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Bac : la réforme de l'examen est-elle la meilleure façon de lutter contre les tricheries ?

Selon certains enseignants ou associations de parents d'élèves, les soupçons de fraude pourraient être enrayés grâce de nouvelles méthodes d'évaluation ou en changeant les règles lors des épreuves.

Article rédigé par Yannick Sanchez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des étudiants passent l'épreuve de philosophie du bac le 16 juin 2011 au lycée Clemenceau de Nantes. (STEPHANE MAHE / REUTERS )

Premier jour du bac, premier soupçon de fraude. Il n'aura fallu que 19 minutes, lundi 16 juin, pour que les sujets de philosophie se propagent sur internet et informent potentiellement des candidats retardés par la grève de la SNCF sur la route de leur examen. De quoi relancer le débat, comme chaque année, autour de la surveillance des épreuves, comme ce fut le cas en 2012.

Brouilleurs ou détecteurs de portables, surveillance des forums, amendes... De nombreuses mesures ont été mises en place. Mais plutôt que de chercher à tout prix à sécuriser le baccalauréat, des enseignants et membres d'associations de parents d'élèves militent pour réformer cet examen et proposent de nouvelles méthodes d'évaluation. Francetv info fait le tour des initiatives en la matière.

Autoriser internet durant les examens

Le Danemark a été le premier pays au monde à autoriser ses étudiants à passer des examens avec internet, rappelle le Huffington Post. L'initiative, expérimentée en 2010 dans seulement quelques établissements, fait aujourd'hui des émules. "Si on veut devenir une école moderne et enseigner à nos élèves des choses pertinentes de la vie courante, nous devons leur apprendre comment utiliser internet", expliquait à la BBC (en anglais) la proviseure d'un des premiers lycées à avoir mis en place cette nouvelle forme d'examens.  

En naviguant sur le web, les élèves vont chercher l'information qui leur permettra de formuler leurs réponses dans des épreuves aussi variées que la sociologie, les langues, les mathématiques, l'administration et l'économie. Rien de plus normal pour la ministre de l'Education du Danemark, Christine Antorini. "Nous devons nous assurer que les conditions de travail pendant un examen ressemblent aux conditions de vie des étudiants, précise-t-elle. Être capable de chercher de l'information en ligne fait parti des méthodes de travail quotidiennes. C'est pourquoi il est naturel d'autoriser l'usage d'internet durant des examens de fin d'études."

Suffisant pour éviter de tricher lors des examens ? Si les Danois utilisent des logiciels permettant de détecter toute forme de plagiat, comme "plag tracker", il est impossible de savoir si certains élèves communiquent entre eux pendant l'examen. Sauf que, selon certains professeurs, la nature des questions ne permet pas d'avoir une réponse toute faite et donc duplicable. Certains élèves expliquent aussi que, stress oblige, ils n'ont pas vraiment le temps de solliciter leurs camarades en pleine épreuve. 

Evaluation continue et questionnaire à choix multiple

En France, on n'en est pas là, même si des initiatives commencent à voir le jour dans plusieurs lycées et universités. A la faculté de santé de l'université Lyon-I, par exemple, des étudiants ont passé leur examen sur tablette tactile.

La fédération des établissements scolaires publics innovants (FESPI) lance également des pistes de réflexion pour évaluer différemment les élèves tout en continuant de les préparer à l'examen national. "On défend une école différente avec des établissements publics qui mettent en place une approche nouvelle des savoirs, détaille Audrey Maurin, déléguée générale du FESPI. On travaille beaucoup dans l'interdisciplinaire et la pédagogie de projets. Pour le bac, on défend notamment les projets de type travaux personnels encadrés (TPE). Le but, c’est de miser sur les apprentissages de long terme. Si l’élève travaille son projet, ce n'est ni du bachotage, ni une situation où il peut être mis en échec ou surpris. Et c'est là où les élèves prennent conscience de leur apprentissage.”

Favoriser l'évaluation continue, simplifier le baccalauréat et mieux préparer les bacheliers à l'enseignement supérieur, telles étaient d'ailleurs les pistes de réflexion d'un rapport de l'Education nationale publié en décembre 2011. Le questionnaire à choix multiple est qualifié de "modalité très adaptée à l'évaluation des connaissances sur un champ très large [...] qui permettrait de ne pas se limiter aux connaissances de la seule année soit de terminale, soit de première." 

"Sur le bac, on est au niveau zéro de la réflexion"

Avec quelles conséquences sur le bac ? Le ministère de l'Education nationale affirme que l'examen "a connu de grandes évolutions. Avec le bac professionnel notamment il y a énormément de contrôle continu." Mais pour Valérie Marty, présidente de la fédération des parents d'élèves de l'enseignement public, la réflexion sur le bac est minime : "Il n’y a rien qui a vraiment été fait pour repenser le bac. On a plutôt le sentiment à l'heure actuelle qu'il ne faut surtout pas y toucher." 

Le secrétaire national du syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale, Philippe Tournier va plus loin : "Sur le bac, on est au niveau zéro de la réflexion. Le problème, c'est que tout le monde repousse la prise de décision à plus tard, se désole-t-il. Le paradoxe français, c'est que l'on a un système très centralisé, mais que l'on a un pouvoir politique inexistant en éducation. Et ces dernières années, on a assisté à un défilé de ministres qui ont fait des annonces tonitruantes. Mais à l’arrivée, il ne se passe rien."

Selon l'enquête du programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa) 2012, qui évalue dans 65 pays les compétences des élèves de 15 ans, la France compte parmi les pays où le niveau d'anxiété d'être évalué est le plus élevé. Du coup, cela ne risque pas de changer.

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