Afrique du Sud : une organisation militaire pour protéger les rhinocéros
La conférence mondiale sur les espèces sauvages se réunit à partir du samedi 24 septembre à Johannesburg pour aborder notamment le sort des rhinocéros. Leur protection fait l'objet d'un combat quotidien dans le Parc national du Kruger.
A Johannesburg, en Afrique du Sud, s’ouvre samedi 24 septembre la 17e session de la Conférence des Parties de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES). Les débats prévus jusqu’au 5 octobre vont par exemple aborder le sort particulier des rhinocéros, pourchassés dans le Parc national du Kruger, joyau du tourisme sud-africain.
Une réserve qui attire les braconniers
En Afrique du Sud, 702 rhinocéros ont été abattus par les braconniers depuis le début de l’année 2016, dont 458 dans le seul Parc national du Kruger. Le tableau de chasse illégale peut paraître effrayant et pourtant les chiffres sont en baisse par rapport à 2015. Cette réserve sud-africaine de la taille de la Belgique concentre la plus grande population de rhinocéros au monde. Ces animaux sont pourchassés pour leur corne. Elle est vendue en poudre pour plusieurs milliers d’euros le gramme sur le marché asiatique où la croyance traditionnelle leur accorde de supposées vertus curatives.
Depuis le début de cette année, 414 braconniers présumés ont été interpellés en Afrique du Sud, dont 177 dans le Parc national du Kruger, selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Environnement début septembre.
Dans le Parc national du Kruger, les rangers en charge de la conservation se battent au quotidien contre le braconnage avec des moyens de plus en plus sophistiqués. Ils doivent s'adapter à des braconniers toujours à la pointe de l'équipement.
Des chiens endurants
Au centre d’entrainement de la brigade canine du Parc Kruger, les chiens s’agitent dans leurs enclos à l’approche des visiteurs. Ces bergers malinois sont dressés pendant plusieurs mois et entrainés au quotidien pour suivre la trace des braconniers. Johan De Beer, l’un des responsables de cette brigade spécialisée, décrit sa brigade : "Nous avons 52 chiens dans le Parc Kruger. Il s’agit de chiens de détection aux entrées du parc et de chiens anti-braconnage".
Johan De Beer détaille le rôle précieux des bergers malinois. "Si un braconnier s’infiltre le soir dans le parc, nous pouvons suivre sa piste le lendemain, jusqu’à 13 ou 14 heures plus tard", explique-t-il. "Les bergers malinois peuvent marcher sur 20 ou 23 km, parfois jusqu’à 28 km si nécessaire", ajoute-t-il pour décrire l'endurance de son aide canine.
Dès qu’une carcasse de rhinocéros est découverte, les chiens sont appelés en renfort. A l’entrainement, ils sont lancés sur la piste d’un faux braconnier. "Une partie très importante de notre équipement, c’est ce collier GPS" montre Johan De Beer. "Si un chien s’enfuit, nous pouvons toujours le retrouver. Ce collier coûte 1.500 euros. C’est cher, mais vu le travail de ces chiens ça vaut le coup".
Des rangers soumis au stress des soldats
Avec l’explosion du braconnage ces dernières années, les rangers sont de plus en plus équipés et entraînés à faire face à des gangs aux méthodes paramilitaires. C’est d’ailleurs un ancien commandant de l’armée à la retraite, le général Johan Jooste qui supervise les opérations. "Oui c’est triste d'en arriver là, dit-il et c’est cher. L’équipement de nuit, le kit de survie… Idéalement, cet argent devrait être investi dans la conservation". "Mais nous sommes en mission pour sauver les rhinocéros, et nous devons préparer et protéger nos rangers" ajoute l'ancien militaire.
La militarisation du travail des rangers n’est pas sans conséquence estime Nicholus Funda, l’un de leurs chefs, en expliquant qu'il doit protéger les rangers contre les braconniers qui s’infiltrent dans le parc "avec des armes de gros calibre". "Ces gars sont employés comme rangers, mais ils se retrouvent à faire un travail de soldats. Nous travaillons avec des psychologues pour soigner les syndromes de stress post traumatique, car nous ne voulons pas qu’ils soient trop affectés mentalement" poursuit Nicholus Funda.
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