Gay Pride : pourquoi ils vont participer à la Marche des fiertés
La traditionnelle Gay Pride parisienne, organisé par l'inter-LGBT, sera entourée cette année de mesures de sécurité renforcées, trois semaines après la tuerie qui a fait 49 morts dans un club gay d'Orlando, en Floride.
Elle s'élancera à 14h30 du quai du Louvre pour arriver à 16 heures place de la Bastille. La traditionnelle Marche des fiertés est finalement organisée, samedi 2 juillet, à Paris. C'est une semaine plus tard que prévu, puisque la préfecture de police avait décalé la date de la Gay Pride en raison de l'Euro et de la prolongation de l'état d'urgence.
Après deux semaines de négociations avec la préfecture de police de Paris et le ministère de l'Intérieur, un parcours avec un trajet de 2,5 km, au lieu des 4,6 km du parcours initial, a finalement été officialisé. La fusillade homophobe qui a fait 49 morts et 53 blessés dans un club gay de Floride le 12 juin sera sans doute encore dans les esprits. Mais ce n'est pas la seule raison qui motive les participants à défiler.
Pour les victimes de la tuerie d'Orlando
L'inter-LGBT incite les participants à porter un brassard noir en mémoire des victimes de l'attentat homophobe d'Orlando (Floride, Etats-Unis). Ce que va faire Margaux, une Parisienne de 24 ans. "Cela m'a affecté", explique-t-elle à francetv info. "Cette année, après Orlando, il y a évidemment une connotation particulière et il me paraît important aussi de montrer notre solidarité car le caractère homophobe de l'attaque est réel, même si la presse française a été moins encline que les autres à le souligner d'emblée", insiste Alain*, un autre Parisien interrogé par francetv info.
"On ne peut pas faire beaucoup plus mais on le fait. On le fait aussi pour ne pas occulter la partie LGBT de cet attentat. On a ciblé notre communauté, c'est important d'être soudé pour lui rendre hommage. Et par-dessus tout, nous sommes des humains qui rendent hommage à des humains", souligne à francetv info Virginie Combe, vice-présidente de SOS Homophobie. L'hommage est une dimension importante, qui a notamment poussé Mathias Chaillot, journaliste au magazine Néon, à aller à la Gay Pride cette année.
Pour le devoir de mémoire
"Cet événement tragique est une réédition de ce qu'on a vécu", regrette Thierry Heems, consultant en communication, interrogé par francetv info. Il fait ainsi référence à l'histoire de la Marche des fiertés. Celle-ci a été créée en 1970, pour commémorer la nuit violente qui avait eu lieu l'année précédente, le 28 juin 1969. A l'époque, une descente de police menée au "Stonewall Inn", un bar de Greenwich village, à New York, à l'encontre d'un groupe de lesbiennes, gays, bisexuels et de personnes transgenres avait déclenché trois jours d'émeutes.
Fin juin 1970, la "Christopher Street Liberation Parade" devient la première marche organisée pour lutter contre l'homophobie. 2 000 personnes défilent dans la rue à l'appel du Gay Liberation Front. "Aller à la Marche des fiertés, c'est donc un devoir de mémoire, un symbole politique", estime Thierry Heems. L'occasion aussi de ne pas oublier d'autres attaques homophobes. On peut aussi "marcher en pensant aux 32 morts du bar gay Upstair Lounge [à la Nouvelle-Orléans, en 1973], brûlés vifs", cite par exemple Mathias Chaillot.
Pour défendre les droits acquis
Au-delà du souvenir, la Gay Pride marque le début d'un mouvement de lutte pour les droits des lesbiennes, gays, bi et transsexuels. "C'est la troisième fois que j'y participe, simplement parce que je suis homosexuelle et pour que l'égalité entre tous soit juste", explique Margaux. "La Gay Pride, c'est pas juste des pédés qui vont danser derrière un char : c'est aussi l'occasion de montrer qu'on est une représentation de la société, pas juste une communauté", argue Thierry Heems.
"Il me paraît important de continuer à défiler pour montrer que nous sommes des citoyens à part entière, et que les droits ne peuvent s'acquérir que par la revendication permanente. Il faut être vigilant à toute tentation de retour en arrière", renchérit Alain, qui ne se dit pas militant mais "gay lambda". Et de poursuivre : "Ces dernières années il me semblait important d'y être, après les manifs pour tous et les débats sur la loi Taubira." "J'irai donc marcher demain pour dire que, oui, je suis fier de celles et ceux qui ont marché avant moi et qui me permettent aujourd’hui de vivre dans un monde un peu plus libre", explique Vincent Daniel, journaliste à francetv info dans une tribune.
La défense des droits apparaît aussi dans les mots d'ordre donnés. Cette année, pour SOS Homophobie, l'accent est mis sur les droits trans. Car un amendement au projet de loi Justice du XXIe siècle, adopté en mai, qui comprend "des avancées permettant la simplification du changement d'état civil" pour les personnes trans, provoque la colère des associations.
Avec cet amendement, les personnes transsexuelles (qui ont subi des transformations physiques pour changer de sexe) et transgenres (qui vivent avec le sentiment d’appartenir à l’autre sexe que celui de leur naissance) devront démontrer l'appartenance sincère et continue au sexe opposé à celui mentionné dans l'acte de naissance par "une réunion suffisante de faits", quand les associations voudraient se contenter d'une simple déclaration. C'est cela aussi que les participants, ou au moins une partie d'entre eux, veulent défendre samedi.
Pour la fête
Enfin, si Alain défile chaque année, c'est, comme il le dit, "pour le côté festif". Après le défilé, est en effet prévu un concert entre 16 et 22 heures, place de la Bastille. "Ce n'est plus aussi flamboyant, plus aussi grandiose qu'au début. Les Gay Prides sont moins grandes et moins peuplées", estime Thierry Heems.
Agé de 33 ans, il y va chaque année depuis 2001. "Depuis que j'ai 18 ans et que je suis tombé amoureux d'un garçon", dit-il. Et il reste attaché à cet aspect de l'événement. "C'est important de conserver la dimension festive, insiste-t-il. Malgré Orlando, ce sera une fête."
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