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"Touche pas à mon église" : l'appel signé par Nicolas Sarkozy, Jeannette Bougrab, Eric Zemmour…

Plusieurs personnalités de droite, dont l'ancien président de la République, s'associent à l'écrivain Denis Tillinac pour demander aux pouvoirs publics de ne pas transformer les églises de France en mosquées. 

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une église située dans le parc national des Ecrins (Hautes-Alpes), photographiée début juin 2015. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

"Croyants, agnostiques ou athées, les Français savent de la science la plus sûre, celle du cœur, ce qu’incarnent les dizaines de milliers de clochers semés sur notre sol par la piété de nos ancêtres : la haute mémoire de notre pays." L'écrivain Denis Tillinac publie dans Valeurs actuelles, jeudi 9 juillet, un plaidoyer intitulé "Touche pas à mon église".

Un mois après la proposition – vite démentie – de Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris, de transformer certaines églises en mosquées, le débat prend aujourd'hui la forme d'une pétition signée par des personnalités de droite. Parmi elles, Nicolas Sarkozy, Jeannette Bougrab, Charles Beigbeder, Eric Zemmour, Alain Finkielkraut ou encore Elisabeth Lévy.

"Une église n’est pas une mosquée, et prétendre que 'les rites sont les mêmes' relève d’un déni de réalité scandaleux, affirme l'écrivain, connu pour son attachement à la Corrèze et ses villages pittoresques. Les maires de nos communes rurales, fussent-ils allergiques au goupillon, entretiennent tous leur église avec une sollicitude filiale. Elle ennoblit leur village ; à tout le moins, elle le patine et ils en conçoivent une fierté légitime." Selon Denis Tillinac, les églises représentent "l'âme" de la France. 

Inscrits au plus profond de notre paysage intérieur, les églises, les cathédrales, les calvaires et autres lieux de pèlerinage donnent sens et forme à notre patriotisme.

L'écrivain Denis Tillinac

"Valeurs actuelles", jeudi 9 juillet

Jeannette Bougrab "défend le respect du patrimoine"

Pourquoi les signataires se sont-ils associés à ce texte, malgré le rétropédalage de Dalil Boubakeur ? Interrogée par francetv info, Jeannette Bougrab, ancienne présidente de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations, a voulu apporter son soutien à Denis Tillinac car "c'est un homme remarquable, un républicain engagé et un brillant intellectuel". "Je suis athée, laïque, mais je défends le respect du patrimoine, auquel je suis très attachée. C'est comme la destruction de Palmyre [en Syrie], cela me choque." 

L'entrepreneur et ancien candidat UMP Charles Beigbeder estime, de son côté, que "les chrétiens ont été révulsés" par la proposition de Dalil Boubakeur. "Il est important que les identités religieuses et culturelles soient respectées, dit-il à francetv info. Une église consacrée n'est pas seulement quatre murs et un toit, c'est un bâtiment qui touche au plus profond de l'homme, chargé d'une connotation surnaturelle très forte." Juge-t-il excessive la référence du titre de la pétition ("Touche pas à mon église") à la campagne de SOS Racisme dans les années 1980 ("Touche pas à mon pote") ? "Non. Ça, c'est simplement de la com."  

Si les musulmans de France veulent se doter de lieux de prière ou de mosquées, c'est à eux de le faire, en finançant les études et les éventuelles constructions, sans avoir recours à des pays étrangers qui ne respectent pas les droits de l'homme.

Charles Beigbeder

Entrepreneur

Le nouveau président du CFCM n'a pas été prévenu

Egalement signataire du texte, Nicolas Sarkozy confirme avec cette tribune sa volonté d'investir le terrain identitaire. La porte-parole des Républicains Lydia Guirous, elle-même auteure du livre Allah est grand, la République aussi, justifie le choix du président du parti : "Cette tribune n'érige pas de 'bons' Français, attachés à leurs églises, contre de 'mauvais' Français, qui y seraient indifférents. Le texte de Denis Tillinac est une reconnaissance de l'histoire de France. Pour Nicolas Sarkozy, c'est une façon de dire son amour pour son pays." 

Selon elle, "la provocation" ne vient pas des signataires du texte mais "de Dalil Boubakeur, qui avait pris le risque de ranimer certaines peurs, dans le contexte actuel". Plutôt que d'évoquer la construction de lieux de prière musulmans, la porte-parole insiste sur la nécessité de "parler des mosquées salafistes, qui sont une centaine en France", et de "lutter contre l'islam radical"

Mardi soir, Nicolas Sarkozy était auprès de représentants du Conseil français du culte musulman (CFCM) pour rompre le jeûne du ramadan, à la grande mosquée de Paris. Anouar Kbibech, qui a succédé à Dalil Boubakeur à la tête du CFCM fin juin, indique à Metronews que Nicolas Sarkozy ne l'a pas informé de la parution de la tribune, le lendemain. "Le ton utilisé [dans la tribune] est très fort mais nous sommes dans un pays de liberté d'expression, je respecte cette prise de parole. Mais je le répète : pour nous, musulmans, la question est déjà close."

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