Travail, choucroute et boson de Higgs : trois contestations autour du bac 2014
Déjà perturbée par la grève des cheminots, cette édition de l'examen n'a pas échappé aux polémiques sur les sujets.
A chaque édition ses couacs et ses polémiques. Les épreuves du baccalauréat général ont débuté lundi 16 juin pour un grand nombre de lycéens français. Déjà perturbé par la grève des cheminots, ce cru 2014 n'a pas échappé aux contestations après la publication des sujets.
Un intitulé trop pro-Medef en éco ?
Faut-il voir l'ombre de Pierre Gattaz derrière les sujets d'économie du bac ES ? "Le formatage par le Medef commence au bac", dénonce sur son blog l'économiste Jacques Sapir, très apprécié des souverainistes, qui, après lecture des intitulés proposés aux lycéens, évoque un "scandale" et "une propagande digne des sbires" du patronat.
Il cible plus particulièrement deux questions de l'épreuve composée. "Comment la flexibilité du marché du travail peut-elle réduire le chômage ?" et "A quels risques économiques peuvent s'exposer les pays qui mènent une politique protectionniste ?" Long argumentaire à l'appui, l'économiste dénonce des questions "erronées".
A l'inverse, l'année passée, c'est le patron des patrons, Pierre Gattaz, qui s'était plaint d'une question, rappelle Le Lab : "Vous montrerez de quelle manière les conflits sociaux peuvent être facteurs de cohésion sociale..." Une vision "caricaturale", "dogmatique", "éloignée de la réalité" avait-il dénoncé dans un discours.
"Les candidats vont plancher sur ces sujets pendant au maximum quatre heures de leurs vies, répond Denis Colombi, professeur en sciences sociales, sur son blog. Comment peut-on sérieusement penser que c'est à ce moment-là que vont se construire les connaissances et les représentations de l'économie des candidats ?"
Une reprise de Wikipédia en sciences
"La choucroute, facile à conserver et riche en vitamine C, est un repère dans l'évolution alimentaire." Pour préparer le sujet, les auteurs de l'épreuve de sciences pour les séries ES et L n'ont pas cherché l'inspiration bien loin. L'un des documents sur lesquels étaient appelés à plancher les lycéens était sourcé "d'après www.wikipédia.fr", note Metro News.
Les lycéens s'agacent d'un sujet de l'épreuve de sciences sourcé... Wikipédia http://t.co/V0BKDumMbv via @metronews pic.twitter.com/CoFtTuaybI
— David Perrotin (@davidperrotin) 20 Juin 2014
"C'est quand même assez gênant, estime un professeur interrogé par le journal. Nous passons notre temps à leur dire de ne surtout pas s'inspirer de Wikipedia et l'Education nationale tire un énoncé de cette encyclopédie en ligne."
Le paradoxe n'a pas manqué de faire réagir les lycéens. Sur Twitter, ils sont plusieurs à pointer une incohérence de l'Education nationale. "On nous a soulé toute notre scolarité avec Wikipedia, comme quoi c'était pas fiable du tout, s'agace par exemple un jeune homme. Et puis on retrouve ça au bac."
"Y avait un document qui venait de Wikipedia dans le bac. Ils se sont pas fait chier, ils ont juste tapé "choucroute" sur Google", s'étonne une élève.
Les profs : "Wikipédia n'est pas une source sûre !" Au BAC : "document d'après Wikipédia" #Fail #BacSciences
— Benoît Galland (@galland_benoit) 20 Juin 2014
Wikipedia c'est pas une source fiable.. C'est pour ça qu'on vous le met au bac #BacSciences
— Nono♚ (@Arnaudbn) 20 Juin 2014
Une citation contestée en physique-chimie
Après la lecture du sujet de physique-chimie de la section S, il veut carrément "enlever le bac" au ministre de l'Education. Un scientifique a démenti mercredi une citation qui lui est attribuée dans un magazine et reprise dans l'épreuve proposée aux lycéens mardi.
Le premier exercice reprenait un extrait du magazine Sciences et Avenir d'août 2012 : "La découverte du boson de Higgs est aussi importante pour l'histoire de la pensée humaine que la loi de la gravitation universelle de Newton, s'enthousiasme Carlo Rovelli, du Centre de Physique Théorique de Marseille-Luminy."
"Hélas, je n'ai jamais dit ou pensé une phrase tellement stupide", assure l'intéressé. L'auteure de l'article maintient que le scientifique a pourtant bien prononcé cette phrase, mais qu'il s'en était déjà plaint après sa parution dans le magazine.
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