Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU dénonce les discriminations envers les personnes intersexuées
Une prise de position historique. Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a reconnu et condamné les discriminations et violences dont sont fréquemment victimes les personnes intersexuées, par le vote d'une résolution en ce sens, jeudi 4 avril à Genève (Suisse).
Les experts estiment que jusqu'à 1,7 % de la population mondiale naît avec des caractéristiques intersexuelles, c'est-à-dire des caractéristiques physiques ou biologiques (anatomie sexuelle, organes génitaux, fonctionnement hormonal, modèle chromosomique...) ne correspondent pas aux définitions classiques de la masculinité et de la féminité, résume le Haut-Commissariat aux droits de l'homme des Nations unies. Ces caractéristiques peuvent se manifester à la naissance ou plus tard dans la vie, souvent à la puberté.
La résolution sur "la lutte contre les discriminations, la violence et les pratiques néfastes à l'égard des personnes intersexuées" exprime notamment de graves préoccupations quant aux "interventions médicalement inutiles ou qui peuvent être reportées, qui peuvent s'avérer irréversibles", notamment les opérations faites à la naissance et dans l'enfance.
"Il s'agit de respecter le droit de personnes"
Le texte a été adopté par 24 voix, au sein d'un conseil qui compte 47 Etats membres. Si aucun pays n'a voté contre, les 23 pays qui se sont abstenus ont jugé que le Conseil n'était pas le bon forum pour ces débats. "Nous voulions remplacer les personnes intersexuées par une autre description : les personnes présentant des troubles du développement sexuel. Pour nous, c'est la description la plus scientifique et médicalement appropriée", a par exemple estimé le représentant du Qatar.
"Les personnes intersexes arrivent au monde telles qu'elles sont, et elles ont le droit d'être accueillies par la société au même titre que toute autre, à égalité de dignité et de droits", a plaidé l'ambassadeur de France auprès de cette institution, Jérôme Bonnafont, en défense du texte. "Il ne s'agit pas de traiter d'une condition médicale, il s'agit de respecter le droit de personnes."
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