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La sonde Juno a achevé son voyage sans retour vers Jupiter

Cette sonde, lancée par la Nasa en 2011, est arrivée au terme de son périple : la géante Jupiter, dont elle va essayer de percer les secrets durant un an et demi, avant de s'écraser sur la planète.

Article rédigé par franceinfo - Pierre Lecornu
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Vue d'artiste de la sonde Juno arrivant en orbite autour de Jupiter (NASA)

"Jupiter droit devant !" De nos jours, tout le monde a un compte Twitter, même les sondes spatiales. C'est sur le réseau social que la sonde Juno a choisi d'annoncer son arrivée en vue de la plus grande planète de notre système solaire, la géante gazeuse Jupiter. 

Sur la vidéo, on perçoit la silhouette faussement petite de Jupiter, et la course de ses quatre lunes autour d'elle. Mardi 5 juillet, la sonde est entrée en orbite autour de Jupiter.

Le moment de vérité

La petite sonde, plus grande tout de même qu'un terrain de basket, a été lancée par la Nasa le 5 août 2011. Après cinq ans d'un long périple, Juno a conclu son voyage dans la nuit du lundi 4 au mardi 5 juillet. Vingt ans après la sonde Galileo, qui a observé la planète de 1996 à 2003.

Quoique délicate, l'arrivée s'est bien passée. Le vaisseau a activé ses propulseurs pour une manœuvre de 35 minutes qui avait pour but de calquer son orbite sur un des pôles de la planète. L'engin a été capturé comme prévu par la gravité de la plus grande planète du système solaire

"Nous sommes prêts, avait assuré Scott Bolton, un des responsables du périple. Jupiter sera spectaculaire vue de loin, et à couper le souffle vue de très près." Trente-sept fois au cours de sa mission, sa course fera plonger Juno entre la planète et ses intenses et dangereuses ceintures de radiation, là où aucun engin spatial n'est jamais allé.

Les objectifs de la mission

Le but principal de Juno est de comprendre la naissance de Jupiter et son évolution. La planète cache pour le moment ses secrets sous une épaisse couche de nuages impénétrable. Ce n'est pas pour rien si la mission a été baptisée Juno (le nom latin de Junon). Dans la mythologie romaine, Junon est la femme de Jupiter, et a le pouvoir de voir à travers les nuages.

Au programme de la mission : découvrir si la planète possède un noyau solide, cartographier le champ magnétique de Jupiter, mesurer la proportion d'eau, d'ammoniac et d'autres éléments chimiques dans l'atmosphère, observer les aurores joviennes (c'est l'adjectif utilisé pour désigner ce qui vient de Jupiter, comme "terrien" pour la Terre), comme celles que le télescope spatial Hubble a pu repérer il y a quelques jours. Et bien sûr, communiquer tout ça aux Terriens.

Jupiter : une géante secrète

On en sait peu sur les planètes gazeuses telles que Jupiter, Saturne, Neptune ou Uranus. Juno devrait nous permettre de comprendre comment ces géantes se sont formées et le rôle qu'elles jouent dans la cohésion du système solaire. 

Les différentes théories sur la formation de notre système solaire commencent toute par l'effondrement d'une immense bulle de gaz et de poussière, une nébuleuse, qui aurait donné naissance à notre Soleil.

Selon les connaissances actuelles des scientifiques, Jupiter a une composition proche de celle du Soleil : principalement de l'hydrogène et de l'hélium. La planète a dû se former relativement récemment, en capturant les matériaux qui restaient après la formation de notre étoile. Comment cela s'est-il produit ? C'est ce qui reste à déterminer. Est-ce qu'un énorme cœur planétaire s'est formé en premier et a ensuite capturé le gaz grâce aux forces gravitationnelles ? Ou est-ce qu'une région instable de la nébuleuse s'est à son tour effondrée en entraînant la formation de Jupiter ? C'est ce que les scientifiques cherchent à savoir en sondant le cœur et l'atmosphère de la planète.

Une mission kamikaze

Au-delà de ça, la masse énorme de Jupiter a permis à cette planète de garder sa composition originelle. En l'étudiant, on peut retracer l'histoire de la formation de notre système solaire. Et encore au-delà : mieux connaître les planètes géantes repérées par le télescope Kepler hors du système solaire.

Au cours de l'année et demie que durera sa mission, Juno passera en rase-mottes au-dessus des nuages joviens tous les 14 jours. Après son 37e et dernier passage, la sonde plongera définitivement dans l'enfer de Jupiter, en envoyant peut-être d'ultimes et précieuses données avant d'être détruite par la chaleur intense de la planète.

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