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Orpea : auditionnés à l'Assemblée nationale, les dirigeants du groupe ont livré un "discours creux" qui n'a pas convaincu les députés

Plusieurs élus ont fait part de leur déception après avoir entendu les réponses du groupe. La présidente de la Commission des affaires sociales a même décidé de mettre un terme à l'audition.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le PDG d'Orpea Philippe Charrier (au centre) lors de son audition par la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, le 2 février 2022. (ALAIN JOCARD / AFP)

Le nouveau PDG d'Orpea, Philippe Charrier, ainsi que le directeur général France, Jean-Christophe Romersi, étaient auditionnés devant la Commission des Affaires sociale de l'Assemblée nationale, mercredi 2 février. Les députés les ont pressés de questions après les révélations du livre-enquête Les Fossoyeurs (éd. Fayard), qui liste une série de dysfonctionnements dans les établissements du groupe. Pressé de questions par les députés, Philippe Charrier a nié l'existence d'un système "consistant à optimiser le profit pour rationner nos prestations" au sein du groupe.

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"Je vous l'affirme : ce système n'existe en aucun cas à Orpea. Le vrai système Orpea, c'est qu'à tous les niveaux on essaie de prendre soin des personnes qui nous sont confiées". Le PDG a ajouté que les événements indésirables étaient suivis de près. "Nous les rapportons aux autorités de santé, nous menons des investigations et nous corrigeons", a assuré Philippe Charrier, évoquant 391 "événements indésirables" en 2021, dont "36 suspicions de maltraitance". Il a également vanté la position d'Orpea, "un leader mondial" – "la France n'en a pas beaucoup. Les plus belles entreprises sont fragiles", a-t-il dit, appelant à ne pas "détruire les plus belles entreprises avec des allégations".

Les députés agacés par les réponses du groupe

Le responsable du groupe n'a pas vraiment convaincu les députés présents. "La représentation nationale, je vous le dis franchement, est déçue par la qualité de vos réponses – ou de l'absence de réponses", a déclaré Fadila Khattabi (LREM), la présidente de la commission, qui recevra prochainement l'auteur de l'enquête, le journaliste Victor Castanet. Lui aussi "outré", Nicolas Turquois (Modem) a reproché aux deux dirigeants un "discours creux sur de grands principes", suivi d'"arguments technico-administratifs, des chiffres qui ont noyé le poisson".

"J'espérais de vous transparence et humilité, que vous devez aux contribuables français et à leurs familles. Mais honnêtement quelle déception !"

Laetitia Romeiro-Dias, députée LREM

Commission sociale de l'Assemblée nationale

Le livre-enquête Les Fossoyeurs décrit le rationnement des fournitures médicales et de la nourriture dans des établissements aux tarifs pourtant très élevés, une maltraitance chronique des résidents, des objectifs financiers imposés à des directions contrôlées de très près par le siège. Des accusations que le groupe réfute en bloc. Les autorités ont annoncé mardi l'ouverture d'une "double enquête" administrative confiée aux inspections générales des affaires sociales (Igas) et des finances (IGF). Les établissements du groupe feront l'objet de "contrôles inopinés" diligentés par les services de l'Etat.

Le gouvernement a promis d'ici la fin du mois des propositions pour éviter que de telles dérives ne se reproduisent. La secrétaire d'Etat chargée de l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, veut faire en sorte que les établissements privés lucratifs soient considérés comme des "entreprises à mission", en vertu des dispositions de la loi Pacte de 2019. Ce statut suppose qu'un organisme tiers indépendant vérifie que l'entreprise répond aux objectifs de sa mission, en l'occurrence "le soin, la bientraitance", selon la ministre.

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