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Dominique de Villepin, Imad Lahoud, Jean-Louis Gergorin, Philippe Rondot, Denis Robert : casting du procès Clearstream

Article rédigé par France2.fr
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Dominique de Villepin au tribunal correctionnel de Paris le 29/09/09 (AFP Martin Bureau)

Dominique de Villepin
Dominique de Villepin, 56 ans, est selon les juges d'instruction, l'instigateur de la manipulation de documents au coeur de l'affaire. Pour le parquet, il est "complice par abstention".

L"ancien secrétaire général de l'Elysée, ex-ministre des Affaires étrangères, de l'Intérieur et ancien Premier ministre, nie les faits et dit avoir été de bonne foi.


Il est jugé pour "dénonciation calomnieuse, faux et usage de faux, recel d'abus de confiance et recel de vol". Le procureur de la République de Paris a requis contre lui dix-huit mois de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende.

Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy sont des ennemis "irréconciliables", a jugé l"un des proches du premier. La rivalité entre le chiraquien avec l"actuel président remonte à 1994. A l"époque, le premier dirige le cabinet d'Alain Juppé, alors chef de la diplomatie française, et le second est ministre du Budget. Dominique de Villepin soupçonne Nicolas Sarkozy d'avoir déclenché un contrôle fiscal contre son père, Xavier de Villepin, sénateur des Français de l'étranger.

Pourtant, en 1997, Dominique de Villepin organise les retrouvailles entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Il plaidera même pour sa nomination à Matignon, en 2002.

Mais, en 2006, l"échec du CPE et la révélation de l"affaire Clearstream vont contraindre le premier ministre Villepin à tirer un trait sur ses ambitions présidentielles de 2007. Impuissant, il assiste alors au couronnement de son ennemi juré.

Imad Lahoud

Dans le dossier, Imad Lahoud est soupçonné d"être le falsificateur des listings bancaires sur lesquels figure, entre autres, le nom de Nicolas Sarkozy.

Mathématicien, né le 7 octobre 1967, il est le fils d"une bonne famille libanaise, et le gendre de François Heilbronner, un ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac.

Imad Lahoud, qui a grandi dans un modeste appartement parisien, est décrit comme brillant, charmeur, insaisissable, manipulateur, menteur. Titulaire de deux DEA, l"un de « physique des solides », l"autre de « probabilité et processus aléatoires », il est embauché dans les années 90 comme trader chez Merril Lynch, à Londres, pour spéculer sur les produits dérivés financiers. Avec son culot et son goût du jeu, il y fait des merveilles.

Mais en octobre 2002, Imad Lahoud n"est qu"un trader sans scrupule qui vient de passer trois mois à la prison de la santé. Une détention provisoire suite à la faillite du fonds d"investissement Volter qu"il a créé avec son beau-père. Pourtant à sa sortie, Imad Lahoud est protégé par les services secrets français qui pensent tenir grâce à lui la clé du trésor caché d"Oussama Ben Laden. Un échec cuisant.

Il fait alors savoir qu"il a en sa possession des documents explosifs. : des listings bancaires compromettant des politiques et de grands chefs d"entreprises. Pourquoi ce coup d"éclat ? "Mon gendre a un goût très fort de réussir et d'être considéré. Il peut lui arriver d'embellir la réalité", a dit de lui son beau-père. Un euphémisme quand on sait qu"il a la réputation d"être un menteur à la limite de la pathologie voire un mythomane génial.

Finalement – ou au début – les soi-disant documents brûlants d"Imad Lahoud intéressent son nouveau patron, Jean-Louis Gergorin, à l"époque vice-président d"EADS. Ils atterriront sur le bureau du premier ministre d"alors, Dominique de Villepin.

Jean-Louis Gergorin

Enarque, polytechnicien de 63 ans et père de quatre enfants, Jean-Louis Gergorin a vu sa carrière brisée par cette affaire alors qu'il était un ponte d'EADS: le groupe aéronautique l'a licencié en juin 2006 et a engagé une procédure judiciaire pour les facilités matérielles qu'il aurait accordées au nom du groupe à Imad Lahoud.

"Dans cette affaire, je ne suis pas le corbeau mais plutôt le pigeon", explique pour sa défense M. Gergorin, qui assure avoir cru jusqu'au bout à la véracité des listings sur lesquels les enquêteurs ont noté la présence de noms illustres.

Obsédé par la théorie des complots, M. Gergorin est convaincu que son ancien patron Jean-Luc Lagardère n'est pas décédé de mort naturelle mais a été assassiné par des oligarques russes.

Philippe Rondot

Ex-conseiller du ministre de la Défense pour le renseignement et les opérations spéciales (Cros), Philippe Rondot a été témoin assisté dans l"enquête et a été entendu comme témoin au procès.

Fin 2003, Michèle Alliot-Marie, alors garde des Sceaux, le charge d"une enquête sur des personnels du ministère figurant sur les listings. Au premier semestre 2004, il poursuit ses investigations à la demande de Dominique de Villepin, son ami.

Ses kilos de notes vont devenir la trame principale du dossier, ce qui – dans cette affaire - lui a valu le surnom du « scribe ». Homme de terrain, Philippe Rondot parle cinq langues, il a traqué avec succès les criminels de guerre en Bosnie, a cherché à retracer les circuits de financements terroristes d"Oussama Ben Laden, et a arrêté le terroriste Carlos. Il est un grand homme du renseignement français.

Denis Robert

Denis Robert, est un journaliste indépendant de 51 ans. Il a écrit en 2001 un livre sur la société Clearstream ainsi que plusieurs autres et des films où il accuse cette société de malversations planétaires, de blanchiment d"argent.

Il est jugé pour "recel d'abus de confiance et de vol" pour avoir apporté les documents authentiques ayant servi à la manipulation. Le parquet a demandé sa relaxe.

Florian Bourges

Florian Bourges, 31 ans, est consultant chargé d'un audit sur Clearstream. Il s'est procuré des listes de comptes authentiques qu'il a remises à Denis Robert. Jugé pour "abus de confiance et vol".

Le parquet a demandé à son encontre quatre mois de prison avec sursis.

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