Quatre questions sur les fluoroquinolones, ces antibiotiques soupçonnés d'effets indésirables anormaux

Une enquête a été ouverte après qu’une vingtaine de personnes ont porté plainte, après en avoir consommé.
Article rédigé par franceinfo
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Des fluoroquinolones commercialisés sous les marques Ciflox, Oflocet et Tavanic (photo d'illustration). (MARTIN BUREAU / AFP)

Le pôle santé publique du parquet de Paris a ouvert une enquête pour blessures involontaires et tromperie, après avoir reçu une vingtaine de plaintes d'usagers de fluoroquinolones. Ils disent avoir subi "des effets indésirables anormaux" suite à la consommation de ces antibiotiques, a confirmé le parquet de Paris, mercredi 27 mars à franceinfo. En 2023, des patients se disant victimes des fluoroquinolones avaient porté plainte et avaient évoqué un scandale sanitaire. Une association de patients dénonçait "six millions d'empoisonnements en France en quatre ans". Voici quatre questions qui se posent suite à l'ouverture d'une enquête sur ces médicaments.

Que sont les fluoroquinolones ?

Les fluoroquinolones appartiennent à une classe d'antibiotiques utilisée contre des bactéries depuis des dizaines d'années. On les connaît sous les noms d'Oflocet, Ciflox ou Tavanic. Ces médicaments sont souvent efficaces contre les infections les plus graves et ont donc une utilité, selon l'Agence de sécurité du médicament qui confirme qu'ils ont leur place dans l'arsenal thérapeutique.

Mais comme tout médicament, il y a ce fameux ratio bénéfice-risque à prendre en compte. Aucun médicament n'est anodin. Même mal pris, du paracétamol peut vous tuer.

Quels sont les effets indésirables ?

Dans le cadre des fluoroquinolones, il existe des risques importants qui sont identifiés par les agences de santé, l'ANSM en France depuis 2015 déjà et par l'Agence européenne du médicament en 2018. Il s'agit de risques d'effets secondaires très graves, parfois irréversibles. Par exemple, des troubles cardiaques, des ruptures de tendons ou des troubles neurologiques qui peuvent entraîner des paralysies.

Philippe Coville, président de l'association d'aide et d'informations sur les effets délétères des fluoroquinolones, assure mercredi sur franceinfo que certaines personnes "sont polyhandicapées à vie, reconnue comme telle par les maisons du handicap." "Elles sont quasiment laissées à l'abandon dans le système de santé français", déplore-t-il.

Quand les prescrire ?

C'est donc un médicament à prescrire avec précaution, avertissent les autorités de santé. L'Agence du médicament a d'ailleurs rappelé, l'an dernier encore, aux médecins d'être très prudents dans ses prescriptions. En clair : de ne les prescrire que pour des infections sévères. Si c'est pour une simple cystite contre laquelle existent des alternatives, c'est non. Il est également déconseillé d'en prescrire pour des patients qui vont voyager en prévention de la tourista.

Cela peut paraître anecdotique mais l'Agence du médicament constate que, par la force de l'habitude, certains médecins ont banalisé les fluoroquinolones. Et malgré les recommandations, les restrictions, les alertes et certains professionnels de santé continuent de les prescrire pour un rien à leurs patients. Donc en résumé, ces antibiotiques sont des médicaments pour lesquels les risques sont identifiés mais victimes d'une mauvaise prescription. 

Les autorités de santé peuvent-elles sanctionner  ?

C'est à l'ordre des médecins de le faire éventuellement ou à la justice. L'agence du médicament ne peut pas sanctionner mais elle réfléchit à mettre en place un système d'attestation. C'est une procédure rare : à chaque fois qu'un médecin prescrit des fluoroquinolones, il aurait obligation de faire signer à son patient une attestation l'informant des risques, une sorte de consentement. L'idée est donc une meilleure information du patient, mais aussi une façon de faire réaliser aux médecins qu'il ne faut pas prendre ses prescriptions à la légère. 

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