Hérault : un directeur d'école sanctionné pour avoir pris position contre la réforme de l'Éducation nationale
L'enseignant avait contesté sur France Bleu Hérault la réforme de l'Education nationale voulue par Jean-Michel Blanquer, mais aussi cosigné un appel publié dans le journal Le Monde.
Un directeur d'école de Lodève a reçu une "lettre d'admonestation" pour avoir contesté dans les médias le projet de réforme de l'Education nationale du ministre Jean-Michel Blanquer. Son avocat dénonce une mise en cause de sa "liberté d'expression" et une "sanction déguisée".
Le 13 mars 2019, Sébastien Rome, directeur d'école à Lodève dans l’Hérault est l'invité de France Bleu Hérault. Il vient de cosigner un appel aux sénateurs dans le quotidien Le Monde (abonnés) pour s'opposer au projet de loi défendu par Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale. Le projet pour une "école de la confiance", a été adopté en première lecture à l'Assemblée nationale fin février. Sébastien Rome explique pourquoi il est contre certaines dispositions prévues par la réforme.
Une sanction déguisée ?
Quinze jours plus tard, il est convoqué à l'Inspection académique, puis reçoit une "lettre d'admonestation" lui reprochant d'avoir critiqué le projet de loi. L'enseignant, qui est également adjoint au maire de Lodève, a pris un avocat qui a demandé au ministère d'annuler la sanction.
"Ce qui est bizarre, ce qui est critiquable, c'est que lorsqu'il n'est pas dans l'exercice de ses fonctions, le fonctionnaire n'est pas soumis à la moindre obligation de neutralité. Il n'y a neutralité que lorsque le fonctionnaire, en l'occurrence l'enseignant, est en service et devant ses élèves. Là, c'est à titre personnel, privé que Monsieur Rome s'exprimait sur votre antenne", indique Me Luc Moreau en parlant de "pressions" pour "inciter les enseignants à plus de retenue".
C'est une décision assez inquiétante parce que finalement, elle revient à nier la liberté d'expression des enseignants lorsque ceux-ci sont en-dehors de l’exercice de leur fonction
Me Luc Moreauà franceinfo
Pour l'avocat, cette lettre d’admonestation est une "sanction déguisée", puisqu'elle va être versée et va rester dans le dossier administratif de son client. Il veut donc que ce courrier disparaisse. "Nous demandons tout simplement au ministre de désavouer le directeur académique." Sébastien Rome va également saisir le Défenseur des droits et si cela ne suffit pas, il envisage de se tourner vers le tribunal administratif.
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