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A son procès, André Bamberski assume l'enlèvement du Dr Krombach

André Bamberski, jugé pour avoir fait enlever en Allemagne le Dr Dieter Krombach, responsable de la mort de sa fille en 1982, en vue de le livrer à la justice française, a revendiqué son acte jeudi devant le tribunal correctionnel de Mulhouse.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (André Bamberski à son arrivée au tribunal correctionnel de Mulhouse © maxppp)

"J'ai pris la décision générale de faire transporter le docteur Krombach d'Allemagne en France ", a dit aux juges André Bamberski, un ancien expert-comptable de 76 ans. Il refuse cependant de parler d'enlèvement et nie avoir commandité une opération qui lui aurait été proposée. André Bamberski est jugé pendant deux jours par le tribunal correctionnel de Mulhouse.

C'est dans cette ville proche de la frontière allemande que Dieter Krombach, médecin allemand , âgé à l'époque de 74 ans et sous le coup d'un mandat d'arrêt en France, avait été découvert par la police le 18 octobre 2009 au petit matin, bâillonné, le visage tuméfié, les pieds et les poings liés.

Cette décision, "pour moi, c'était une obligation ", a-t-il en marge de l'audience. "M. Bamberski n'a pas commis une infraction, il a accompli un devoir ", a ajouté son avocat, Me Laurent de Caunes, qui plaidera la relaxe. Anton Krasniqi, jugé avec lui et deux autres co-prévenus pour arrestation, détention et séquestration en bande organisée, a assuré être l'organisateur et l'initiateur du rapt.

Ce Kosovar de 43 ans qui vit en Allemagne aurait fait sien le combat d'un père auquel il avait été sensibilisé par la sœur de sa compagne, une journaliste qui se retrouve poursuivie à Mulhouse pour association de malfaiteurs. Les 20.000 euros qu'André Bamberski avait prévu de verser au trio d'exécutants, dont l'un n'a jamais été retrouvé, n'étaient qu'une "participation aux frais ", a assuré le retraité.

Le dilemne de la justice

A la reprise de l'audience, en début d'après-midi, la présidente, Françoise Bardoux, a souligné le dilemme posé au tribunal. "Personne ne peut dire si la justice aurait pu être rendue dans les mêmes conditions sans cet enlèvement", a-t-elle dit.

Dieter Krombach, qui avait été condamné par contumace en France en 1993, a été rejugé et condamné par une cour d'assises en 2011 puis en appel en 2012. Il purge une peine de quinze ans de prison pour violences volontaires ayant entraîné la mort de Kalinka Bamberski.

L'adolescente, âgée de 14 ans, était morte mystérieusement dans la nuit du 9 au 10 juillet 1982 au domicile de Dieter Krombach, le nouveau mari de sa mère chez qui elle passait ses vacances. Une contre-enquête menée en France, et en particulier de nouvelles expertises menées sur les restes du corps de l'adolescente, ont prouvé que Kalinka avait reçu avant sa mort une dose de somnifères probablement trop forte.

L'instruction a révélé le profil de pervers sexuel du Dr Krombach auquel une série d'abus sexuels sont imputés aujourd'hui en Allemagne, avec notamment le viol d'une patiente sous anesthésie dans les années 1990, qui lui a valu deux ans de prison avec sursis. Le procès se terminera vendredi. Le jugement devrait être mis en délibéré.

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