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Fin du broyage des poussins : "Ça pose un problème de compétitivité", selon le vice-président de la FNSEA

Un décret publié dimanche laisse jusqu'à la fin de l'année aux couvoirs pour mettre fin au broyage des poussins mâles. Selon le vice-président du premier syndicat agricole, cela va entraîner un surcoût de 2 à 4 centimes pour six œufs. 

Article rédigé par franceinfo - Margaux Queffélec
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des poussins dans un élevage de Tennie (Sarthe), le 29 septembre 2021. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

La fin du broyage des poussins mâles à la naissance dans la filière des poules pondeuses en France se précise. Selon un décret paru dimanche 6 février au Journal officiel, le gouvernement laisse aux couvoirs jusqu’à fin 2022 pour changer leur pratique et arrêter d’éliminer à la naissance ces poussins, sans intérêt d’un point de vue économique puisqu’ils ne pondent pas. On estime qu’environ 50 millions de poussins sont ainsi tués chaque année en France. 

Pour se mettre en conformité avec la loi, les couvoirs doivent en effet s’équiper de machines d’ovosexage, capables de déterminer le sexe de l'embryon et donc de trier les mâles des femelles avant la naissance. Une méthode qui a aussi un coût : entre 47 et 50 millions d'euros par an selon la filière, qui est en pleine discussion pour que les prix se répercutent le moins possible sur les consommateurs. 

"2 à 4 centimes pour six oeufs"

Cela va occasionner des coûts supplémentaires d'adaptation pour la filière, de "2 à 4 centimes pour six oeufs", estime sur franceinfo Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA chargé de l'agriculture biologique. 

Selon le représentant du premier syndicat agricole, "cela pose un vrai problème de compétitivité de notre filière". "Il y a des aides de l'Etat pour la mise en œuvre du process et l’investissement mais il n'y a pas une prise en charge totale, donc les couvoirs prennent des risques en termes d’investissement", explique Étienne Gangneron. 

Autre point : tenir le calendrier d'ici la fin 2022. La filière, qui se prépare depuis 2018 à cette mesure, a un an pour mettre en place l'ovosexage. Un véritable challenge souligne Philippe Juven, président de l'interprofession de l'oeuf : " Ça va dans le sens de ce que l'on souhaitait faire. On est sur des technologies nouvelles. Ça nécessite des mises au point dans les pratiques et dans les réglages de toutes ces machines. Et donc, il faut un peu de temps."

Harmonisation des normes européennes

Pour rentabiliser cet investissement, les couvoirs "devront vendre un peu plus cher les poussins aux éleveurs et donc, derrière, il faut que les éleveurs vendent un peu plus cher les oeufs", assure de son côté Étienne Gangneron. "Dans d'autres filières, on a vu que le consommateur ne regardait que le prix", s’inquiète celui qui est également éleveur et agriculteur bio dans le Cher. 

"Si les consommateurs ne veulent pas prendre en charge ce coût et qu'ils achètent des œufs importés qui viennent d'autres pays qui n'appliquent pas cette méthode, on n'aura rien gagné pour le bien-être animal", explique l’agriculteur. Il dit compter sur l’"engagement de l'ensemble des maillons de la filière, consommateurs inclus". L'interprofession de l'Oeuf réclame, elle, une harmonisation des normes européennes pour ne pas souffir de concurrence déloyale. 

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