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Violences sexuelles dans l’Église : "Je m'attendais à des choses mais pas à aussi important", reconnaît le père Pierre Vignon

"À chaque fois c'est pire", se désespère le père Pierre Vignon après l'annonce de la mise en cause de 11 anciens évêques pour violences sexuelles.

Article rédigé par franceinfo
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Le père Pierre Vignon, le 18 août 2022. (JEAN-PIERRE CLATOT / AFP)

"Je m'attendais à des choses, parce que j'avais des éléments, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi important", reconnaît mardi 8 novembre sur franceinfo Pierre Vignon, prêtre du diocèse de Valence. La veille à Lourdes, la Conférence des évêques a annoncé que 11 anciens évêques ont été "mis en cause" devant la justice civile ou la justice de l'Église pour des signalements de violences sexuelles.

"Depuis cinq ans, la crise qui existe déjà depuis longtemps, s'est aggravée, et à chaque fois, c'est pire", constate le prêtre drômois qui avait écrit une lettre ouverte en 2018 au cardinal Barbarin pour demander publiquement sa démission. "Ce n'est pas une catastrophe absolue que les choses sortent. Je salue même le courage d'Éric de Moulins-Beaufort et des autres évêques qui ont appelé à le faire".

Dans cette liste dévoilée par le président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort, il y a le cardinal Jean-Pierre Ricard. L'ancien archevêque de Bordeaux a décidé de se "mettre à la disposition de la justice" après avoir reconnu s'être "conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans", il y a 35 ans, quand il était curé.

>> Violences sexuelles. "J'ai décidé de ne plus taire ma situation" : l'ancien archevêque de Bordeaux, Jean-Pierre Ricard, reconnaît une conduite "répréhensible" sur une mineure

C'est pourtant Jean-Pierre Ricard, ancien président de la Conférence des évêques, qui avait encouragé la hiérarchie de l'Église à sortir du silence, à dénoncer ces affaires. Il avait demandé au cardinal Barbarin de prendre la parole et de s'expliquer. "Ça montre la gravité du problème systémique qui avait été souligné l'année dernière" avec le rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église), constate Pierre Vignon. Ce rapport "avait été très critiqué par certains à Rome, il est en fait une réalité. Le côté systémique ne signifie pas que la foi chrétienne catholique implique nécessairement ce genre d'actes, mais dans son mode de fonctionnement, tel qu'il est actuellement, non réformé, il permet que certains puissent le faire", conclut le prêtre du diocèse de Valence.

"L'ambiguïté fondamentale se trouve à Rome"

Dans "tout ce déballage", Pierre Vignon préfère "voir du positif : la preuve est fournie que la hiérarchie de l'Église, les évêques, ne sont pas ceux capables de sauver l'Église. Ceux qui sont capables de la sauver aujourd'hui, ce sont les laïcs. C'est la prise en main effective par l'action et la coordination du laïcat telle qu'elle avait été mise en place par le concile Vatican II."

"D'un côté, il ne faut pas accuser non plus trop facilement les évêques de France, avertit Pierre Vignon. Ils ont fait de la rétention d'information, mais ils l'ont fait, en raison de Rome qui leur demande de ne pas dire. Et donc l'ambiguïté fondamentale se trouve à Rome, et c'est à Rome qu'elle est à régler".

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