Retour de la loi sur l'IVG à l'Assemblée nationale : "On n'a jamais pensé que c'était terminé, on n'a jamais baissé les bras", dit la rapporteure de la proposition de loi
Christophe Castaner, président du groupe LREM à l'Assemblée, a assuré que la proposition de loi visant à allonger le délai de l'IVG en France de 12 à 14 semaines fera son retour dans l'hémicycle fin novembre au plus tard.
"On n'a jamais pensé que c'était terminé", affirme ce jeudi sur franceinfo Albane Gaillot, députée Écologie démocratie solidarité du Val-de-Marne et rapporteure de la proposition de loi sur l'IVG, permettant notamment l'allongement du délai d'interruption volontaire de grossesse de 12 à 14 semaines. Le patron des députés LREM Christophe Castaner a annoncé dans une interview au Parisien/Aujourd'hui en France publiée mercredi 6 octobre qu'il allait la remettre à l'ordre du jour, en espérant un vote avant l'élection présidentielle. "On n'a jamais baissé les bras, nous menions des actions de communication tous les mois pour continuer cette mobilisation."
Comment accueillez-vous cette volonté affichée par Christophe Castaner de remettre votre proposition à l'ordre du jour ?
C'est une bonne nouvelle. Je salue d'ailleurs l'engagement pris par Christophe Castaner. Je tiens quand même aussi à saluer l'engagement sans relâche des professionnels de santé, des associations et de tous les parlementaires qui ont soutenu cette proposition de loi.
Vous pensiez que c'en était terminé pour votre proposition de loi ?
Non, on n'a jamais pensé que c'était terminé. Quand vous savez l'impérieuse nécessité de légiférer sur ce sujet, on n'a jamais baissé les bras et je peux vous assurer que nous menions des actions de communication tous les mois avec les professionnels de santé et les parlementaires, justement pour continuer cette mobilisation. Encore il y a quelques temps, nous avons organisé la projection du film L'Événement avec la réalisatrice et nous avons eu une soirée d'échanges et de débats. Non, la mobilisation n'a jamais diminué.
Qu'est-ce qui coince aujourd'hui, du côté de l'Assemblée nationale et du Sénat, sur ce passage de 12 à 14 semaines ?
Il y a plusieurs freins et on l'a entendu dans l'hémicycle au mois d'octobre l'année dernière, quatre députés Les Républicains seulement ont opposé plusieurs centaines d'amendements. Il y a vraiment des freins idéologiques de certains députés et certains sénateurs au droit à l'avortement en lui-même. C'est pour ça que je dis souvent que le droit à l'avortement est juste toléré et donc ils sont contre toute avancée, contre toute évolution. Et en disant ça, ils sont contre, en quelque sorte, le droit à l'avortement. Donc moi, je leur dis qu'aujourd'hui, ce n'est pas leur avis qui compte, c'est le droit des femmes, le droit des femmes de disposer de leur corps.
Pourquoi est-il si important de passer ce délai de 12 à 14 semaines ?
Aujourd'hui, 12 semaines, c'est très court. Et on se rend compte qu'un certain nombre de femmes, plusieurs milliers par an, partent à l'étranger pour avorter. Alors ce sont parfois les femmes les plus précaires, les femmes victimes de violences conjugales, les femmes les plus jeunes aussi, qui ont une méconnaissance de leur cycle, et les femmes qui sont éloignées de tout centre d'information et de prévention. Donc, oui, il est nécessaire de légiférer et d'allonger les délais. Et je note quand même qu'en France c'est 12 semaines de grosses, en Suède c'est 18 semaines de grossesse, aux Pays-Bas c'est 22 semaines de grossesse, au Royaume-Uni 24 semaines de grossesse et en Espagne 14 semaines de grossesse. Donc on n'est pas très en avance, il ne faut pas croire que ce soit très compliqué. Et d'ailleurs, dans ces pays, c'est pratiqué de manière très simple. Il n'y a pas de complications techniques, c'est souvent un argument qu'on nous a interjeté.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.