Bac : les dix pires sujets de philo sur lesquels les candidats se sont arraché les cheveux
Le baccalauréat débute jeudi avec la traditionnelle épreuve de philosophie. Et les bacheliers doivent croiser les doigts pour que le sujet de cette année ne soit pas aussi compliqué que les dix intitulés suivants.
Tous les élèves de terminale en tremblent déjà. Jeudi 15 juin, à 8 heures, quelque 720 000 candidats au baccalauréat se pencheront sur l'épreuve tant redoutée de philosophie.
En 2016, les élèves avaient planché sur "Nos convictions morales sont-elles fondées sur l'expérience ?", "Le désir est-il par nature illimité ?", "Pourquoi avons-nous intérêt à étudier l'histoire ?" ou encore "Travailler moins, est-ce vivre mieux ?" Des sujets pas forcément simples aux yeux des candidats. Quelles autres questions philosophiques les bacheliers ont-ils dû affronter dans le passé ? Franceinfo a écumé les archives pour dénicher dix sujets sur lesquels les élèves de terminale se sont probablement arraché les cheveux.
1"Qu'est-ce que créer ?" (1977)
La première difficulté à laquelle l'élève se heurte, c'est l'identification des notions auxquelles se rapporte cet intitulé. Pour Lucile Peyre, professeur de philosophie au lycée Saint-Gabriel de Saint-Affrique (Aveyron), il faudrait étudier les thèmes de l'art, de la technique et du travail. "Face à un sujet aussi large, un candidat peut rapidement se retrouver perplexe." Ensuite cette question n'appelle pas un classique plan en "oui et non". "Il faut se pencher sur une vraie construction", professe l'enseignante.
2"Que peut la raison pour exclure la violence ?" (2002)
Un sujet compliqué parce qu'il est en plein dans l'actualité. S'il était proposé aujourd'hui, les élèves pourraient être tentés de faire de nombreuses allusions aux événements violents qui ont eu lieu ces derniers mois. Mais c'est là que réside le piège. "Les candidats peuvent facilement tomber dans le réquisitoire pour ou contre tel ou tel fait récent qu'ils auraient envie de citer et faire une discussion sur l'actualité plutôt qu'une dissertation philosophique", explique Lucile Peyre.
3"L'artiste sait-il ce qu'il fait ?" (1990)
Pour Florence Boisson, professeur de philosophie au lycée Jules-Ferry de Versailles (Yvelines), c'est un vrai sujet piège. "Avec une formulation aussi orale, il semble difficile de faire une copie intéressante pour le correcteur en donnant une résonance philosophique à son propos, considère-t-elle. Avec ce type de sujets, il faut aller au delà du préjugé et apporter des connaissances personnelles." Un défi de taille.
4"Prendre conscience de soi, est-ce devenir étranger à soi ?" (2003)
La formulation paradoxale a dû en égarer quelques-uns. Ce qui rend ce sujet difficile, ce ne sont pas tant les concepts qu'il sous-tend mais plutôt la nécessité d'analyser chacun des termes pour bien saisir la question posée. "Dans la prise de conscience de soi, on a besoin d’un certain recul pour gagner une objectivité sur soi-même. Donc en réalité, la question n'est pas si paradoxale", analyse Lucile Peyre.
5"La philosophie est-elle une occupation sérieuse ?" (1986)
En voilà un sujet retors. Demander à des candidats en pleine épreuve de philosophie de questionner la matière sur laquelle ils travaillent, c'est plutôt audacieux. D'ailleurs la professeure Lucile Peyre verrait plutôt cette question dans un cours de prépa littéraire ou de fac de philo. Car les candidats ont dû relever deux défis. Eviter de faire un brûlot qui explique à quel point la philosophie est inutile sans pour autant faire un éloge artificiel de la matière pour flatter le correcteur. Tout est question de nuance et de subtilité.
6"Peut-on se soustraire au temps ?" (1986)
Pour répondre à une telle question, il faut un grand nombre de connaissances physiques et philosophique. Et la fameuse Critique de la raison pure de Kant semble être un incontournable. Le philosophe y développe les concepts d'espace et de temps qui seraient les cadres de toute expérience sensible. "Or peu d'élèves maîtrisent vraiment les concepts qu'elle contient et qui sont nécessaires pour ce sujet. D'ailleurs même les professeurs abordent rarement cette œuvre dans leur cours", reconnaît la professeure Florence Boisson.
7 "A quoi servent les sciences ?" (2000)
Une question d'autant plus intéressante quand on sait qu'elle a été posée aux terminales scientifiques. Mais les élèves ne devaient pas pour autant se contenter de dire si les sciences servent à quelque chose ou à rien. "Il faut approfondir la question et bien comprendre la formulation un peu alambiquée. C'est un sujet compliqué mais pas infaisable", assure la professeure de Saint-Affrique.
8"La libération de l'homme et, finalement, sa liberté passent-elles forcément par la connaissance des déterminismes ?" (1980)
De prime abord, la question semble plutôt complexe. "En réalité c'est un sujet plutôt facile à traiter si on ne s'arrête pas à la formulation un peu longue, explique Florence Boisson. Il faut plutôt comprendre : le fait de connaitre ce qui me détermine, m’empêche-t-il d’être libre ou me permet-il de m’en délivrer ?" Quand c'est une professeure de philo qui le dit, c'est tout de suite plus clair.
9"Qu'est-ce qu'une personne ?" (1977)
De l'avis de la professeure de Versailles, ce serait un sujet plus adapté à un examen d'agrégation. "Il est d'une simplicité qui peut être déroutante. On pourrait même se demander pourquoi on pose une telle question." Il a pourtant bien fallu que les candidats y répondent. Ils ont dû mobiliser des concepts relevant de la conscience, de l'inconscience, d'autrui, du sujet... Autrement dit avoir une connaissance philosophique plutôt étendue.
10"Objet réel, objet scientifique" (1977)
"C'est un sujet extrêmement difficile !" s'exclame Florence Boisson. "On ne donnerait jamais un tel sujet aujourd'hui." Ne vous fiez pas au fait qu'il soit court, ce sujet cache trois concepts massifs de la philosophie : l'objet, le réel, le scientifique. Une difficulté que n'auraient plus à affronter les candidats de 2016. Depuis la réforme de 2005, les thèmes à aborder sont clairement énoncés dans une question. Mais quelle que soit la complexité du sujet "tout est traitable pour un élève qui a bien travaillé son cours !" répètent les deux professeures de philo interrogées par franceinfo.
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