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Kepler-186f : "L'objectif de ces recherches est plus philosophique que scientifique"

Une exoplanète habitable a été identifiée par une équipe internationale d'astronomes. L'astrophysicien Sean Raymond en fait partie. A francetv info, il explique les limites de cette découverte.

Article rédigé par franceinfo - Valérie Xandry
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Temps de lecture : 2 min
Vue d'artiste de Kepler-186f, qui se trouve dans un système stellaire situé à 490 années-lumière du Soleil. (AMES / JPL-CALTECH / T. PYLE / NASA)

On la surnomme déjà la "soeur jumelle de la Terre". Une équipe internationale d'astronomes a identifié l'exoplanète Kepler-186. Découvrir une exoplanète, c'est-à-dire une planète située en dehors de notre système solaire, n'est pas rare : on en compte déjà près de 1 800. Mais Kepler-186f est doublement remarquable : elle serait non seulement habitable mais elle aurait également une taille voisine de celle de la Terre. Sean Raymond, chercheur du CNRS au laboratoire d'astrophysique de Bordeaux, fait partie des scientifiques qui ont participé à cette étude. Interrogé par francetv info, il revient sur les apports et les limites de cette découverte.

Francetv info : Pourquoi peut-on affirmer que cette exoplanète est habitable ?

Sean Raymond : Comme toutes les exoplanètes, Kepler-186f tourne autour d'une étoile autre que le Soleil. On a pu calculer la taille de son orbite en observant le temps qu'elle met à faire le tour de son étoile. Et on a prouvé que Kepler-186f a une orbite un peu plus petite que celle de la Terre, comme celle de Mercure. Elle se trouve donc à une distance où les températures sont clémentes, dans la zone habitable autour de l'étoile. Conclusion : on pourrait trouver sur la planète de l'eau à l'état liquide, indispensable à la vie telle que nous la connaissons.

On a également pu mettre en évidence un second élément : la planète a une taille similaire à celle de la Terre. Elle est donc probablement rocheuse, un autre élément pour qu'une planète soit habitable.

Quels éléments manque-t-il pour en être sûr ?

On a seulement coché deux cases sur la liste des éléments indispensables pour avoir une planète habitable : la taille de la planète et la bonne distance par rapport à l'étoile.

Mais il nous manque beaucoup d'autres informations. Par exemple, on ne sait pas de quoi cette planète est composée - de roche ou de gaz - ni même s'il y a de l'eau liquide. Pour qu'une planète soit habitable, il faut qu'elle possède une atmosphère avec certaines propriétés. Elle doit par exemple bénéficier d'un effet de serre pour maintenir de la chaleur. Or, on ne sait pas s'il y a du dioxyde de carbone, un élément essentiel à ce phénomène. Il va être très compliqué de déterminer si ces éléments existent ou pas. Il faudra attendre la prochaine génération de télescopes pour plus de précisions.

Que va apporter la découverte de cette exoplanète ?

On sait qu'il existe entre cinq et dix planètes assez petites qui sont situées dans des zones habitables. Mais Kepler-186f est encore plus petite, elle est simplement 10% plus grosse que la Terre. C'est donc une étape importante qui a été franchie et qui va dans la bonne direction : trouver des planètes, plus proches de nous, qui ressemblent à la Terre, et qui tournent autour d'une étoile brillante.

On espère maintenant caractériser ce genre de planète, découvrir les composés de leur atmosphère. Mais tout ça par des observations à distance : les étoiles sont si lointaines qu'il nous faudrait bien trop de temps pour nous y rendre ou y envoyer un robot. Et dans très longtemps, on sera peut-être en mesure de savoir s'il y a vraiment de la vie là-bas. 

L'objectif final de ces recherches est plus philosophique que scientifique : comprendre quelle est la place de la Terre et du système solaire dans le reste de l'univers. 

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