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Rythmes scolaires : "On est face à une privatisation rampante de l'Éducation nationale"

Rodrigo Arenas, président de la Fédération des conseils de parents d'élèves, a dénoncé vendredi sur franceinfo le retour de la semaine à quatre jours pour les écoliers, qui "n'est pas dans l'intérêt de l'enfant" selon lui. 

Article rédigé par franceinfo
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Une classe de l'école primaire Dreyfus-Schmidt de Belfort, le premier septembre 2016. Image d'illustration.  (/NCY / MAXPPP)

Un décret publié par le gouvernement la semaine dernière permet aux communes qui le souhaitent de revenir à la semaine de quatre jours pour l'école primaire. Rodrigo Arenas, président de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), invité sur franceinfo, estime que cette mesure instaure une "rupture d'égalité pour les élèves en France". Il dénonce en outre des raisons financières qui auraient motivé ce choix, expliquant que "l'on ne peut pas organiser les finances publiques sur le dos des enfants".

franceinfo : Le retour à la semaine de quatre jours a été rétabli dans certaines communes, pourquoi est-ce une mauvaise chose selon vous ?

Rodrigo Arenas : Nous pensons qu'il est mieux d'enseigner aux enfants le matin car c'est le moment de la journée où ils sont le plus disponibles. Entre 15 heures et 16 heures, les enfants sont dans des mauvaises conditions pour apprendre car ils ne sont pas réceptifs. Nous sommes là face à un problème d'égalité au niveau national car le rythme scolaire se décidera en fonction de la commune. Dans le Var par exemple, il y a 26 horaires scolaires différents.

Vous dénoncez un problème financier pour justifier ce retour aux quatre jours d'école...

Oui, à la FCPE nous avons des parents qui sont favorables à la semaine des quatre jours mais quand on sort du débat, ce qui est souvent remis en question, ce sont les activités périscolaires dont l'organisation a été assez chaotique. Les communes ont donc dépensé plus d'argent qu'elles n'en ont reçu. Les finances publiques ne peuvent pas s'organiser sur le dos des enfants. Un rapport de 2015 avait mis en lumière les inégalités scolaires en France en montrant que les enfants qui avaient connu la semaine de quatre jours étaient le plus en retard.

Le rythme scolaire instauré sous François Hollande avait été très critiqué, le retour à la semaine de quatre jours ne vous paraît-il pas inévitable?

Oui c'est inévitable mais nous souhaitons des alternances de temps scolaires et de temps de vacances. À terme, c'est donc le calendrier scolaire qui va devoir être réformé. Ce n'est plus possible de garder les deux mois de vacances d'été, pour une raison simple : à l'époque des quatre jours sous le mandat de Nicolas Sarkozy, certains enseignants expliquaient n'avoir pas le temps de finir le programme. Ce n'est donc pas dans l'intérêt des enfants. Le débat reste ouvert. On ne peut pas continuer sur un rythme qui produit des inégalités scolaires. Dans quatre ou cinq ans, on fera les comptes et on verra que les inégalités se seront creusées du fait qu'on enseignera à des enfants quand ils ne seront pas disponibles. Et tous les enfants n'ont pas les moyens de compenser cela en prenant des cours particuliers à 50 euros. On est là face à une privatisation rampante de l'Éducation nationale. Ce n'est pas de cette façon qu'on donnera un cadre national à l'éducation dans ce pays.

"Il est mieux d'enseigner aux enfants le matin car c'est le moment de la journée où ils sont le plus disponibles", Rodrigo Arenas, président de la FCPE, à franceinfo.

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