Cet article date de plus de sept ans.

Trois questions sur les macaques euthanasiés dans les Landes

Les animaux étaient porteur de l'herpès B, une maladie potentiellement mortelle pour l'homme, justifie la préfecture.

Article rédigé par Licia Meysenq
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Un macaque dans la province de Guizhou en Chine, le 9 mai 2016. (YANG WENBIN / XINHUA)

Il s'agit d'une "tuerie scandaleuse", selon la fondation Brigitte Bardot. Des défenseurs des animaux s'indignent après l'euthanasie, vendredi 19 mai à Labenne (Landes), de quelque 150 macaques de Java (Indonésie). Franceinfo vous explique les raisons de cette décision en trois points.

D'où viennent ces singes ? 

Ces macaques appartiennent à La Pinède des singes, une entreprise mise en liquidation judiciaire en 2016, après avoir vu son activité suspendue par arrêté préfectoral en janvier de la même année. "De graves dysfonctionnements dans la prise en charge des primates" avait motivé cette décision.

Dans le rapport, il était notifié que le personnel n'était pas suffisant et que des évasions avaient été constatées. La préfecture évoque également une reproduction non maîtrisée qui avait provoqué l'explosion de la population en quelques années, mais surtout des mesures insuffisantes pour éviter l'apparition ou la propagation de maladies.

Pourquoi les euthanasier ? 

Selon la préfecture des Landes, la majorité des singes du cheptel étaient porteurs de l'herpès B. "Ce virus est très répandu chez les macaques, qui ne présentent aucun symptôme, explique Fanélie Wanert, vétérinaire au centre de primatologie de Strasbourg. Mais chez les humains, il peut être mortel. On a recensé une quarantaine de contaminations et 24 morts." Non traité, il entraîne chez l'homme une encéphalomyélite, mortelle dans 80% des cas. "Ses séquelles neurologiques et cognitives sont sévères et invalidantes en cas de survie", détaille la préfecture des Landes dans un communiqué.

Le virus se transmet, aux singes comme aux humains, via les fluides de l'animal : "Par la salive lorsqu'il mord, par exemple", explique la vétérinaireCette transmission n'est pas automatique. "Comme pour l'herpès qui touche les humains, il y a des périodes de résurgence, notamment quand le singe est stressé." Cependant, la vétérinaire, tout comme la préfecture, jugent que les risques sont élevés.

L'euthanasie aurait-elle pu être évitée ?

Si Fanélie Wanert n'est pas enchantée par cette décision de la préfecture, elle a du mal à envisager d'autres solutions : "Face aux risques sanitaires que cette maladie présente pour les êtres humains, il faut intervenir." Difficile de leur trouver un nouveau foyer. Avant que des tests ne décèlent l'herpès B en 2017, l'Etat avait cherché à les replacer "dans des conditions d’accueil conformes au bien-être animal". "Avec le virus, c'est impossible à faire, explique la vétérinaire. Des examens doivent être effectués avant de transporter les animaux ailleurs et les parcs zoologiques ne peuvent pas introduire ce virus dans leurs locaux."

Fanélie Wanert souligne qu'il faut beaucoup d'espace et de ressources pour accueillir 150 macaques, ce qui n'est pas donné à tous les parcs zoologiques. Et ne pensez pas à le recueillir vous-même. "Ce n'est pas un animal de compagnie, une bonne âme ne peut pas du tout accepter cet animal." Pour cela, il faut posséder une autorisation spéciale de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites)

Une partie des internautes ont soulevé l'idée de renvoyer ces singes en Indonésie où l'espèce est présente de manière endémique, contrairement à la France où elle est importée. 

Une aberration pour Fanélie Wanert : "Il est impossible de réintroduire dans la nature des singes qui ont été au contact d'humains, on ne sait pas comment ils peuvent réagir. Sans parler de l'idée de mettre des macaques malades au contact d'autres singes." 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.