Les jeunes de 15 à 24 ans sont de moins en moins heureux en Europe et aux Etats-Unis

Selon le Rapport mondial sur le bonheur dans le monde publié mercredi, la France est 48e lorsqu'on interroge les personnes de moins de 30 ans. Les Etats-Unis, eux, se classent à la 62e place lorsqu'on se penche sur cette catégorie d'âge.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La crise du logement, la stagnation des revenus ou encore les réseaux sociaux font partie des facteurs qui peuvent expliquer la baisse du sentiment de bonheur des jeunes. (PIERRE HECKLER / LE REPUBLICAIN LORRAIN / MAXPPP)

Le bonheur est en Finlande. Pour la septième année consécutive, le pays nordique a été désigné pays le plus heureux du monde par le Rapport mondial sur le bonheur, parrainé par l'ONU, publié mercredi 20 mars. Les pays du nord de l'Europe arrivent en tête puisque le Danemark, l'Islande et la Suède suivent la Finlande. La France est 27e et, pour la première fois en plus de dix ans, les Etats-Unis et l'Allemagne sont sortis des 20 nations les plus heureuses, arrivant respectivement en 23e et 24e places.

Aucun des pays les plus peuplés au monde ne figure parmi les 20 premiers de ce classement : "Parmi les dix premiers, seuls les Pays-Bas et l'Australie comptent plus de 15 millions d'habitants. Au sein des vingt premiers, seuls le Canada et le Royaume-Uni comptent plus de 30 millions d'habitants", selon le rapport. Et lorsqu'il examine la santé des plus jeunes, âgés de 15 à 24 ans, le rapport devient alarmiste. "Depuis 2006-2010, le bonheur des jeunes a fortement chuté en Amérique du Nord, à un point tel que les jeunes sont moins heureux que les vieux. Le bonheur des jeunes a également diminué, mais moins fortement, en Europe occidentale", écrit-il.

"Des baisses déconcertantes"

Ce rapport mondial, créé en 2012, est un baromètre annuel du bien-être dans 140 pays, coordonné par le Centre de recherche sur le bien-être de l'université d'Oxford, Gallup et le Réseau des solutions de développement durable de l'ONU. Il est basé sur l'évaluation que les gens font de leur bonheur, sur des données économiques et sociales, et intègre six facteurs clés : le soutien social, le revenu, la santé, la liberté, la générosité et l'absence de corruption. Ce rapport montre "des baisses déconcertantes [du bonheur des jeunes], en particulier en Amérique du Nord et en Europe occidentale", assure au quotidien britannique The Guardian le professeur Jan-Emmanuel De Neve, directeur du Wellbeing Research Center et rédacteur en chef de l'étude.

"Penser que dans certaines régions du monde les enfants connaissent déjà l’équivalent d’une crise de la quarantaine exige une action politique immédiate."

Jan-Emmanuel De Neve, rédacteur en chef du rapport sur le bonheur

dans "The Guardian"

Après douze années au cours desquelles les personnes de moins de 30 ans ont été mesurées comme étant plus heureuses que les générations plus âgées aux Etats-Unis, la tendance semble s'être inversée en 2017. Lorsque les jeunes Américains sont interrogés, le pays le plus riche du monde est classé 62e. Il grimpe à la 10e place lorsqu'est intégrée l'opinion des personnes âgées de 60 ans et plus. Cette tendance est également observée, à un moindre degré, en Europe. "La Norvège, la Suède, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Espagne sont des pays où les personnes âgées sont désormais nettement plus heureuses que les jeunes, tandis que le Portugal et la Grèce affichent une tendance inverse", détaille le rapport. Ainsi, la France est 25e quand on interroge les personnes âgées, et 48e lorsqu'on écoute les plus jeunes.

L'impact des réseaux sociaux

Le rapport n'explique pas cette baisse chez les jeunes Occidentaux. Mais l'association Intergenerational Foundation avance quelques hypothèses dans The Guardian : "Les jeunes adultes sont frappés de tous côtés par une combinaison toxique de politique gouvernementale, d'une crise de l'accessibilité au logement, de la stagnation des salaires et d'un coût de la vie élevé. Il n'est pas étonnant que leur génération connaisse des niveaux sans précédent de problèmes de santé mentale alors que leur avenir s'annonce si sombre."

Le docteur Vivek Murthy, qui supervise le service de santé publique des Etats-Unis (USPHS), interrogé par The Guardian, pointe également l'effet des réseaux sociaux alors que les adolescents américains "passent en moyenne 4,8 heures par jour" dessus et qu'"un tiers des adolescents restent éveillés jusqu'à minuit ou plus tard les soirs de semaine sur leurs appareils". Il les compare aux premières automobiles, construites sans système de sécurité.

"Ce qui se passe sur les réseaux sociaux équivaut à avoir des enfants dans des voitures sans dispositifs de sécurité et à conduire sur des routes sans limitation de vitesse. (…) Et nous leur disons : 'Faites de votre mieux, trouvez comment gérer cela'."

Vivek Murthy, superviseur du service de santé publique des Etats-Unis (USPHS)

dans "The Guardian"

L'abondance d'informations, souvent négatives, n'aide pas non plus puisque les jeunes sont abreuvés sur leur téléphone de "gros titres qui leur disent constamment que le monde est brisé et que l'avenir est sombre". "Ce qui s'est produit est un échec fondamental des gouvernements à protéger les jeunes des effets néfastes d'une nouvelle technologie, conclut-il, et ce n'est plus nouveau." S'il attend toujours de voir des données prouvant que ces réseaux sont sans danger pour les enfants et les adolescents, le médecin appelle à une action internationale pour améliorer les liens sociaux réels entre les jeunes.

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