Antisémitisme : ce que l'on sait des tags représentant l'étoile de David découverts à Paris et dans plusieurs villes d'Ile-de-France
Elle est le symbole de la religion juive et figure au centre du drapeau de l'Etat d'Israël. Des tags représentant l'étoile de David, peints en bleu à l'aide d'un pochoir, ont été découverts sur plusieurs façades d'immeubles à Paris, et dans plusieurs villes de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine, mardi 31 octobre.
"Cette vague de haine qui monte et s'affiche publiquement est l'affaire de tous", a dénoncé la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) sur X (ex-Twitter). "Elle n'est pas la première depuis la Seconde Guerre mondiale, mais elle est d'une ampleur inédite, gangrène le tissu social, la cohésion nationale et les valeurs de la République", poursuit l'association. "Certains veulent terroriser les Français juifs en reprenant les méthodes des années 30. Ils doivent être rapidement trouvés et sévèrement punis", a réclamé de son côté l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) sur le même réseau social.
"Au nom du gouvernement", la Première ministre, Elisabeth Borne, a fait savoir depuis l'Assemblée nationale qu'elle "condamne avec une fermeté absolue ces agissements ignobles". "C'est le devoir de la République de protéger tous les juifs de France", a insisté la cheffe du gouvernement. "Tous les moyens sont mis pour retrouver ces personnes", a assuré le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête. Voici ce que l'on sait de ces tags, apparus alors que les signalements d'actes antisémites se multiplient en France depuis le 7 octobre et le début de la guerre entre le Hamas et Israël.
Des étoiles de David peintes dans plusieurs arrondissements de Paris
A Paris, ces étoiles de David peintes en bleu ont été d'abord signalées dans le 14e arrondissement de Paris, sur les murs de plusieurs immeubles, d'après des images publiées sur X, mardi, notamment par un journaliste de L'Opinion.
Dans un communiqué, la maire du 14e arrondissement, Carine Petit, a évoqué "plusieurs signalements". "Cet acte de marquage rappelle les procédés des années 30 et la seconde guerre mondiale qui ont conduit à l'extermination de millions de juifs", a-t-elle écrit. "Je suis assez choqué, mais aussi rassuré de voir que tout le quartier est également choqué et mobilisé", témoigne auprès de franceinfo Ari Kouts, habitant du 14e arrondissement. Le jeune homme a découvert plusieurs de ces tags en face de chez lui, mardi matin, et a partagé une photo sur X.
Le parquet de Paris a annoncé avoir été avisé de la découverte d'une soixantaine d'étoiles de David taguées dans la nuit de lundi à mardi sur des murs de l'arrondissement. Le commissariat du 14e arrondissement a été saisi de l'enquête, ouverte pour "dégradation du bien d'autrui aggravée par la circonstance qu'elle a été commise en raison de l'origine, la race, l'ethnie ou la religion". Un délit faisant encourir quatre ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.
D'autres quartiers de la capitale sont concernés. Sur X, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a évoqué la découverte "de très nombreuses étoiles de David déposées au pochoir durant la nuit (...) sur des murs et façades dans plusieurs arrondissements de la capitale, parmi lesquels le 13e, 14e et 15e arrondissements". Son communiqué affirme que la municipalité a saisi la justice mardi matin.
Anthony Samama, maire adjoint du 15e, a confirmé que le phénomène a touché "de nombreuses rues du 15e arrondissement", et annoncé le dépôt d'une plainte de la mairie.
Dans l'après-midi, le maire du 18e arrondissement de Paris, Eric Lejoindre, et son homologue du 10e, Alexandra Cordebard, ont à leur tour évoqué la présence d'étoiles de David taguées dans leurs arrondissements, affirmant avoir signalé les faits à la police et demandé l'effacement des inscriptions.
D'autres tags précédemment découverts dans les Hauts-de-Seine
Depuis dimanche, la ville de Vanves, située dans les Hauts-de-Seine, a vu apparaître sur ses murs ces étoiles de David peintes au pochoir bleu. "On en a eu des nouvelles hier, et aujourd'hui encore, sur différents territoires de la ville", a fait savoir la municipalité à franceinfo.
"On a le sentiment que c'est fait au hasard", a ajouté la mairie, selon laquelle certaines maisons touchées sont occupées par "des gens qui ne sont pas de confession juive". Elle assure que les tags ont été nettoyés, et ont systématiquement fait l'objet d'un signalement au procureur.
Des villes de Seine-Saint-Denis déjà concernées
La maire UDI d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Karine Franclet, a annoncé, dans un communiqué publié lundi en fin d'après-midi, qu'"au cours du week-end du 28 et du 29 octobre", "des murs" de la ville avaient "été tagués d'inscriptions ostensiblement antisémites". "Les services ont été immédiatement mobilisés pour procéder à l'enlèvement de ces inscriptions et les autorités policières sont à l'œuvre afin de faire toute la lumière sur ces actes ignobles", écrit-elle. Au total, cinq tags ont été recensés, la plupart dans ou près du centre-ville, relate France Bleu. En plus des étoiles de David, les mots "Mort à Israël" ont été écrits, ainsi que "De la mer au Jourdain, Palestine vaincra". Un bâtiment de l'Office public de l'habitat a aussi été visé. Le bailleur a porté plainte, précise la radio.
A Saint-Ouen, autre commune limitrophe de Paris, des tags de l'étoile de David, également peints au pochoir, ont été découverts sur plusieurs murs et immeubles de la ville. Dans un communiqué publié dans la nuit de lundi à mardi, la mairie a d'abord dit avoir été alertée "de la présence d'étoiles de David déposées au pochoir sur les murs de la maison d'un habitant du quartier Debain". Contactée par franceinfo mardi matin, la ville fait finalement état de "plusieurs immeubles d'un même quartier concernés" par ces tags. Tous ont été signalés au procureur de la République.
"Ce n'est pas un hasard, c'est bien voulu", a réagi auprès de BFMTV une habitante, de confession juive, dont l'immeuble a été visé. "Ça me fait penser à avant" et au nazisme, confie-t-elle à la chaîne. Michel, qui précise ne pas être de confession juive, raconte à franceinfo avoir vu son dépôt également recouvert de tags avec l'étoile de David. L'affaire ne s'est pas arrêtée là : lundi, vers 23 heures, il a reçu plusieurs appels de menaces. "On m'a dit qu'il fallait enlever l'étoile de David, que j'étais un soutien d'Israël et qu'il ne fallait pas la laisser sinon ça allait mal se passer pour moi, que l'on allait me cramer mon dépôt", relate-t-il. Il a immédiatement déposé plainte pour menaces de mort, et fait part d'"un certain effroi".
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