaction inqualifiable et indigne », d’après la ministre de la Santé. »

S’intéressant aux circonstances, le président de la commission des Lois enchaîne avec sa question : « Sur quels faits le gouvernement s’est-il fondé pour donner l’alarme aux Français sur des violences qui n’ont pas eu lieu. Que s‘est-il passé exactement le 1er mai à la Pitié-Salpêtrière ? »

Christophe Castaner revient une nouvelle fois à la tribune pour éclairer la Haute assemblée. « Quand je me suis rendu sur place [à l’hôpital] pour visiter le CRS [blessé], je n’étais pas informé de cette intrusion. Par contre, les responsables hospitaliers m’ont fait part de leur émotion. Et c’est sur la base de leur émotion extrêmement forte, qui était filmée par les chaînes infos d’ailleurs, que je me suis prononcé et que j’ai dénoncé ces faits », s’est-il expliqué.
Tentant une nouvelle fois de laisser la polémique derrière lui, le ministre poursuit : « On est rentré de force, parce qu’il y a eu bris de serrure dans un hôpital. C’est la raison pour laquelle j’ai utilisé ce mot. Au vu des événements le lendemain et de la polémique qui était née, qui mettait en cause le travail exceptionnel de nos forces de sécurité, j’ai souhaité faire évoluer le mot en prenant le mot de la directrice et donc j’ai évoqué une intrusion ».

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