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Discours d'Emmanuel Macron devant les évêques : "Jamais un président ne s'était adressé de cette manière-là aux catholiques"

Guillaume Goubert, le directeur de la rédaction du journal "La Croix", a indiqué lundi sur franceinfo que le discours d'Emmanuel Macron devant les évêques de France était "très étonnant".

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron avec l'archevêque de Paris, Michel Aupetit, le 10 avril. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Emmanuel Macron a tenu lundi 10 avril au soir un discours devant la Conférence des évêques de France. Le président a déclaré vouloir "réparer" le lien "qui s'est abîmé", selon lui, entre l'Église catholique et l'État français. Le directeur de la rédaction du quotidien La Croix, Guillaume Goubert, a réagi sur franceinfo lundi.

franceinfo : Est-ce qu'un président de la République s'était déjà engagé autant devant des évêques ?

Guillaume Goubert : Jamais un président de la République ne s'était adressé de cette manière-là aux catholiques. C'était un discours très étonnant, où il a fait preuve d'un nombre considérable de références, très précises, montrant que c'était un univers qu'il connaissait très bien.

Comprenez-vous que certaines personnes disent aujourd'hui que cela va à l'encontre de la laïcité ?

Je ne suis pas surpris qu'ils le disent, mais ça ne me paraît pas exact. Le terrain sur lequel s'est placé Emmanuel Macron est celui du dialogue entre l'État et les religions, c'est-à-dire de savoir si l'État et les religions ont des choses à se dire. Et quand je dis les religions, c'est bien au pluriel. Ce n'est pas seulement l'Église catholique, cela peut concerner le protestantisme, cela peut concerner l'islam, le judaïsme. Ce qu'il a prôné est un dialogue. Quand il a parlé d'un lien qui s'était abîmé, c'était pour dénoncer le fait que d'un côté, une partie de la classe politique  - il ne l'a pas dit mais entendez la droite - a surjoué l'attachement catholique pour des raisons qui n'étaient que trop souvent électoralistes. Et de l'autre côté - entendez la gauche - on a trouvé toutes les raisons de ne pas écouter les catholiques, les reléguant par méfiance au rang de minorité militante contrariant l'unanimité républicaine. Et c'est une définition qui me paraît assez exacte. Donc pour sortir de ce double écueil, il prône un dialogue entre l'État et l'Église catholique, tout en disant bien que ce serait un dialogue très inconfortable.

Et cela quitte à écorner le principe de séparation des Églises et de l'État, selon vous ?

Non, je ne vois pas en quoi. Sur les sujets qui fâchent, il n'a rien annoncé et n'a rien concédé. Il n'a absolument pas préempté la suite du débat bioéthique, sur la question de l'immigration, de l'accueil des migrants qui préoccupe beaucoup de catholiques. Il a défendu sa politique qu'il a qualifiée d'humanisme réaliste et je pense que beaucoup de militants associatifs catholiques considèrent que c'est une politique beaucoup plus réaliste qu'humaniste et qu'ils ne sont pas du tout contents.

Mais n'y a-t-il pas là une façon de mettre l'Église plus au centre du débat public, et de fâcher des partisans de la laïcité ?

C'est vrai qu'il reconnaît un rôle aux religions dans le débat public de manière plus claire et plus affirmée que ses prédécesseurs. Il y a un dialogue institutionnel qui a lieu tous les ans entre le Premier ministre et les principaux responsables de la conférence épiscopale. Ce sont des réunions techniques, qui ne sont pas publiques pour régler des problèmes pratiques. Et c'est Lionel Jospin qui les a instituées. Lionel Jospin qui n'était pas précisément pour la confusion de l'Église et de l'État. C'est normal qu'il y ait des relations entre les organisations religieuses et la puissance publique dans un pays démocratique. Simplement Emmanuel Macron l'affirme avec un peu plus de panache que ses prédécesseurs.

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