Ballots de cocaïne échoués dans la Manche : l'origine de la drogue au cœur des investigations

Yves Asseline, le maire de Réville, est aux premières loges. Comme ses administrés, l'élu du village du nord-est de la pointe du Cotentin a vu débarquer sur les côtes de la Manche des dizaines de ballots de cocaïne, fin février. Deux tonnes de drogue, pour une valeur marchande estimée à 150 millions d'euros, ont été saisies.

Yves Asseline se souvient du moment où les gendarmes lui ont montré ce qu'ils avaient récupéré sur la plage : "C'était un peu comme des sacs-poubelles, avec du scotch autour, assez solide. Ils avaient trouvé cela dans des sacs à gravats, qu'on voit sur des chantiers. Et le tout était rendu flottable par des bidons d'air et des gilets de sauvetage", raconte le maire.

"Des scooters arpentaient la plage"

L'élu se souvient aussi des heures, qui ont suivi cette découverte. "L'info est passée le dimanche après-midi, si bien que dès le lundi, à 5h30 du matin, mon adjointe a pu voir des promeneurs sur le bord de plage avec des lampes torches. Des témoins ont croisé des scooters qui arpentaient la plage, avec des cagoules, mais c'était peut-être le vent qui leur donnait froid ...", nuance Yves Asseline. "Sans doute pas des pêcheurs à pied", sourit un proche du dossier auprès de franceinfo. Les gendarmes ont multiplié les contrôles d'identité dans le secteur pendant plusieurs jours. 

S'il est encore tôt pour déterminer la provenance et la destination de ces dizaines de ballots, ce n'est pas désespéré. D'abord grâce à l'enquête traditionnelle : les policiers de l’Office anti-stupéfiants activent leurs sources, et correspondent au besoin avec la marine nationale et les services britanniques.

Un travail scientifique est également réalisé. La colonisation des algues et des bactéries sur les emballages peut permettre de dater la présence dans l'eau des ballots. L'étude des vents et des courants, ce qu'on appelle la "rétrodérive", peut également permettre de comprendre où les ballots de cocaïne ont été mis à l’eau. Avec la présence de gilets de sauvetage et de bidons, les enquêteurs doutent que la drogue soit tombée dans l'eau accidentellement.