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"Etre 'vegan', c’est la vraie écologie"

Franceinfo a rencontré Olivier, infatigable militant du véganisme, qui voit dans ce mode de vie une façon de préserver la planète.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Militant écologiste devenu défenseur du véganisme, Olivier pose avec l'un de ses chats à son domicile d'Asnières (Hauts-de-Seine), le 18 mars 2014. (MATHIEU DEHLINGER / FRANCETV INFO)

"Vous savez qu’il faut 15 000 litres d’eau pour produire un kilo de bœuf ?" Le chiffre est contesté par l’industrie agroalimentaire, mais il a convaincu Olivier d’abandonner la viande et tous les produits d’origine animale. A 32 ans, cet homme qui travaille dans la communication événementielle a sauté le pas et s’est converti au véganisme, alerté par le scandale de la viande de cheval l’année passée, touché par la cruauté envers les animaux. Mais cette décision, il l'a surtout prise par souci écologique.

Dans ce domaine, Olivier avait déjà tout du militant modèle. Dans son appartement d'Asnières (Hauts-de-Seine) – "économe en énergie", précise-t-il –, il vante sa "démarche globale" : pas de voiture, des ampoules basse consommation, des multiprises à interrupteur pour éviter de laisser les appareils en veille et des dons à Greenpeace depuis sa majorité. Mais désormais, un lave-vaisselle. Car a posteriori, il estime que la "vraie écologie", c’est le véganisme, seule façon de réduire efficacement notre impact sur l’environnement. "Quand on a passé dix ans de sa vie à économiser la moindre goutte d’eau et à prendre les douches les plus courtes possibles, ça fait mal de se rendre compte qu’on écopait à la petite cuillère", explique-t-il.

Un "esprit de mission"

Depuis début janvier, il a troqué les forêts de la vallée de Chevreuse (Yvelines et Essonne), qu’il a longtemps nettoyées de ses déchets avec un groupe d’amis, pour battre le pavé parisien avec l'association L214. Cette dernière souhaite "ouvrir les yeux" du grand public, à grands coups de caméras cachées dans les abattoirs et d’actions de sensibilisation. Pour la "journée sans viande", Olivier propose aux passants de déguster un faux "jambon-beurre", entièrement végétal, en échange de trois minutes de conversation.

A ses côtés, tous les militants ont adopté le même uniforme : le tee-shirt orange de L214. Impossible de les rater. C’est le but. "La visibilité, c’est important", argumente Olivier. "J’ai un ami homosexuel qui a plus de 70 ans et qui a connu les années de combat, raconte-t-il. Il m’a expliqué l’importance pour les gays de se tenir la main dans Paris à l’époque. L’idée, c’est de montrer qu’on est là, qu’on existe." Olivier a à cœur de "convaincre" les gens. Il reconnaît être animé d’un "esprit de mission", pour combattre ce qu’il compare à un "holocauste" : "On est témoins de cette violence extrême faite aux animaux et on a l’impression que les gens ne veulent pas voir ou s’en foutent. Quelquefois, on aimerait bien les secouer."

Olivier participe à une action de sensibilisation menée par le mouvement de défense des animaux L214, à Paris, le 20 mars 2014. (MATHIEU DEHLINGER / FRANCETV INFO)

La viande, une "addiction culturelle et gustative"

Pas question en revanche de brusquer son entourage. Il le reconnaît lui-même, abandonner la viande ou les produits laitiers a été, pour lui, "un saut dans le vide". Un sacré changement quand on a passé, comme ce grand gaillard, plusieurs années à déguster des côtes de bœuf et à multiplier les apéritifs vin-fromage avec son meilleur ami, "l’hédoniste typique", "le bon vivant par excellence". "Un repas sans viande, c’était inimaginable pour moi aussi", se souvient-il. Ancien fumeur, il compare son attrait pour les produits animaux à la cigarette : "Tu te dis que ce n’est pas forcément bon pour toi, mais tu continues. C’est une addiction culturelle et gustative."

Lui-même a longtemps été alléché par l’odeur du poulet devant une rôtisserie ou par la perspective d’un sandwich dans l’enseigne de fast-food qu’il avait l’habitude de fréquenter. Mais l’envie lui est passée : "On finit par être dégoûté." Pour éviter de succomber à toutes les tentations, Olivier s’est lancé dans le véganisme étape par étape : en abandonnant d’abord la viande rouge, puis le poisson et les produits laitiers. "J’ai mangé mon tout dernier bout de fromage en décembre dernier, alors qu’avant je pouvais engloutir des meules entières de comté, explique-t-il. J’ai voulu laisser à mes proches le temps de s’habituer, j’ai fait en sorte que ça ne soit pas un choc pour ma femme."

"Il ne faut pas forcer les non-'vegans'"

Car sa compagne, sans être une carnassière acharnée, n’en est pas moins omnivore. Pas question non plus, dans l’immédiat, de proposer une alimentation végétalienne à leur fils de 2 ans. Témoignage de cette diversité alimentaire : dans le frigo familial, œufs et fromage sont encore bien présents, sans déranger Olivier. L’idée n’est "pas de forcer les gens", argue-t-il, même s’il reconnaît avoir "chamboulé" les habitudes de certains de ses proches. A commencer par sa tante et "son traditionnel rôti du dimanche", autour duquel la famille a l’habitude de se rassembler. Lui et sa sœur végétarienne se contentent des accompagnements. "La dernière fois, on a eu des pâtes à l’eau, rien d’autre", sourient-ils, compréhensifs.

Sa conversion au véganisme ne l’a éloigné que d’une seule personne. "Je me suis mis mon demi-frère à dos récemment : il s’est installé dans le Cantal, où il a ouvert une chèvrerie [élevage de chèvres] et on ne se parle plus à cause de ça, confie Olivier. J’ai commencé à lui expliquer que le lait n’était pas aussi bon pour la santé qu’on le prétend et ça s’est envenimé à partir de là."

Malgré cette dispute familiale, le trentenaire rejette toute accusation d’intolérance ou de sectarisme des vegans. "Ça ne tient pas la route, balaie le militant. Personne ne nous prend notre argent. On n’est pas coupés du monde." Ce qui ne l’empêche pas, pour autant, d’avoir parfois la sensation "d’être dans la minorité, d’être incompris". Pour lutter contre ce sentiment, Olivier a choisi de "semer des graines" en militant, sans relâche : "Le plus dur serait de ne rien faire, de ne rien dire."

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