Cet article date de plus d'un an.

Vidéo "J'ai pas envie qu'on soit juste un hashtag" : Tatiana, victime d'inceste, dénonce une prise en charge "complètement défaillante"

Publié Mis à jour
"J'ai pas envie qu'on soit juste un hashtag" : Tatiana, victime d'inceste, dénonce une prise en charge "complètement défaillante"
"J'ai pas envie qu'on soit juste un hashtag" : Tatiana, victime d'inceste, dénonce une prise en charge "complètement défaillante" "J'ai pas envie qu'on soit juste un hashtag" : Tatiana, victime d'inceste, dénonce une prise en charge "complètement défaillante" (Envoyé spécial / France 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions

En janvier 2021, une Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a été mise en place pour recueillir des témoignages et faire des propositions en vue d'élaborer une politique publique, notamment en matière de prévention. Dans ce domaine comme dans celui de la prise en charge, bien des victimes estiment qu'il reste beaucoup à faire. Tatiana, agressée sexuellement par son beau-père depuis l'âge de 7 ans, raconte dans "Envoyé spécial" la longue errance qui a suivi le dépôt de sa plainte.

Quelles réponses la justice française apporte-t-elle aux victimes d'inceste ? C'est un parcours du combattant que décrit dans "Envoyé spécial" Tatiana, agressée sexuellement par son beau-père depuis ses 7 ans, violée à 15 ans, enceinte de son agresseur à 18 ans. La jeune femme s'estime pourtant "chanceuse" : son beau-père a été condamné à douze ans de réclusion criminelle.

C'est à l'âge adulte, poussée par son mari, que Tatiana s'est résolue à pousser les portes d'un commissariat. Elle raconte le courage qu'il faut pour déposer plainte, l'importance de l'accueil, les mots qui peuvent blesser – comme, lors de l'instruction, cette juge qui lui demande "une fourchette" du nombre de viols subis... alors que son agresseur se trouve "juste à côté" d'elle. Puis l'attente, très longue, entre le dépôt de plainte, en 2014, et le procès, en 2019. "Alors on est en suspens, se remémore-t-elle. On vit au rythme des actes de la justice. Tant qu'il n'y a pas le procès, on est en errance. Complète." Finalement, le procès apporte à Tatiana un certain apaisement, grâce à "ce magistrat qui [lui] dit trois ou quatre fois : 'Moi, Madame, je vous crois'" – une parole qui l'a "bouleversée" jusqu'aux larmes.

"Il y a plus d'actions sur la Sécurité routière ; sur l'inceste, il n'y a rien !"

C'est ce "vrai problème de prise en charge" que veut dénoncer la jeune femme devant la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), mise en place par le gouvernement en 2021. Mais elle dit aussi ses craintes d'une sorte d'effet de mode : "J'ai pas envie qu'on soit juste toutes 'hashtag MeeToo', 'hashtag Inceste', et puis dans deux ans, il n'y aura plus de hashtag."

Ce que réclame Tatiana, qui "pense que les victimes valent mieux que des annonces", ce sont "des choses concrètes". Telles que [des campagnes] "de prévention et d'explications sur le droit à son corps, le droit à son intimité, ce qu'on a le droit de faire ou de pas faire… C'est le rôle aussi de l'Education nationale que de donner ces repères, au même titre que la Sécurité routière, où il y a quand même plus d'actions. Sur l'inceste, il n'y a rien !".

Extrait de "Inceste : ne plus se taire", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 22 septembre 2022.

> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile (iOS & Android), rubrique "Magazines".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.