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Big Bang : Les scientifiques se sont-ils trompés ?

Les chercheurs, qui se félicitaient en mars d'avoir permis une avancée majeure dans le monde de la physique, ont admis avoir peut-être commis une erreur.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Infographie représentant de l'expansion de l'univers.  (NASA / WMAP SCIENCE TEAM)

Doivent-ils revoir leur copie ? Les physiciens américains qui avaient annoncé en mars la détection des vibrations du Big Bang ont maintenu leurs résultats jeudi 19 juin. Mais ils ont aussi admis la possibilité de s'être trompés. Evitant les médias depuis l'annonce de leur découverte, ces chercheurs viennent de publier leurs travaux dans la revue américaine Physical Review Letters.

Présentée comme avancée majeure en physique, leurs conclusions sont mises en doute par d'autres scientifiques. Francetvinfo revient sur cette petite querelle qui touche à l'infiniment grand. 

Qu'ont-ils découvert ? 

Dans leurs travaux de mars (le mois, pas la planète), l'équipe américaine du Centre d'astrophysique Harvard-Smithsonian affirme avoir détecté des ondes gravitationnelles générées lors du début de l'univers, comme un écho de ce moment décisif. Détectées par le télescope Bicep2, installé au pôle Sud, elles témoigneraient de l'expansion extrêmement rapide et violente du cosmos dans la première fraction de seconde de son existence, il y a 13,8 milliards d'années. Une phase appelée "inflation cosmique". En bref, ils affirmaient avoir, en quelque sorte, avoir "vu" la naissance de notre univers.

Car lorsqu'elles compressent l'espace, les ondes gravitationnelles produisent une signature distincte dans le fond cosmologique, soit un faible rayonnement lumineux laissé par le Big Bang. La détection des ondes gravitationnelles est "l'un des objectifs les plus importants en cosmologie", avait ainsi souligné l'astrophysicien John Kovac, à la tête de cette équipe, en revendiquant cette avancée.

Quels doutes émettent-ils aujourd'hui ? 

Dans le résumé de leur recherche, les scientifiques notent une certaine limitation de leurs modèles. Selon eux, ils ne permettent pas "d'exclure la possibilité que des émissions de poussière cosmiques suffisamment brillantes puissent entièrement expliquer les signaux captés" par le télescope. Or, c'est justement ce qu'indiquaient certains de leur confrères, circonspects après l'annonce de leur découverte. 

Le scepticisme portant sur les résultats des travaux de l'équipe Bicep2 circulait ces dernières semaines dans des blogs de grandes revues scientifiques. Pour David Spergel, physicien de l'université de Princeton, on ne peut pas savoir si les rayonnements lumineux détectés par le télescope Bicep2 proviennent bien des premiers moments de l'univers : "La poussière cosmique émet des radiations lumineuses polarisées et la caractéristique des émissions qu'ils ont vues se retrouve dans les rayonnements de la poussière cosmique comme dans les ondes gravitationnelles primordiales."

Comment confirmer leur théorie ? 

David Spergel estime que cette question "sera probablement" tranchée à l'automne. Dans quelques mois, une équipe concurrente publiera ses propres résultats. Or, elle travaille avec le télescope spatial Planck de l'Agence spatiale européenne (ESA). Ce dernier observe une grande partie du ciel et effectue ses relevés en six fréquences lumineuses contre une seule pour Bicep2. Voilà qui permet de déterminer la source des émissions lumineuses polarisées, précise David Spergel.

Et de conclure : "Vu l'importance de ce résultat, je pense qu'ils [l'équipe de Bicep2] auraient dû être plus prudents quant au fait de faire une annonce spectaculaire."

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