Info franceinfo Un ancien cadre du collège-lycée Stanislas mis en examen pour viol sur mineur dans un autre établissement scolaire

Article rédigé par Juliette Campion
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Olivier P. a occupé la fonction de directeur de l'internat des étudiants des classes préparatoires à Stanislas, de 2013 à 2018 (photo d'illustration). (THIBAUT DURAND / HANS LUCAS / AFP)
Les faits remontent à 2001, et concernent un établissement privé de Pontoise (Val-d'Oise). En 2018, après cinq années passées à Stanislas en charge de l'internat des classes prépa, Olivier P. avait été licencié après avoir consulté "des sites Internet à caractère pédopornographique".

Un ancien cadre éducatif du collège-lycée privé Stanislas, Olivier P., a été mis en examen pour viol sur mineur pour des faits datant de 2001, dans le collège-lycée Saint-Martin de France, à Pontoise (Val-d'Oise), a appris franceinfo, mercredi 14 février, de source proche du dossier. Il a été placé sous contrôle judiciaire. Contacté, le parquet de Valenciennes, où est instruite l'affaire, n'a pas répondu à nos sollicitations. 

Olivier P. a occupé la fonction de directeur de l'internat des étudiants des classes préparatoires à Stanislas, le célèbre établissement catholique du 6e arrondissement de Paris, de 2013 à 2018. Joint par téléphone, il nie avec fermeté l'accusation de viol qui pèse contre lui, et souligne que cette mise en examen n'a "rien à voir avec Stanislas". Il se dit "humilié et effondré".

Olivier P. avait été renvoyé de l'établissement parisien en novembre 2018 pour faute grave, "en raison de consultation répétée de sites Internet à caractère pédopornographique avec le matériel informatique professionnel", selon le jugement des Prud'hommes de première instance datant de juin 2020, consulté par franceinfo. Il était alors chargé de surveiller la nuit environ 400 élèves en internat, âgés de 16 à 19 ans, et occupait également les fonctions de professeur de musique au collège, pour des garçons de 13-14 ans. 

Des faits de viols couverts par la prescription 

A l'époque, les raisons de son licenciement n'avaient pas été communiquées aux élèves, ni à leurs parents, "pour ne pas compromettre l'enquête préliminaire" et ne pas prendre le risque qu'Olivier P. "n'efface les traces de ses actes", assure Frédéric Gautier, le directeur de Stanislas, contacté mercredi par franceinfo. Il affirme avoir "évidemment" effectué un signalement au procureur de la République en novembre 2018. Ce signalement a donné lieu à une enquête dans la foulée, qui a été classée en avril 2019, selon Le Monde.

Mais courant 2020, d'anciens élèves de Stanislas avaient fini par apprendre les accusations visant Olivier P. et avaient alors réclamé à la direction qu'une cellule d'écoute soit mise en place pour pouvoir recueillir les témoignages d'éventuelles victimes. 

En janvier 2021, Frédéric Gautier décide finalement d'informer officiellement les parents d'élèves et les anciens élèves d'Olivier P. des accusations qui pèsent contre lui, suite à la médiatisation de l'affaire par Le Monde. Il leur transmet "une adresse mail de signalement en lien avec le parquet des mineurs" et met en place la très réclamée cellule d'écoute psychologique "pour faciliter la remontée d'informations", précise-t-il. 

Olivier P. assure de son côté n'avoir "jamais consulté de sites pédopornographiques", mais admet qu'il regardait des sites pornographiques, ce qui est légal. Il affirme qu'il n'a pas été poursuivi pénalement pour ces faits. Le jugement prud'homal mentionne également que "lors de l'enquête pénale [ouverte fin 2018 après le signalement de Stanislas], Monsieur P. a été signalé comme faisant l'objet de faits de viols couverts par la prescription", sans qu'il soit précisé dans quel établissement. 

Des pratiques humiliantes, intrusives et violentes 

Aujourd'hui, après l'annonce de la mise en examen d'Olivier P. pour viol au collège-lycée Saint-Martin de France à Pontoise, Frédéric Gautier assure à franceinfo qu'il va renvoyer un mail à tous les anciens élèves d'Olivier P. en mettant à disposition une nouvelle adresse mail, cette fois gérée par Stanislas, "pour que des familles ou des élèves qui veulent faire remonter des faits dont ils auraient eu connaissance ou qu'ils auraient subis, puissent le faire". 

Parallèlement à cette mise en examen, Olivier P. est également poursuivi pour des faits de violences volontaires commises contre des étudiants des classes préparatoires de Stanislas. Il est convoqué au tribunal de Valenciennes le 9 septembre prochain. Plusieurs anciens élèves ont en effet dénoncé les pratiques humiliantes, intrusives et violentes de sa part. Dans Le Monde, un ancien élève avait par exemple raconté avoir pris un coup de poing "énorme" à l'épaule. Un autre raconte qu'il l'a "pris par le cou, [l]'a plaqué contre le mur, [l]'a étranglé". 

Olivier P. dément tout acte de violence, se disant victime de cinq élèves "qui sont camarades". "La justice n'a entendu aucun autre élève qui pourrait dire que c'est faux", ajoute-t-il, soulignant qu'il s'est occupé de 1 500 élèves au cours de ses cinq années à Stanislas. Olivier P. y a été embauché en 2013 par le directeur de l'époque, Daniel Chapellier, qui avait travaillé avec lui au collège-lycée de Saint-Martin de France, à Pontoise. Depuis 2021, Daniel Chapellier est lui-même mis en examen pour agression sexuelle sur mineur, après qu'un élève du collège privé Saint-Jean de Passy (16e arrondissement de Paris) a déposé plainte. L'homme était alors directeur de l'établissement. Cette enquête est actuellement instruite au parquet de Nanterre.

Si vous souhaitez faire connaître votre témoignage sur des faits abordés dans cet article, vous pouvez nous contacter à l'adresse : juliette.campion@francetv.fr 

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