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Fatima Mernissi, sociologue et féministe marocaine

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Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Nourrie pas l’envie de défendre la place des femmes musulmanes dans le monde et au Maroc, Fatima Mernissi a laissé derrière elle une œuvre engagée sur l’islam, le féminisme et la modernité.

"C’est uniquement si les hommes et les femmes travaillent ensemble, et si les hommes utilisent les cerveaux des femmes, qu’ils peuvent réussir. Pour moi, c’était ça l’islam." Fatima Mernissi était une sociologue et féministe marocaine engagée. Elle a consacré sa vie à défendre la place des femmes musulmanes dans le monde et dans son pays. 

Le Sénat français, où il y a moins de 4% de femmes, c’est un harem

Fatima Mernissi

Née à Fès en 1940, Fatima Mernissi a grandi entourée des femmes de sa famille dans un harem domestique. Elle étudie dans l’une des première écoles privées du Maroc et poursuit un cursus de lettres dans son pays. Puis, après des études à la Sorbonne à Paris, elle part étudier la sociologie aux États-Unis. Dans les années 1980, elle décide de retourner au Maroc pour enseigner la sociologie à l’université Mohammed V de Rabat.

Elle se lance ensuite dans une carrière littéraire. Dès son premier livre, elle s’interroge sur la place des femmes musulmanes dans le monde et la question de leur exclusion des sphères publiques et politiques. Son livre Le harem politique, publié en 1987, est interdit au Maroc. Mais Fatima Mernissi ne se laisse pas intimider : "Je suis très fière de ce livre. Je le revendiquerai et je le revendique. J’écrirai toujours sur ces thèmes et je ne crois pas que quoi que ce soit va me faire changer d’avis sur ma liberté d’expression."

Puis sa carrière littéraire explose. Son livre Rêves de femmes, une enfance au harem, qui mêle récit autobiographique et réflexion sociologique, est traduit en 25 langues. Elle y évoque sa définition du harem : "C’est un espace qui est mono-sexe. Et dans ce cas-là, le Sénat français, où il y a moins de 4% de femmes, c’est un harem." En 2003, elle est récompensée du Prix Prince des Asturies, équivalent du prix Nobel espagnol. 

La seule Marocaine à figurer dans le classement des 100 femmes les plus influentes du monde arabe

En parallèle, elle mène un combat pour le féminisme dans la société civile. Dans les années 1990, elle s’engage au sein de plusieurs associations marocaines qui militent pour les droits des femmes et leur éducation. En 2012, elle est la seule Marocaine à figurer dans le classement des 100 femmes les plus influentes du monde arabe du magazine Arabian Business.

Décédée en novembre 2015, elle laisse derrière elle une œuvre engagée sur l’islam, le féminisme et la modernité.

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