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Journée mondiale de l’orgasme : pourquoi parle-t-on de "petite mort" ?

En cette journée mondiale de l’orgasme, mercredi 21 décembre, attardons-nous sur l’expression "petite mort". On la doit, semble-t-il, à un chirurgien autodidacte du XVIe siècle, Ambroise Paré.
Article rédigé par Ariane Schwab
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le 21 décembre 2022, c'est la journée mondiale de l'orgasme. (RICHARD VILLALON / MAXPPP)

Formé sur le tas à l’hôtel Dieu et sur les champs de bataille, Ambroise Paré est devenu premier chirurgien du roi Charles IX au XVIe siècle, à la demande de Catherine de Médicis. C’est à lui et à son autodidaxie du corps humain qu’on doit l’expression "petite mort" que s’est appropriée le langage érotique courant. Il a en effet observé l’état de syncope, ou d’étourdissement et les frissons nerveux qui accompagnent l’orgasme. D’où le terme de "petite mort". D’ailleurs, l’orgasme a aussi pour synonyme l’expression "le grand frisson" qui est également utilisée pour parler de la mort, "le dernier grand frisson". Bref Thanatos (la mort) et Eros, l’amour (comme pulsion de vie) sont rarement dissociés. 

Concrètement, l’orgasme engendre chez l’homme comme chez la femme, une accélération de la fréquence cardiaque et respiratoire, une tension musculaire, et la contraction incontrôlable de certains muscles. Et du côté du cerveau, en gros, tout clignote façon guirlande de Noël, pour rester dans la période. Les circuits de la récompense et des émotions sont sur-stimulés alors que le cortex orbi frontale en charge de l’inhibition reste coi. Jusqu’à… l’extase puis la plénitude.

La célébrité dans l'épectase

Et parfois, orgasme et mort se rejoignent concrètement : on appelle cela l’épectase, mourir lors de l’orgasme. Une belle façon de partir, disent certains. Le sens théologique du terme est "progrès de l’homme vers Dieu". Le terme a vu son occurrence s’envoler dans la deuxième moitié du XXe siècle. Il faut dire qu’il a été rendu célèbre par quelques personnages historiques comme Attila. Celui que l'on surnomme toujours le "Fléau de Dieu" - notoirement polygame (plus de cent femmes) - est mort dans les bras d'Ildoco.  

Le président Félix Faure a lui aussi connu une mésaventure fatale similaire. Il a succombé à l’âge de 58 ans à l’Élysée, le 16 février 1899, vraisemblablement victime d’un excès d’enthousiasme dans les bras d’une demi-mondaine que la presse de l'époque surnommera "la pompe funèbre". Il avait coutume d’absorber dit-on, une dragée Yse, considérée comme le Viagra de l’époque. "Il a voulu vivre César, il est mort Pompée", prononcera Georges Clemenceau en guise d’oraison funèbre. En 1974, c’est Jean Daniélou, un prêtre jésuite français qui décédera dans les bras d’une prostituée de 24 ans. Dans son homélie, un prêtre lui rendra ainsi hommage : "C'est dans l'épectase de l'apôtre qu'il est allé à la rencontre du Dieu vivant". 

Toujours des hommes ? Non, mais le plus souvent (à 65%) si l'on en croit les études menées dans ce domaine dont la plus récente émane de Londres. De là à y voir une cause de lien à effet avec le fait que les femmes hétérosexuelles ont moins d’orgasme que les hommes … Mais rassurez-vous. Mourir pendant l’orgasme reste extrêmement rare. Cela correspondrait à 0,2% des décès, selon une étude britannique, menée entre 1994 et 2020 sur 7 000 cas de morts subites.

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