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C'était quoi le CPE ?

Alors que des syndicats étudiants appellent à manifester contre la loi travail, le pouvoir politique craint une révolte comme celle contre le contrat première embauche (CPE) en 2006.
Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Une manifestation contre le CPE à Poitiers en 2006©MAXPPP)

Le contrat première embauche (CPE) était une idée de contrat spécifique pour les jeunes de moins de 26 ans, avec une période d'essai plus longue pour eux : deux ans au lieu de huit  mois maximum pour un CDI classique. Pendant ces deux ans,  un jeune salarié aurait pu être congédié à tout moment, sans motif, sans que l'employeur ait à s'en justifier. 

Pas de concertation

En janvier 2006, le Premier ministre, Dominique de Villepin, annonce le nouveau contrat et espère que les employeurs embaucheront plus facilement grâce à ce CPE, alors que le taux de chômage des jeunes est déjà de près de 25 %. Il n'y pas de concertation préalable. Villepin bouscule l'ordre du jour pour faire passer son texte au plus vite. Il utilise le 49-3 face à la gauche très virulente. Le texte est adopté par le parlement le 9 mars. 

Les manifestations

Mais la rue s'enflamme. Des centaines de milliers de jeunes manifestent, des incidents éclatent, universités et lycées se mettent en grève. Au plus fort du mouvement, un à trois millions de personnes défilent pour demander le retrait de la réforme. Le président de l'UNEF, le principal syndicat étudiant, s'appelle Bruno Julliard. Il est aujourd'hui premier adjoint socialiste à la mairie de Paris. Les étudiants sont rejoints par les syndicats de salariés et l'opinion publique bascule du côté des manifestants. 

La disparition abracadabrantesque du CPE

Dominique Villepin campe sur ses positions. Jacques Chirac promulgue la loi, mais suspend immédiatement son application et demande qu'un nouveau texte en modifie les points contestés. Les opposants ne baissent pas la garde et demandent son abrogation. Le CPE est officiellement abandonné le 10 avril 2006. Un nouveau vote du Parlement le fait disparaître de la loi et le remplace par un nouveau dispositif d'aides aux entreprises qui embauchent des jeunes. 

Derrière le CPE, Villepin contre Sarkozy

En toile de fond politique de cette contestation, il y en cette année 2006 une bataille terrible entre le Premier ministre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy ministre de l'Intérieur car les deux hommes se battent pour être le candidat de l'UMP à la présidentielle de 2007.

 

En 2008, Bruno Julliard, ex-leader des étudiants, révélera que Nicolas Sarkozy l'avait appelé au téléphone lors d'une des manifs contre le CPE pour lui dire "qu'il était son premier soutien et que, lui-aussi, demandait le retrait du CPE". Les 2 hommes, un de gauche, un de droite, avaient tous deux des intérêts convergents. Bruno Julliard voulait la tête du CPE, Sarkozy celle de Villepin.   

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