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Violences sexuelles faites aux enfants : "Il faut que les médecins puissent être protégés", estime une pédopsychiatre poursuivie après un signalement

Selon Eugénie Izard, poursuivie pour avoir signalé des maltraitances sur un enfant, protéger les médecins qui dénoncent les agresseurs "est le seul moyen pour libérer la parole" à propos des violences sexuelles sur les mineurs. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un enfant regarde par la fenêtre à Lengkong, en Indonésie, le 18 novembre 2020. (MUHAMMAD WAHYUDI / GETTY IMAGES)

"Il faut que les médecins puissent être protégés en toutes circonstances, quoi qu'il arrive", a plaidé jeudi 31 mars sur franceinfo la pédopsychiatre toulousaine Eugénie Izard, condamnée en 2020 par le conseil de l'Ordre des médecins à une suspension d'activité après avoir signalé des maltraitances sur un enfant. "C'est le seul moyen pour libérer la parole des médecins qui va relayer la parole des enfants et permettre qu'ils soient protégés", juge Eugénie Izard.

"Depuis six ans, je vis des procédures incessantes", témoigne cette professionnelle de santé après une audience au Conseil d'État, jeudi, au cours de laquelle elle a demandé l'annulation de la sanction émise à son encontre par le conseil de l'Ordre des médecins. La pédopsychiatre avait été condamnée à trois mois d'interdiction d'exercer la médecine pour avoir fait un signalement directement au juge des enfants. "On m'a reproché de ne pas avoir écrit à la bonne personne", déplore Eugénie Izard.

"J'ai signalé des maltraitances sur une enfant de 8 ans, comme je le fais régulièrement puisque je m'occupe beaucoup d'enfants maltraités. Cette fois-là, le père a porté plainte contre moi puis il s'est désisté de sa plainte mais le conseil de l'Ordre de mon département m'a poursuivie."

Eugénie Izard, pédopsychiatre

à franceinfo

Dans ses recommandations publiées jeudi, la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) demande justement la suspension des poursuites disciplinaires à l'encontre des médecins. "C'est une très bonne chose", réagit Eugénie Izard. "Il faut vraiment que les médecins puissent se sentir libre de faire les signalements, d'alerter en toute bonne foi."

Aujourd'hui, seulement 5% des signalements de violences sexuelles sur les enfants sont faits par les médecins. En effet, selon la pédopsychiatre, "la plupart des médecins ont peur de signaler, de faire des certificats médicaux ou des attestations" parce qu'ils sont "très fréquemment poursuivis, soit pour violation du secret professionnel, soit pour immixtion dans les affaires de famille. [...] Il s'agit avant tout de protéger l'enfant. On est donc obligé de s'immiscer dans les affaires de famille."

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