Les notes en classe : peut mieux faire
Dans ce sondage, 80% des parents interrogés par l'institut Opinionway considèrent que les notes sont un "bon moyen de classer les élèves entre eux"*. Mais 73% des parents interrogés, du public, comme du privé, estiment que les notes "découragent les élèves". Visiblement, elles ne leur donnent pas envie de travailler davantage. 56% des parents se sont d'ailleurs "déjà trouvés démunis face à des notes sans savoir quels points devaient être retravaillés". 75% estiment qu'elles déstabilisent les élèves en "fragilisant leur propre estime de soi" et une proportion similaire affirment que les notes "découragent les élèves".
54% des parents trouveraient inacceptables d'être notés de 0 à 20 !
Résultat, près de trois parents sur quatre veulent que les notes comptent moins dans la scolarité et plus de la moitié d'entre eux refuseraient d'être notés eux-mêmes dans leur vie professionnelle. Certains établissements n'ont pas attendu pour supprimer les notes dans quelques classes. Le groupe Saint-Vincent de Paul à Paris a créé une classe sans note il y a dix ans pour des élèves bacheliers qui préparent un concours dans le domaine médico-social, ou pour des élèves qui se destinent à un BTS. Dans cette classe, les élèves ne reçoivent pas de note sur 20, mais leur niveau est évalué en permanence et ils doivent apprendre à s'évaluer eux-mêmes.
Parfois, les copies passent d'une table à l'autre, ils se corrigent entre eux et ils doivent tout le temps se demander s'ils progressent. Ils sont enthousiastes. Leur enseignante Catherine Ducatez porte un regard critique sur les notes qui ne sont "pas toujours comprises ", selon elle, car "elles ne correspondent pas à l'investissement des élèves, et elles peuvent être subjectives ". Cette enseignante apprécie beaucoup plus l'évaluation par compétences. Elle constate que les élèves progressent davantage, alors que les notes "peuvent bloquer la progression des élèves ".
Des parents d'élèves demandent la suppression des notes
L'association des parents d'élèves de l'enseignement libre, l'APEL, qui a commandé ce sondage, demande sans détour un autre système d'évaluation, par compétences. Caroline Saliou, la présidente, formule plusieurs propositions à destination du ministère de l'Education. Pour les parents d'élèves du privé, "il faut en finir avec ce système qui dévalorise les élèves et qui n'est fait que pour les meilleurs ". Le but est de "trouver un système qui permettra aux élèves de progresser et de mettre en avant leurs compétences personnelles ". L'APEL est également favorable à un système d'auto-évaluation des élèves qui pourrait "être enseigné dès le plus jeune âge ".
En tous cas, ce sondage tombe à pic pour le gouvernement. Le ministère de l'Education réfléchit en effet à un nouveau système d'évaluation, moins pénalisant et moins excluant. L'ancien ministre Benoît Hamon a ouvert une conférence nationale sur l'évaluation en juin dernier et une "semaine de l'évaluation" sera organisée du 8 au 12 décembre prochain. Le but est de confronter les points de vue des syndicats d'enseignants, des parents et des spécialistes. Des conclusions seront ensuite remises à la ministre Najat Vallaud-Belkacem.
*Pour ce sondage, 596 parents d'enfants scolarisés ont été interrogés. Ils sont issus d'un échantillon de 2025 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été réalisé fin octobre.
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