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Rémunération des enseignants : "La France a des professeurs low cost", déplore la secrétaire générale du Snes-FSU

Selon le rapport annuel de l'OCDE, les salaires des enseignants en France, du CP à la terminale, sont inférieurs à la moyenne des pays européens voisins.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un enseignant face à une classe de l'école primaire Pierre Mendes France à Clermont-Ferrand, le 4 septembre 2017. Photo d'illustration. (THIERRY ZOCCOLAN / AFP)

"La France a des professeurs low cost", dénonce Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU sur franceinfo lundi 3 octobre après la parution du rapport de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) sur la rémunération des enseignants français comparée à leurs voisins européens. L'année dernière, les salaires des professeurs français au collège étaient inférieurs de 16% par rapport à la moyenne de l'OCDE. 

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Alors que les syndicats enseignants participent ce lundi après-midi à une concertation au ministère de l'Education nationale, Sophie Vénétitay pointe trois priorités : lutter contre la chute du pouvoir d'achat des enseignants; des mesures spécifiques pour les assistants d'éducation (AED) et les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH); une vision à long terme sur les revalorisations de salaires et pas seulement des mesures d'urgence pour 2023.

franceinfo : Quel regard portez-vous sur le rapport de l'OCDE qui pointe la rémunération inférieure de 16% des enseignants français par rapport à leurs voisins européens ?

Sophie Vénétitay : Il y a un enjeu global. Il y a un enjeu salarial qui est de mieux payer tous les enseignants en début et en milieu de carrière, parce qu'on a quand même perdu beaucoup de pouvoir d'achat. Et c'est ce que rappelle le rapport de l'OCDE. Il montre que finalement, les enseignants français sont moins bien payés que leurs homologues européens. Que finalement, la France a des professeurs low cost, des professeurs qu'elle paye mal. Après, il faut aussi se donner les moyens de garder ses enseignants. C'est vrai qu'on a une dynamique de hausse de démission dans l'Education nationale. Elles ont triplé en dix ans. Ce qui montre bien qu'il y a aussi ce malaise des professeurs en poste. Et donc, il faut cumuler mesures de salaires et mesures pour les enseignants.

Qu'allez-vous demander cet après-midi au ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye qui vous reçoit pour une concertation ?

Il y a trois urgences. D'abord, c'est de rattraper tout ce qu'on a perdu de pouvoir d'achat ces dernières années. C'est ça qui pèse vraiment sur la crise de recrutement. Il faut aussi indexer nos salaires sur l'inflation. Aujourd'hui, comme tout le monde, l'inflation a des conséquences parfois très lourdes. Je pense par exemple à des collègues qui sont sur deux ou trois établissements et pour qui ça devient compliqué tout simplement de se déplacer. Il faut également des mesures spécifiques pour aider les AED (assistants d'éducation en préprofessionnalisation, les surveillants) et les AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap). Ils sont dans une situation très précaire.

Aujourd'hui, les AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) gagnent de 800 à 900 euros par mois. Vous ne vivez pas avec 800 à 900 euros par mois. Vous survivez.

Sophie Vénétitay

à franceinfo

Donc il faut absolument des mesures spécifiques pour ces catégories. Et puis surtout, il faut qu'on arrive à se projeter au-delà de 2023. Pour l'instant, Pap Ndiaye nous a parlé uniquement de 2023. Si on veut une revalorisation conséquente, il faut penser une loi de programmation pluriannuelle qui échelonne la revalorisation sur plusieurs années.

Un mois après la rentrée, où en sommes-nous ?

Au Snes-FSU, on a parlé de "rentrée de la pénurie" parce qu'on a montré que dans 62% des établissements, il manquait au moins un professeur à la rentrée. Ce qui se joue, c'est bien évidemment le salaire des enseignants, la capacité à les garder, mais aussi la capacité à recruter. Parce que l'objectif, c'est vraiment de faire en sorte qu'on ne revivra pas une rentrée comme on l'a vécue. Par exemple, dans mon établissement, tous les professeurs ont enfin été nommés. Il a fallu trois semaines pour que tout le monde soit nommé. Mais on est encore dans une forme de désorganisation. Ça montre bien quand même que jusqu'au bout, cette rentrée aura été celle du bricolage. Et ce n'est pas acceptable quand on a une haute idée de l'Education nationale comme nous la portons.

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