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Lutte contre l'antisémitisme : ce qu'il faut retenir des annonces d'Emmanuel Macron au dîner du Crif

Après la profanation d'un cimetière juif en Alsace, les insultes envers Alain Finkielkraut et les tags sur un portrait de Simone Veil, entre autres, le président a annoncé une série de mesures pour renforcer la lutte contre les actes antisémites. 

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron prononce un discours à l'occasion du dîner du Crif, le 20 février 2019 à Paris. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Emmanuel Macron avait promis la plus grande fermeté contre l'antisémitisme. Mercredi 20 février, à l'occasion du dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), le chef de l'Etat a annoncé une série de mesures fortes pour renforcer la lutte contre les actes antijuifs. Voici ce qu'il faut retenir du discours du président de la République devant les représentants de la communauté juive.

Une nouvelle définition de l'antisémitisme qui intègre l'antisionisme

Emmanuel Macron a annoncé que la France allait adopter dans ses textes de référence une définition de l'antisémitisme élargie à l'antisionisme. "La France, qui l'a endossée en décembre avec ses partenaires européens, mettra en œuvre la définition de l'antisémitisme adoptée par l'Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah", qui intègre l'antisionisme, a-t-il dit. Le président de la République a estimé que "l'antisionisme est une des formes modernes de l'antisémitisme".

"Il ne s'agit pas de modifier le Code pénal, encore moins d'empêcher ceux qui le veulent de critiquer la politique israélienne", a précisé le chef de l'Etat. "Il s'agit de préciser et raffermir les pratiques des nos forces de l'ordre, de nos magistrats, de nos enseignants. De leur permettre de mieux lutter contre ceux qui cachent, derrière le rejet d'Israël, la négation de l'existence même d'Israël, la haine du Juif la plus primaire."

La France va adopter une définition de l'antisémitisme qui intègre l'antisionisme, annonce Emmanuel Macron au dîner du Crif
La France va adopter une définition de l'antisémitisme qui intègre l'antisionisme, annonce Emmanuel Macron au dîner du Crif La France va adopter une définition de l'antisémitisme qui intègre l'antisionisme, annonce Emmanuel Macron au dîner du Crif

L'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA) a rédigé la définition de l'antisémitisme suivante (PDF en anglais: "L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs, qui peut être exprimée sous la forme d'une haine envers les Juifs. Les manifestations rhétoriques et physiques de l'antisémitisme visent des individus juifs ou non juifs et/ou leurs biens, les institutions juives et les bâtiments religieux."

A cette définition, l'IHRA ajoute que les manifestations de cet antisémitisme "peuvent inclure le ciblage de l'Etat d'Israël, conçu comme une communauté juive. Toutefois, les critiques d'Israël à un niveau semblable à celles formulées à l’encontre d’un autre pays ne sauraient être considérées comme antisémites."

Une proposition de loi pour lutter contre la haine sur internet

Une proposition de loi contre la haine sur internet sera déposée en mai, a assuré Emmanuel Macron. Le texte sera déposé par Laetitia Avia, députée La République en marche de Paris. Ce texte "reprendra les propositions" faites dans un rapport remis en septembre au Premier ministre, qui vise à renforcer la pression sur les plateformes numériques. Cette loi imposera par exemple aux plateformes de retirer les contenus appelant à la haine "dans les meilleurs délais" et de "mettre en œuvre toutes les techniques permettant de repérer l'identité" de leurs auteurs et les responsabilisera sur le plan juridique.

Emmanuel Macron souhaite ainsi "adopter nos sanctions à la société numérique". Le chef de l'Etat veut "pouvoir interdire la présence sur un réseau social de personnes coupables de propos racistes et antisémites, comme on interdit les hooligans dans les stades". Il entend également "faire en sorte que les condamnations pour actes racistes et antisémites soient publiées". En revanche, il s'est prononcé contre l'interdiction générale de l'anonymat sur internet qui pourrait "aller vers le pire".

Une proposition de loi contre la haine sur Internet sera déposée en mai
Une proposition de loi contre la haine sur Internet sera déposée en mai Une proposition de loi contre la haine sur Internet sera déposée en mai

La dissolution de trois associations d'extrême droite

Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé qu'il avait demandé au ministre de l'Intérieur "d'engager des procédures visant à dissoudre des associations ou groupements qui par leur comportement nourrissent la haine, promeuvent la discrimination ou appellent à l'action violente". A commencer par trois organisations d'extrême droite : le Bastion social, Blood and Honour Hexagone et Combat 18.

Macron demande la dissolution de trois associations d'extrême droite, dont le Bastion social
Macron demande la dissolution de trois associations d'extrême droite, dont le Bastion social Macron demande la dissolution de trois associations d'extrême droite, dont le Bastion social

Un "audit" des établissements touchés par la déscolarisation

Emmanuel Macron a annoncé le lancement d'un "audit" des établissements scolaires touchés par la "déscolarisation" des enfants de confession juive. Déplorant que des élèves de certains quartiers soient "trop souvent" obligés de "quitter l'école publique", le chef de l'Etat a chargé son ministre de l'Education d'évaluer ce phénomène pour que l'école joue à plein "son rôle de rempart républicain".

Un constat d'une hausse de l'antisémitisme

"Depuis plusieurs années, et la situation s'est encore aggravée ces dernières semaines, notre pays – comme d'ailleurs l'ensemble de l'Europe et la quasi-totalité des démocraties occidentales – est confronté à une résurgence de l'antisémitisme sans doute inédite depuis la Seconde Guerre mondiale", a déploré le chef de l'Etat. Et de poursuivre : "A nouveau, depuis plusieurs années, l'antisémitisme tue en France."

"La honte doit changer de camp", a exhorté Emmanuel Macron, ajoutant : "Nous sommes chez nous. Nous tous." La déclaration entendait répondre au slogan "On est chez nous", largement scandé dans divers rassemblements d'extrême droite depuis plusieurs années.

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